13 novembre 2003 : Moto Journal avait enfin trouvé une concurrente de la Transalp. Une vraie, cette fois, qui chassait directement sur ses terres. Un V-twin de 650cm3, mais avec 12 chevaux de plus, pour un prix similaire. Qu’allait être l’issue du combat ? La nouvelle Suzuki 650 V-Strom allait-elle faire plier « l’ancêtre » ?
La Transalp prit un coup de vieux, ce jour là.
« Les deux bicylindres n’ont rien en commun, l’architecture mise à part. Ouvert à 90°, disposant de deux arbres à cames en tête et de quatre soupapes par cylindre, le moulin de la Suzuki souffle un sirocco chaleureux, plein de vigueur. De 2000 à 10 500 tr/mn( !), il ne marque jamais le pas. S’il manque un poil de sensation par rapport à celui de la SV, il se révèle d’une efficacité sans faille. Carrément étonnant ! »
« Et de constater l’extraordinaire polyvalence de la Suzuki. Ce mot n’est pas vain lorsqu’il s’agit de qualifier le « petit » trail. Capable de concurrencer la Transalp en termes de facilité, d’agilité et de confort, elle ose également se mesurer à la Fazer en matière de rigueur de comportement »
« Une fois en route, on apprécie sa précision et sa maniabilité. Et plus encore sa stabilité sur l’angle malgré les imperfections de la route ».
Malgré toutes ces louanges, elle me laissait froid, cette Suzuki. Esthétique « spéciale », gabarit imposant (normal, elle était directement dérivée de la 1000 V-Strom) et une zone rouge à 10 500 tr/mn qui me semblait bien incongrue sur une telle moto.
En outre, je notais quelques critiques auxquelles j’étais sensible.
« Côté finition, on regrette la classe de la Transalp. Non que la DL soit mal finie, mais ces plastiques et son assemblage sont de qualité moindre. Intérieur de carénage non poli, câbles baladeurs, supports de repose-pieds arrière cheap…. ».
Ma deuxième Transalp, après presque 180 000 kilomètres, un tour de la méditerranée, deux virées au Maroc et en Tunisie et, enfin, l’année précédente, un aller-retour France-Pakistan de 30 000 kilomètres, était dans un état de fraîcheur remarquable, malgré tous les outrages subis au cours de ces voyages.
Par exemple, les joints spis de fourche étaient d’origine, ainsi que les roulements de roues ou le disque de frein, la peinture brillait comme si elle était neuve, le moteur avait également un aspect superbe.
Pour un gros rouleur comme moi, cette résistance au vieillissement était un élément très important, bien plus que quelques chevaux en plus ou qu’une tenue de route plus rigoureuse.
Et, il y avait un côté plus sentimental, Cette moto, au départ, je l’avais adoptée compte tenu de ses qualités objectives. Dix ans et 320 000 kilomètres plus tard, elle était passée du statut de moto à celui de compagne de route.
A travers elle, il y avait les souvenirs d’endroits extraordinaires que nous avions visités ensemble, les hautes montagnes de la Karakoram Highway, le désert de l’Akakous, le Mont Sinaï et de rencontres également exceptionnelles qui avaient jalonné nos voyages, tel ce jeune Iranien qui nous avait invités chez lui, ou ces camionneurs Syriens avec lesquels nous avions partagé le thé de l’amitié.
J’étais arrivé à un stade où je ne pouvais plus être objectif lorsque je parlais de ma moto, infatigable, que ce soit sur les pistes marocaines, dans le sable du désert du Fayoum Egyptien, ou face aux 47 degrés du Balouchistan.
Avec elle, j’avais vécu des moments d’une rare intensité, avec parfois la peur au ventre lorsque je pensais aux conséquences d’une panne dans certains endroits déserts et lointains.
Sa totale fiabilité m’avait permis de profiter pleinement de mes voyages et je lui en étais extrêmement reconnaissant.
Alors, peu importait que, comme l’écrivait Moto Journal, « Si la Transalp reste vaillante, elle a du mal à soutenir la comparaison avec la sémillante Suz » !.