1990: pour la première fois, Honda décidait d'affronter BMW sur son terrain, celui des motos de grand tourisme.
Pour cela, le constructeur japonais avait conçu une toute nouvelle moto,avec une architecture moteur inédite, un V4 longitudinal.
Cela respirait le sérieux. Je sentais que Honda avait mis le paquet pour proposer un modèle à la hauteur de ses ambitions. Je roulais alors en trail mais j'imaginais très bien me tourner vers des motos plus routières dans quelques années.
Cet essai "grand format" réalisé par Moto Journal m'avait donc intéressé au plus haut point.
La photo de couverture, le tableau de bord de la moto avec l'aiguille du compteur chatouillant le chiffre des 200, promettait une moto apte à emmener vite et loin son pilote, avec ou sans passager (ère). Ce n'est que bien plus tard que j'appris de la plume même de son auteur qu'un drame avait été évité de peu. Micou Montange raconta qu'il avait eu l'idée de cette photo et que, après des kilomètres bien abrité derrière le carénage, il s'était soulevé de la selle pour immortaliser cet instant de grande vitesse. Petit problème, il avait fait abstraction de la poussée du vent qui l'avait alors frappé et projeté en arrière. Il s'était brusquement retrouvé le dos sur la selle, en train de glisser avec pour perspective peu réjouissante d'un saut en marche! Par un réflexe soudain, il avait réussi à bloquer ses jambes contre les sacoches et à se redresser. Je pense qu'il s'était fait une sacrée frayeur ce jour là! Persévérant, il avait recommencé l'opération en prenant beaucoup plus de précautions!
J'avais aimé cet essai au cours duquel la moto était passée entre toutes les mains pour 20 000 kilomètres menés tambour battant . Cela permettait d'avoir des avis différents suivant la sensibilité de chacun. Certains n'avaient d'ailleurs pas hésité à rouler très vite avec vu que Moto Journal avait même pu donner un chiffre de consommation maximale, soit 12 litres à 210-215 km/h!
Ce que j'en avais retenu, c'est que la moto vieillissait très bien et c'était de bon augure.
Quelques années plus tard, l'essai de ce modèle chez mon concessionnaire avait refroidi mes ardeurs quand j'avais réalisé que c'était quand même bien lourd, une moto de grand tourisme et que c'était sûrement plus coûteux à l'entretien que mon trail.
Je crois que mon opinion sur MA moto idéale commençait alors à se dessiner; à quoi bon beaucoup de puissance, d'encombrement, de poids?
Je n'imaginais alors pas faire l'acquisition d'une telle moto vingt ans plus tard. Mais, j'avais une excuse qui s'appelait side-car, ce qui change les données du problème.
