Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

BMW F 750 GS et F 850 GS, le rendez-vous manqué

Il y a dix ans, mon ami Bruno m’avait fait un très beau cadeau en me demandant de lui roder sa moto, une BMW GS 800. J’avais parcouru 1000 km en appréciant beaucoup cette moto  et son moteur très agréable, même si j’avais été chagriné par une brutalité excessive systématique à la remise des gaz (j'ai appris que BMW avait supprimé ce défaut par la suite).

Cela faisait un moment que j’avais envie de me mettre au guidon de la petite sœur car je suis de plus en plus convaincu de la pertinence de trails de moyenne cylindrée à la puissance suffisante, pas trop lourds ni excessivement hauts.

Le problème est l’éloignement physique de la concession installée à Bayonne.

Mardi 10 décembre 2019. Je profite d’une journée de liberté pour me rendre sur la côte basque. C’est mon jour de chance, le soleil est au rendez-vous après le déluge tombé la veille.

Une fois n’est pas coutume, c’est l’autoroute que j’emprunte ce qui me permet de vérifier une nouvelle fois que la CB 500 X plutôt à son aise dans cet exercice avec un moteur tournant à un régime relativement bas de 6000 tours/minute pour une vitesse de 132 km/h (grâce au pignon de 16 dents). Les mains bien protégées sous les manchons et chouchoutées par les poignées chauffantes, le parcours se fait dans un très bon niveau de confort.

J’arrive à la concession de Bayonne. Un vendeur me présente la « petite » BMW. Je lui parle de la 700, il me rétorque qu’elle n’existe plus et que c’est une 750, je termine en lui disant que c’est en réalité une 850 comme sa haute sœur garée à côté ! Bizarre cette volonté du constructeur de ne pas indiquer la cylindrée exacte.

Avant le départ, le vendeur me dit qu’il va me montrer comment elle fonctionne. Je lui réponds sur le ton de boutade « Première en bas et les autres en haut »; mais les temps ont changé et il me détaille le fonctionnement des commodos. Bouton de réglage des poignées chauffantes ; bouton de réglage du mode de fonctionnement moteur (road, dynamic, rain) et à  gauche, commande pour le réglage de la suspension ESA. Enfin, il y a une molette dans l’hypothèse où l’on branche son téléphone (sûrement pas le mien qui date de la nuit des temps ….).

C’est une constante chez le constructeur, la moto d’essai est bardée d'options dont un shifter qui fonctionne à la montée et à la descente des vitesses.

La moto est neuve, seulement 4 kilomètres au compteur. Je m’installe dessus. Je la trouve presque trop basse pour un trail et je doute de l’efficacité du minuscule bout de plastique faisant office de pare-vent. Dès les premiers tours de roues, j’ai un sentiment étrange. Je comprends très vite qu’il vient du fait que je n’ai pas cette impression de cocon habituellement ressenti derrière le pare-brise et le tableau de bord dans la continuité. Là, il y a juste cette tablette (très lisible au demeurant) posée devant moi, et cet ersatz de pare-brise. J’ai l’impression d'un vide sous mes yeux.

La boîte de vitesses est plutôt douce, avec un embrayage à l’unisson mais il me faut veiller à bien doser l’ensemble pour éviter un léger à-coup.

La « musique » délivrée par le moteur n’est pas très harmonieuse.

Je n’ai effectué que quelques kilomètres et j’en suis encore à apprivoiser cette moto. Je suis en phase de recherche.

Objectivement, tout va bien, même si les suspensions en se révèlent pas aussi souples qu’espérées, conséquence de débattements réduits par rapport à la 850 GS (150 mm à l'avant, 170 mm à l'arrière). La moto est facile à mener, le freinage répond présent sans temps mort, le moteur tracte bien …. passé 3000 tours/minute. C’est peut-être ce qui me gêne, cette absence aux alentours de 2000 tours/minute. Le bicylindre ne semble pas très à l’aise, il reprend, mais je sens qu’il rechigne et manifeste peu de vigueur.

Je poursuis ma route avec la crainte que mon impression première ne s’estompe pas, et c’est le cas. Je ne suis pas en phase avec cette BMW. Je me demande si cela ne vient pas de son côté roadster trop prononcé à mon goût avec cette protection minimaliste, son train avant plutôt vif mais manquant de souplesse au niveau de la fourche et son moteur qui semble me demander de lui faire prendre des tours. Il révèle d’ailleurs une belle vigueur passé 3000 tours/minute mais ce comportement du bicylindre ne me convient pas. On s’éloigne de l’esprit trail que j’affectionne.  

La pédale de frein n’est pas naturellement sous mon pied avec un carter proéminent qui m’a rappelé la Yamaha 700 Ténéré essayée récemment. Mais, sur cette dernière, je m'y sentais si bien que je l’acceptais mieux.

Demi-tour, je hausse un peu le rythme et essaie le shifter. Malheureusement, je le trouve rude avec une résistance sous le pied et, à plusieurs reprises, la vitesse ne passe pas. Bref, c’est une option à éviter d’après moi. Quand je pense à l’extrême douceur et rapidité de celui de la KTM 790 Adventure….

J'essaie de nouveau de rouler à un rythme plus calme et je retrouve cette absence de réactivité flagrante à 2000 tours/minute. J'en viens à me demander si, au delà du caractère moteur lui-même (c'est quand même un bicylindre dégonflé de presque 20 chevaux comparé à celui de sa grande sœur), ce ne serait pas la commande électronique de la poignée de gaz qui en serait la cause et nécessiterait une mise au point pour permettre à la moto d'évoluer à bas régime. Je suppose que la clientèle de cette moto doit être sensible à la douceur mécanique, comme moi.

 

Je rentre déçu de mes quarante minutes de roulage. Un deuxième vendeur vient à ma rencontre et je lui fais part de mes impressions. Il m’indique que la 850 GS peut mieux me convenir mais qu’elle est vraiment trop haute. Je monte sur celle garée à côté et, ma foi, je trouve la hauteur de selle raisonnable, bien plus que sur la Yamaha Ténéré. Il me propose de faire un tour avec. Cette moto a mille kilomètres.

Dans la première ligne droite, je trouve le moteur très « brut de décoffrage ». Que de bruits mécaniques sous le réservoir ! C’est tout sauf agréable, bien loin du sentiment d’une mécanique bien huilée. Par contre, c’est nettement mieux côté comportement et je retrouve avec grand plaisir mes habitudes de pilotage au guidon. Le train avant m’inspire plus que celui de la 750. Est-ce dû à la roue de 21 pouces, à la fourche inversée avec ses grands débattements, à une position de conduite différente avec un guidon positionné différemment? Sûrement, et je me sens plus en confiance malgré la présence de pneus plus axés tout-terrain.

Malheureusement, côté moteur, ça renâcle, ça ferraille, ça ne sonne pas très juste et je regrette la rondeur du moteur précédent fabriqué par Rotax qui m’avait enthousiasmé par sa disponibilité et sa souplesse.

A mon retour, je discute avec le vendeur de mes réserves et je crois deviner à sa moue qu’il n’est pas loin de m’approuver quand je lui fais part de mon regret de l’abandon du moteur Rotax. Le deuxième vendeur est plus catégorique en m’indiquant que j’aurais dû conduire différemment, en montant dans les tours, que ce type de moteur n’est pas fait pour musarder à 2000 tours/minute. Un peu abrupt comme explication !

Il est midi et demi et je prends une pause repas un peu désappointé. J’avais un tel bon souvenir de la 800 GS que je pensais trouver une moto améliorée. Mais ce fut loin d’être le cas. L’adoption de ce moteur made in China par Loncin est peut-être rentable économiquement parlant pour le constructeur mais j’aurais préféré garder les mêmes bases de ce moteur Rotax si agréable en l’améliorant. Dommage, je me suis peut-être focalisé sur le moteur et n’ai pas pu apprécier à leur juste valeur les qualités de la moto.

Un rendez-vous raté en quelque sorte !