Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Aprilia Tuareg 660

Bien que passionné de moto, Aprilia est une marque que je reconnais avoir suivi de loin car sa gamme, la plupart du temps, était trop éloignée de mes aspirations. J'ai malgré tout le souvenir de cette Aprilia Tuareg 125 que j'apercevais dans les rues de Tarbes, copie conforme de la Ténéré 600 jusque dans la couleur bleue, à une époque où les motos avec un gros réservoir suffisaient à me donner envie de partir en voyage en Afrique. Il y eut aussi les 600 avec le même nom, munis du monocylindre Rotax.

Mais, depuis de longues années, je considérais Aprilia comme une marque atypique produisant des motos sportives.

L'arrivée de la Tuareg 660 l'an dernier avait réveillé mon intérêt pour le constructeur italien. Le trail est vraiment la moto qui se rapproche de mon idéal motocycliste, apte à concilier la vie quotidienne du motard et ses envies d'escapades sur les chemins ou dans les pays lointains aux routes pas toujours très carrossables.

Cette moto à  la cylindrée moyenne et au poids contenu ne pouvait que retenir mon attention. je trouve en effet qu'il y a actuellement un manque au  niveau des trails accessibles. Les constructeurs mettent le paquet sur des grosses cylindrées suréquipées, lourdes et à la puissance peu raisonnable avec un prix d'achat qui les réserve à des portefeuilles bien garnis. Au quotidien, je n'ai pas besoin (et pas les moyens) de telles machines et je suis demandeur d'un poids et d'une puissance raisonnables et je pense ne pas être le seul.

22 janvier 2022. Ce samedi ensoleillé m'invite à sortir la moto du garage et je décide d'aller voir cette Tuareg 660; les conclusions de la presse lors des premiers essais m'avaient mis l'eau à la bouche mais j'aime me rendre compte par moi-même. Je rejoins donc la concession  Aprilia, située à Mazerolles, à 25 kilomètres de Pau.

La moto est exposée au milieu du magasin, munie des sacoches et de la béquille centrale optionnelles. Je veux lever le doute qui m'habite en ayant vu les débattements conséquents (240 mm à l'avant et à l'arrière) et monte dessus. J'ai encore le souvenir de la Yamaha Ténéré 700, excellente moto mais dont la hauteur de selle excessive avait gâché mes évolutions au pas, lors des demi-tours. Bonne surprise, je pose le devant des pieds (je mesure 1,74 m).

Esthétiquement, je trouve la moto très orientée tout-terrain avec cette selle qui remonte largement sur le réservoir et cet avant menu avec un pare-brise très droit qui semble avoir trouvé sa source d'inspiration dans les motos de rallye raid. Une véritable Ténéré italienne, cette Aprilia.

Je ne suis pas particulièrement séduit par le phare avant mais, l'important, c'est ce qui va se passer maintenant alors que je démarre le bicylindre. Bruit agréable. Le tableau de bord est lisible. L'embrayage se révèle doux alors que je quitte la concession sur un filet de gaz. La poignée de gaz est d'une onctuosité totale. Dès les premiers tours de roues, je me sens bien assis, avec une position de conduite naturelle. Le guidon tombe naturellement en main. Le moteur participe à ce sentiment de bien être immédiat en faisant preuve d'une progressivité bienvenue alors que je m'en tiens aux bas régimes pour le laisser monter en température. Les vitesses s'enclenchent avec précision. Premiers virages, la moto s'y inscrit naturellement. J'ai le sourire car je sais déjà qu'elle va me plaire, cette moto. J'aime les machines qui me facilitent la conduite et cette Tuareg en fait partie.

 

 

Le moteur me convient tout à fait. Il est moins coupleux que celui de la Ténéré 700 mais il offre une meilleure souplesse que j'apprécie beaucoup. Il accepte de descendre bas dans les tours (j'ai essayé à plusieurs reprises 45 km/h en sixième) et reprend sans l'ombre d'un à coup à la remise des gaz. Puis, on le sent prendre du coffre, avec progressivité et dans une sonorité sympathique. J'aime beaucoup sa façon de délivrer sa puissance; il n'arrache pas les bras mais la vitesse à laquelle les chiffres du compteur s'affolent montre que l'efficacité est bien là. Cela ressemble fort à la méthode Honda, cette manière de faire! Je n'aurais pas pensé aller jusqu'à comparer les deux constructeurs... Et nul besoin de monter les régimes aux abords de la zone rouge. Pour ma part, je me limite à 6000 tours/minute sur cette belle route aux virages variés. 

Et, deuxième point qui me séduit, c'est cette partie-cycle. En effet, la moto s'inscrit sans aucun effort dans les virages. Je craignais que les pneus, plutôt axés tout-terrain (Pirelli Scorpion Rally), ne soient pas adaptés mais, en fait, ils sont en parfaite harmonie avec la moto. Celle-ci se balance aisément, sans la petite inertie que j'avais constatée sur la Ténéré et que j'avais mis sur le compte de la roue avant de 21 pouces. Sur l'Aprilia, le châssis me parait mieux équilibré et je soupçonne le moteur de la moto japonaise, haut perché, de générer cela. Malgré la présence des sacoches et de la béquille centrale, source de poids supplémentaire, la moto italienne se guide instinctivement.  

Avec cette Tuareg, je ne me pose pas de questions, elle file là où mon regard l'a décidé, avec un mélange de rigueur et de facilité qui me convient tout à fait. Le freinage est au diapason avec, bien sûr, une fourche qui s'écrase lorsque l'on exerce une forte pression  sur le levier, mais rien d'inquiétant pour l'amateur de trails que je suis. L'arrière l'assiste bien.

En fait, pendant cette trop courte demi-heure, je ne lui trouve pas de défaut, à cette moto et je me sens en phase avec elle, d'autant que les suspensions réagissent très bien. Elles absorbent efficacement les chocs. Souples mais avec une qualité d'amortissement réelle. Il me faudrait rouler plus longtemps sur des terrains variés pour confirmer ces premières impressions mais Aprilia semble avoir bien travaillé dans ce domaine.

 

Homogène, c'est le moto qui me vient à l'esprit alors que, à regret, j'ai fait demi-tour pour ramener la moto. Je ne trouve rien à redire, et l'ergonomie est au top pour moi. La selle me parait plus confortable qu'elle ne le laissait paraître, la bulle protège correctement même si je ne serais pas contre un peu plus de hauteur de sa part, le tableau de bord est lisible et de taille contenue. 

Je continue à "jeter" la moto dans les virages tant elle excelle dans cet exercice sans nécessiter un quelconque effort de la part du pilote au dessus. Je pense qu'elle doit être dans son élément sur les routes de montagne que j'aime tant fréquenter. 

Je continue à me régaler avec son moteur qui accepte de musarder à 2000 tours/minute puis de prendre de l'ampleur, avec un joli bruit à l'admission qui se manifeste. J'ai lu que les essayeurs de la presse lui reprochaient une certaine mollesse à bas régime. Personnellement, même si elle reprend moins fort que sa rivale japonaise, je trouve que cela suffit amplement et que la grande souplesse qui l'accompagne est une qualité bienvenue  au quotidien. 

Il faut bien que je lui trouve des défauts, à cette moto. Avant de faire demi-tour, la plongée de la fourche au freinage m'a légèrement déséquilibré; le recours au frein arrière à très basse vitesse dans les manoeuvres doit s'avérer encore plus nécessaire sur cette moto munie de grands débattements. 

C'est le coeur léger que je rends la moto à la concession. Honnêtement, je ne m'attendais pas à une machine aussi aboutie. Elle m'a effectivement marqué par sa très grande homogénéité. C'est très bon signe chez moi quand j'ai envie de prolonger un essai, et c'était le cas aujourd'hui avec les montagnes au loin sous le soleil hivernal qui semblaient me dire: "On t'attend"...

La plus grosse critique que je peux faire ne concerne pas la moto mais mon appareil photo qui a fait des siennes ce qui ne me permet pas d'illustrer correctement cette prise de contact avec cette séduisante moto. 

 

PS: je trouve que la ligne n'est pas mise en valeur avec le coloris du modèle que j'ai pu essayer. La version bleu-blanc-rouge est bien plus séduisante (mais nécessite 700 euros de plus).