Moto Journal du 31 janvier 1991.
La « nouvelle » Transalp était à l’essai.
En fait, il s’agissait simplement d’une évolution minime.
Le frein à tambour laissait la place à un disque plus moderne , des nouveaux coloris étaient proposés, dont ce vert que je trouvais très beau …. Et le moteur passait du noir au gris.
Quant au tableau de bord, il avait déjà fait l’objet d’une modification, avec un aspect plus soigné.
Bref, Honda ne changeait pas une formule gagnante, mais se contentait de l’améliorer, discrètement, une méthode appliquée de longue date par BMW, et qui évite de faire vieillir prématurément un modèle, ce dernier conservant une bonne côte sur la marché de l’occasion.
Dans le cas de la Transalp, c’était pour moi la démonstration que la moto était bien née, avec quelques belles longueurs d’avance sur la concurrence.
D’ailleurs, à mon grand étonnement, les autres constructeurs n’avaient pas suivi Honda dans cette voie , en dehors de Kawasaki qui venait de présenter sa 500 KLE, avec un bicylindre en ligne refroidi par eau.
En effet, Yamaha avec sa 750 Ténéré et Cagiva avec la 900 Elefant, aveint décidé de miser sur le toujours plus gros, et avait laissé la place du trail routier de moyenne cylindrée, au poids contenu, bon à tout faire à la Transalp.
D’ailleurs, l’essai de Moto Journal mettait en avant cette rare homogénéité : "La Transalp remplit très bien son rôle de machine utilitaire. Il suffit pour s’en convaincre de compter le nombre de TTC (Transalp-Top-Case !) que l’on croise en agglomération.
La force de la Transalp a été d’allier ces possibilités urbaines à des qualités routières indéniables. Pas question de concurrencer les GT de grosse cylindrée pour abattre des centaines de kilomètres d’autoroute, mais la bonne volonté du 600 V twin fait rarement regretter sa cylindrée modeste vu son efficacité, à défaut de son caractère".
Trois mois plus tard, la nouvelle Kawasaki 500 KLE était opposée à la Transalp et compte tenu des spécificités de cette nouveauté (prix et gabarit d’un gros mono), la Honda Dominator se mêlait au comparatif.
A la vue du tableau de bord de cette concurrente, je compris qu’elle ne jouait pas sur le même registre ; une zone rouge à 11 000 tours/minute annonçait la couleur. L’aspect sportif, cher à Kawasaki , n’avait pas été oublié.
Et l’essai confirma cette impression : « En fait, cette Kawasaki se conduit comme un gros deux temps, toujours dans les tours. Il ne faut pas hésiter à jongler avec la boîte de vitesses de bonne facture ».
Pour moi, la messe était dite, la Transalp n’avait pas trouvé de véritable concurrente sur son chemin. Après m’être moi-même assis sur cette moto, le petit gabarit m’avait gêné car l’aptitude au duo semblait limitée.
Quant à la Transalp, la bonne nouvelle était la consommation plus que raisonnable (5,4 litres en moyenne) ce qui semblait démontrer que, sous une apparence identique, le moteur avait sûrement subi quelques modifications dans un souci d’amélioration.
La revue mot technique que j’achèterai deux années plus tard révéla qu’effectivement, Honda avait modifié de manière importante de nombreuses pièces mécaniques. La liste de ces modifications était même assez impressionnante.
Le 20 juin 1991, Moto Journal essayait la nouvelle Yamaha 850 TDM, un nouveau concept de moto entre trail et routière, dans la lignée de la démarche de Honda quand la Transalp était arrivée sur la marché. Mais, là, Yamaha allait encore plus loin en abandonnant la roue avant de 21 pouces et les pneus mixtes. Et, au passage, elle perdait ce qui faisait la charme de la Transalp, sa polyvalence avec une aptitude à emprunter les chemins de l’hexagone, voire les pistes africaines.
En fait, j’avais le sentiment que, devant la réussite technique et commerciale de la Transalp , les autres constructeurs n’osaient pas l’affronter directement et préféraient défricher eux-mêmes d’autres voies.
Le comparatif de mon hebdo me permit de me régaler devant de superbes photos montrant des motos à l’attaque dans des paysages de rêve, avec des angles impressionnants !
La consommation moyenne de 5,8 litres confirmait que la Transalp était devenue raisonnable dans ce domaine.
J’eus confirmation, également, des bonnes performances en reprises du V-twin, très proche de la TDM, malgré le handicap en cylindrée et en puissance. C’est ce que notait Moto Journal : « La Transalp nous gratifie de temps de reprise étonnants, preuve de la bonne disponibilité de son moteur à bas et à moyen régimes aidé par le poids moindre de la machine ».
Le freinage, il est passé de bon à la sortie de la Transalp, à insuffisant, quelques années plus tard. Qui n'avance pas recule, dit de dicton, et il se vérifie au moins dans le domaine du freinage d'une moto!
Quant à moi, roulant alors sur une Honda 750 XLV depuis deux ans, je dois reconnaître que je pensais de plus en plus à acheter une Transalp. Je l’aimais beaucoup, ma moto qui m’avait emmené sans faillir jusqu’ à Djanet, dans le sud-est algérien, mais l’idée d’acquérir, dans le futur, une moto avec une chaîne commençait à germer dans mon esprit, d’autant plus que mon cardan, il est vrai très fortement sollicité sur les pistes algériennes l’année précédente, venait de me lâcher. Je commençais à me demander si ce type de transmission était vraiment adapté à un voyageur comme moi qui empruntait des pistes parfois cassantes.