Utilisateur de longue date, j'ai eu envie de parler de cette marque française dont j'ai pu louer l'excellence de ses produits. Pour un gros rouleur comme moi, la fiabilité de mon matériel est quelque chose d'essentiel et c'est ce que j'ai trouvé chez le constructeur toulousain. L'entreprise travaille beaucoup pour l'aéronautique très exigeante au niveau des critères de qualité et c'est tout bénéfice pour le motard qui se retrouve avec un amortisseur prêt à subir tous les outrages (et je ne les ai pas ménagés parfois!).
Mon expérience personnelle
C’est au début des années 80 que j'ai connu Fournalès. La toute jeune entreprise attirait alors la presse moto. Moto journal, mon hebdo favori, parlait régulièrement de ces amortisseurs atypiques dont la caractéristique principale était le remplacement du ressort métallique par un ressort pneumatique. Ces éléments étaient en train d’acquérir une certaine réputation, notamment chez les side-caristes. Justement, en 1986, j'attelais ma moto, une Honda VTE 500 et constatais que mes amortisseurs Koni criaient grâce devant les 100 kilos supplémentaires. C’est ainsi que je me portai acquéreur de deux amortisseurs Fournalès. Leurs qualités me sautèrent aux yeux, mon attelage était devenu bien plus rigoureux dans son comportement et la moto ne s’écrasait plus sous les contraintes. Je parcourus ainsi 35 000 kilomètres avant de revendre mon attelage.
Quelques années plus tard, j’achetai ma première Transalp 600 d’occasion. Lorsqu’elle atteignit les 70 000 kilomètres, son amortisseur donna des signes de fatigue. Alors que je cherchais un élément de remplacement, c’est sur les conseils d'un technicien de la marque Ohlins que j’optai pour le Fournalès (véridique!). C’était une époque où je faisais l’aller-retour Cahors-Tarbes tous les week-end et, sur cette route que je connaissais par coeur, je ne pus que constater le résultat. La roue arrière épousait les inégalités de la route et c’est avec des kilomètres/heure en plus que je négociais les virages et cela dans un confort total. Je parcourus 110 000 kilomètres avec cet amortisseur et mes régulières virées marocaines, lourdement chargé, véritable juge de paix, montrèrent toutes les qualités de cet amortisseur, que ce soit en duo ou sur les pistes du Moyen Atlas.
Quand je vendis ma Transalp alors qu'elle totalisait 180 000 kilomètres, j’en achetai une autre. Je décidai de garder mon amortisseur et je me suis présenté chez Fournalès pour une révision. Le technicien me reprocha gentiment d’avoir attendu si longtemps (110 000 kilomètres) mais je lui fis remarquer qu'il fonctionnait toujours très bien! C'était la première fois que je voyais un amortisseur avec une telle longévité. Il équipa donc ma deuxième Transalp 600 avec laquelle j’effectuai des voyages au long cours (Libye, Egypte, Jordanie, Syrie, Iran, Pakistan...). L’amortisseur continua à assurer un travail de qualité. L’avantage du Fournalès, c’était cette possibilité de rajouter quelques bars de plus en cas de forts chargements. La moto conservait alors son assiette, son angle de chasse et restait facile à piloter, malgré le poids, et confortable. Cet amortisseur eut droit à une seconde révision, après 80 000 kilomètres supplémentaires, puis une troisième 70 000 kilomètres plus tard. Lorsque ma deuxième Transalp atteignit 180 000 kilomètres, je démontai l’amortisseur pour l’installer sur ma troisième Transalp 600. Au total, il parcourut 350 000 kilomètres sans l’ombre d’un problème. Quelles que soient les conditions (chaleur, vent de sable, pistes), il assura sa tâche de la plus belle des manières. Et cette exceptionnelle longévité m’impressionna.
Quand je suis satisfait d'un produit, je n’ai pas envie de voir ailleurs . C’est donc tout naturellement qu’un amortisseur de la marque fut installé en 2013 sur la Honda VTR 250 de ma compagne, avant un tour de la mer noire, en prévision des routes parfois défoncées en Géorgie et Ukraine. Sa moto gagna nettement en confort et, 55 000 kilomètres plus tard, l’amortisseur se porte comme un charme. Mon attelage de l’époque (Honda Paneuropéan ST 1100 + EML) effectua également ce tour de la mer noire avec des Fournalès (à l'arrière et sur le panier).
Actuellement, j’ai un amortisseur Fournalès sur ma CB 500 X. J’ai retrouvé les mêmes sensations éprouvées lorsque j’avais équipé ma Transalp, ce mélange ô combien agréable d’onctuosité et de rigueur dans le comportement routier. Et, après 92 000 kilomètres parcourus, je crois pouvoir dire que la fiabilité et la robustesse qui ont fait la réputation de Fournalès sont toujours de mise.
L'entreprise
En janvier 2021, je me suis rendu dans les locaux de l’entreprise Fournalès. Ma moto, une Honda CB 500 X, n’y était pas encore référencée. Arrivée à 8 heures. Benoît, le technicien a pris en charge ma moto, démonté l’amortisseur, l'a passé au banc pour vérifier sa dureté. Jean- Pierre Fournalès était présent et, ensemble, ils ont vérifié la cinématique de la suspension. J'ai alors assisté en direct à la fabrication de mon amortisseur. Une fois terminé, il fut installé sur ma moto et Jean-Pierre Fournalès me demanda de suivre sa voiture. Nous avons effecté une dizaine de kilomètres sur des routes bosselées et je franchis les ralentisseurs plein gaz, comme conseillé, pour tester l’amortisseur. Je revins satisfait. L’amortisseur fut enlevé de la moto, démonté, vérifié, vidangé puis remonté au loctite. C’était terminé. Il était 11H30 .Je pouvais reprendre la route. Pendant ces quelques heures, j'avais eu l’impression d’être un pilote d’usine !
C’est ce jour-là que je proposai à Jean-Pierre Fournalès d’écrire un article sur son entreprise. J’avais effectivement l’impression quelle avait beaucoup perdu de sa notoriété. Beaucoup de motards autour de moi ne connaissaient pas la marque. Un mois plus tard, je revins en compagnie du rédacteur en chef du magazine Trail Adventure dont j’étais un fervent lecteur. Ma proposition l’avait intéressé et cela a donné cet article:
J'avais aimé cette rencontre avec le fondateur de cette entreprise. Un homme chaleureux, avec le cerveau en constant éveil, d'une grande compétence mais modeste. C'était en pleine crise du Covid et la situation était très difficile. La plus importante activité de Fournalès se trouvait dans l'aéronautique et ce secteur était à l'arrêt complet. Nous avions pu discuter d'un retour vers la moto moderne, notamment les trails, catégorie en pleine expansion. Un mois plus tard, il y avait trois motos, une BMW 1250 GS, une Yamaha Ténéré 700 et une Honda Africa Twin 1000 avec chacune son amortisseur oléopneumatique conçu et fabriqué dans la foulée. Le pli était pris, ce fut dans les mois qui ont suivi la séduisante Moto Guzzi V 85 TT qui reçut son amortisseur, puis la KTM 390 Adventure. Cette réorientation vers le produit phare qui l'a fait connaître ne pouvait que me faire plaisir.
Et, dernièrement, j'ai appris que Fournalès sera présent à Barcelonnette où se déroulera du 9 au 11 septembre 2022 l'Alpes Aventure Moto Festival dont la thématique principale est le voyage à moto. On le retrouvera à l'espace technique et il devrait y avoir quelques motos équipées d'un amortisseur Fournalès présentes ( BMW 1250 GS, Yamaha Ténéré 700 ...). Je pense y amener ma CB 500 X.
Bonne nouvelle, la marque française a, semble-t-il, décidé de poursuivre son effort dans le domaine du trail notamment. Et sa présence à un tel évènement montre aussi sa volonté de communiquer sur ces produits après de trop nombreuses années dans l'ombre. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. Car, comme je l'avais indiqué dans mon article: " Le savoir-faire est certes essentiel mais le faire savoir a également son rôle à jouer".
Concernant cet évènement, j'y ai assisté l'an dernier. J'ai adoré l'ambiance chaleureuse et paisible et, pour un roule toujours comme moi, ce fut un réel plaisir de baigner dans cette atmosphère où le voyage n'était jamais bien loin.