D’ailleurs, j'accompagnai des amis en partance pour le Sénégal jusqu’à la frontière mauritanienne, avec une moto de 150 000 kms, ce qui démontrait la confiance que j’avais fini par avoir à l’égard de cette moto. Ce fut l’occasion de traverser le Sahara occidental, avec ses lignes droites sans fin dans un paysage désertique, au milieu des nombreux rapaces qui donnaient une ambiance particulière et ses bivouacs face à l'océan.
Je découvris une moto un brin farceuse, qui me fit le coup de la panne.
"Encore un boîtier électronique" grommelai-je dans ma barbe.
Après bien des interrogations, il s'avéra que c'était une simple panne d'essence! Le vent violent faisait pencher terriblement la moto et l'essence se retrouvait sur la partie droite du réservoir, empêchant son écoulement jusqu'aux carburateurs.
J’ai adoré ces 10 000 kilomètres de voyage et je commençais à entrevoir la possibilité, un jour prochain, d’aller plus loin, plus longtemps. J’avais le voyage chevillé au corps et, avec ma Transalp, le sentiment de pouvoir aller au bout du monde était très fort.
Et, en ce mois de juillet 1997, alors que je rentrais de mon boulot, j’eus la « vision » de ce grand voyage. Il avait mûri, dans mon inconscient et, ce jour là , il m’était apparu.
A peine arrivé à la maison, j’achetai ma première carte routière du monde et l’étendit sur le plancher de la salle à manger. J’y passai quelques soirées à rêver de mon futur itinéraire.
Sur les précieux conseils de mon ami mécano Richard, je renonçai à partir avec ma Transalp de 180 000 kilomètres. Il me dénicha une Transalp plus récente, de 1990, avec 25 000 kilomètres au compteur pour 20 000 francs. Elle était magnifique, dans sa livrée bleue.
J’expliquai à ma compagne de route que ce voyage allait être très difficile et qu’elle avait mérité de se reposer ; elle trouva un propriétaire moins avide de grandes virées et poursuivit son chemin sur les routes françaises.