Il y a maintenant 10 ans, la France a assisté à la naissance d'une nouvelle marque nationale .Vous ne vous en êtes pas rendu compte?
Cela mérite quelques précisions. En fait, cette nouvelle marque française n'a rien à voir avec Voxan, loin de là. C'est Frédéric Fourgeaud, importateur de motos, qui est à l'origine de ce projet.
Derrière la gamme proposée, il n'y a pas la création de A à Z de motos d'origine française, mais des accords passés avec des usines chinoises qui produisent des motos basiques, avec des moteurs refroidis par air.
C'est le cas de la moto que j'ai pu essayer, la Mash 400 Scrambler dont le monocylindre de 397 cm³ a été conçu à partir de plans Honda tombés dans le domaine public. Cette moto dérivée de la Five Hundred n'est plus vendue depuis 2018.
A force de la voir circuler dans mon impasse, j'ai eu envie de voir à quoi ressemblait une moto à l'ancienne et de me faire mon opinion sur ces motos d'origine chinoise.
Esthétiquement, je la trouve sympathique, cette Mash, avec sa couleur orange qui se marie très bien avec le noir et gris. Le moteur ramène quelques années en arrière avec ses ailettes et il est bien mis en valeur par le pot d'échappement. Le petit feu arrière rond participe à l'esthétique agréable de ce Scrambler qui n'a pas oublié les soufflets de fourche « indispensables » sur ce type de moto.
Pour le démarrage, il y a deux possibilités, le petit bouton magique ou le kick, ce bout de ferraille abandonné depuis longtemps par les constructeurs. Malheureusement, mes tentatives de retour dans le temps en donnant la solide impulsion avec ma botte droite n'ont pas été couronnées de succès ! C'est donc mon pouce qui sert à réveiller le moteur. Celui-ci fait entendre un son sympathique et, en rapprochant mon oreille du cylindre, je reconnais les bruits mécaniques propres aux moteurs refroidis par air.
Allez, il est temps de prendre la route ! Avec une selle située à 780 mm, mes pieds sont bien à plat sur le sol. La position de conduite ne me convient pas. Le large guidon relevé est agréable mais je trouve que les repose-pieds sont trop en avant et trop haut perchés ce qui génère un appui trop prononcé de mes lombaires sur la selle. Première passée, je relâche l'embrayage plutôt doux. Le sélecteur est trop bas pour moi et j'ai un peu de mal à glisser la botte dessous pour monter les rapports. La boîte est douce et précise.
Coté moteur, je remarque vite qu'il ne faut pas descendre trop bas dans les tours surtout sur le rapport supérieur. En 5ième, un minimum de 3000 tours/minute est requis pour ne pas faire souffrir le moteur (et le pilote!). Le monocylindre tracte gentiment et se réveille vraiment à 4000 tours/minute. Je ne peux m'empêcher de le comparer avec celui de la Royal Enfield Hymalayan que j'ai essayée il y a quelques mois. Il est beaucoup moins feutré et n'a pas l'inertie que j'avais constatée sur la moto indienne. Le moteur de la Mash a plus de caractère et donne plus de sensations à celui qui est au guidon.
A l'abord des premiers virages, je suis sur la réserve. Le train avant n'est pas d'une précision chirurgicale, c'est le moins que l'on puisse dire, et cela me change de ma CB 500 X si sécurisante. Peut-être que les pneus participent également à ce sentiment de moto un peu imprécise.
La route devient bosselée et les suspensions avant et arrière manifestent leur mécontentement. C'est plutôt ferme. Il est clair que cette moto n'est pas destinée à accomplir de longs parcours d'autant que, alors que j'augmente ma vitesse, je ressens nettement la prise au vent. Le frein avant m'a paru un peu timide au début mais il suffit d'augmenter la pression sur le levier pour obtenir un résultat convenable, en phase avec le coté tranquille de la Mash. Le tambour arrière est de la même veine, progressif mais d'une puissance modérée et nécessitant un appui conséquent sur la pédale pour un résultat satisfaisant.
Au fil des kilomètres, je me fais à cette partie-cycle pas très rigoureuse et j'hésite moins à prendre de l'angle dans les virages. Le faible poids de la moto rend l'opération aisée avec un guidon large offrant un bon bras de levier pour inscrire cette Mash dans les virages. Le moteur continue à manifester une belle joie de vivre avec un couple bien présent entre 4 et 6000 tours/minute. La zone rouge très optimiste est fixée à 10 000 tours/minute ! Trop respectueux de la mécanique, je me suis bien gardé d'imposer à ce rustique monocylindre de tels régimes. J'ai régulièrement lu dans les essais de la presse moto que ce moteur avait une tendance certaine à caler et Sébastien, le propriétaire de ce Scrambler, subit parfois ces caprices. Mon essai a été réalisé uniquement sur route et je n'ai pas vécu de tels moments. Heureusement car c'est le genre de comportement qui aurait pu m'agacer fortement !
Un demi-tour sur un chemin me révèle un rayon de braquage médiocre mais la moto reste aisée à manoeuvrer grâce à sa selle basse et son poids modéré (160 kg).
Alors que je termine ma balade, je commence à apprécier cette moto rustique, certes, au confort limité et aux capacités routières restreintes, mais avec une personnalité générée par ce moteur vivant et une facilité de conduite bienvenue. Je la sens adaptée aux courtes virées, sur les petites routes, au rythme paisible du monocylindre. Elle peut également assurer les parcours quotidiens pour aller au travail en donnant un plaisir bien supérieur à celui d'un scooter utilitaire. Mais, et ce n'est pas une surprise, elle n'est pas faite pour moi, gros rouleur 12 mois par an (67 000 kilomètres au cours des deux dernières années).
En détaillant la machine, j'ai senti que la finition n'était pas son point fort, même si celle de Sébastien (ayant peu roulé, moins de 6000 kilomètres) qui circule peu et par temps sec et dort dans un garage a bien vieilli. En cas d'utilisation plus intensive, le doute est permis.
Enfin, en conclusion, utiliser le terme de constructeur français me paraît osé lorsque l'on parle de la marque Mash...
Merci, Sébastien, pour cet essai. J'aime beaucoup tes Ford Mustang, mais c'est quand même ton pick-up de presque 80 ans d'âge qui me fait craquer chaque fois que je le vois).
Caractéristiques techniques :
Moteur |
|
Energie |
Essence |
Cycle (ess) |
4-temps |
Type |
monocylindre |
Cylindrée |
397cm3 |
Alésage x Course |
85 x 70 mm |
Refroidissement |
par air |
Distribution |
1 ACT, 4 soup./cyl. |
Alimentation |
injection électronique |
Démarrage |
électrique/kick |
Puissance |
27 ch (19,85 kW) à 7 000 tr/min |
|
|
Couple |
2,9 daN.m à 5 500 tr/min |
Boîte |
Boîte manuelle, 5 rapports |
Embrayage |
|
Transmission |
par chaîne |
Partie-cycle |
|
Cadre |
En acier, simple berceau tubulaire |
Suspension Avant |
fourche télescopique conventionnelle |
Suspension Avant (diamètre) |
41 mm |
Réglage susp. Avant |
Aucun |
Suspension Arrière |
2 amortisseurs |
Frein Avant |
1 disque Ø : 280 mm |
Etrier(s) Avant |
2 pistons |
Frein Arrière |
1 tambour Ø : 160 mm |
Pneus |
tubetype |
Pneu Avant |
90/90x19 |
Pneu Arrière |
130/70x18 |
Réservoir |
13 litres |
Dimensions |
|
Empattement |
1420 mm |
Hauteur de selle |
790 mm |
Longueur |
2130 mm |
Poids à sec |
160 Kg |
|
|