Le 12 novembre 1998, Moto Journal comparait la Transalp avec sa sœur routière, la Deauville.
Ce comparatif était né d’une discussion au sein de la rédaction entre ceux qui voyaient dans la Deauville une « routière basique » et ceux qui la considéraient comme « la première GT moderne de moyenne cylindrée ».
C’est à ce moment là qu’un journaliste lança : « Face à ta Deauville, je prends une Transalp et je fais aussi bien pour moins cher ».
Résultat :
40 kilos plus pour la Deauville ! Et aussi, 5 chevaux supplémentaires.
« Ce satané trail twin Honda a beau avoir soufflé ses onze bougies, il reste le roi des parcours accidentés quand on veut se limiter à n’être qu’un conducteur au guidon. Je ne connais pas d’autre moto permettant de mener aussi bien deux objectifs différents : aller vite et profiter du paysage ».
« L’affaire est claire : il faut s’occuper dix fois plus de ce que l’on fait au guidon de la Deauville pour suivre la Transalp. Pour garder la roue de cette dernière qui musarde en enroulant, il faut pratiquement piloter la Deauville ».
« Ajoutez à cela l’extraordinaire vivacité du train avant de la Transalp (ah, les roues de 21 à pneu étroit, pourquoi la mode est-elle aux pneus inutilement larges ?), permettant toutes les erreurs de navigation et rectifications peu orthodoxes dans la décontraction la plus totale ».
« C’est presque triste à dire, mais une moto toute bête (en apparence) et presque passée de mode comme la Transalp recèle ici ce qu’il y a de meilleur : l’efficacité dans la tranquillité et le plaisir. Pour 50% des motards, les cadres aluminium et autres onéreuses trouvailles de la technologie d’avant garde peuvent aller se rhabiller…. Ou se cantonner au circuit où ils sont nés. Il a fallu l’extrême équilibre de la Fazer qui nous accompagnait (et sans avoir peur de tirer les régimes pour suivre la Transalp ».
Inutile de vous dire que j’ai bu du petit lait à la lecture de cet article qui encensait MA moto, celle que j’adorais, avec laquelle, depuis cinq ans, j’avais parcouru près de 200 000 kilomètres (160 000 avec la première, et 40 000 avec la deuxième de 1990) .
Et quel plaisir de voir enfin écrit ce que je ressentais depuis un moment, c'est-à-dire que les constructeurs nous vendaient de la poudre aux yeux en nous présentant, chaque année des motos avec des cadres énormes, des pneus frisant l’obésité, des moteurs de plus en plus puissants.
Lire qu’une simple Transalp permettait de tenir le rythme d’une Yamaha Fazer, et cela en toute décontraction, c’était du bonheur pour moi.
D’ailleurs, cette facilité totale de conduite, j’avais eu tellement l’occasion de m’en rendre compte , ainsi que cette faculté à abattre du kilomètre sur des routes « tournicotantes » et « sautillantes », en toute décontraction, sans fatigue excessive et à un rythme parfois étonnant.
Sur les routes égyptiennes ou syriennes, cette faculté d’improvisation m’avait d’ailleurs beaucoup aidé face aux imprévus permanents de la circulation !
Avec le recul, je le trouve rafraichissant, le texte de ce journaliste qui se met à la place du motard moyen dont le niveau de pilotage est … moyen lui aussi . Mais, en fait, sur route, on conduit, on ne pilote pas. Cela change des réactions journalistiques actuelles sur le moteur débordant de puissance aux abords de la zone rouge, sur la rigidité et la précision de la partie cycle menée à la limite sur un circuit, tout cela accompagné d’une photo avec le genou du conducteur (du pilote, plutôt) posé par terre sur l’angle.
A noter une puissance diminuée de 5 chevaux (50 au lieu de 55), sans doute le résultat de normes anti-pollution plus sévères, mais sans conséquence sur les sensations, à priori. D’ailleurs, j’avais noté, sur les chiffres du banc d’essai Moto Journal que la Transalp développait 50,3 chevaux à 8000tr/mn, mais qu’elle en possédait déjà 38,2 à 5000 tr/mn (soit 76%), 44,2 à 5500 tr/mn (soit 88%) et 47,7 à 6000 tr/mn (soit 95%).
D’ailleurs, à l’usage, je dépassait rarement les 6000 tr/mn, sauf sur les parcours autoroutiers.