Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

BMW 1200 GS

On peut dire que je suis "marié" à  Honda. J'ai commencé en 1980 avec la 125 CG, indestructible petit mono et six motos et presque un million de kilomètres plus tard, je possède une 600 Transalp, indestructible V-twin!

Pour autant, je m'intéresse à TOUTES les motos et BMW est une marque qui m'a beaucoup attiré en 1993, année au cours de laquelle je fus sur le point d'acquérir une BMW 100 GS Paris Dakar avant qu'un éclair de lucidité ne me fasse renoncer. 63 000 francs, à l'époque, c'était une sacrée somme pour mon budget.

 

Je mis de côté mon envie de posséder cette moto qui semblait pourtant me promettre de longues virées dans les pays du monde et je jetai mon dévolu sur une bien plus modeste Transalp d'occasion avec laquelle je pus réellement entreprendre de beaux voyages grâce à l'argent économisé. Ou comment passer du rêve à la réalité!

 

Quelques années plus tard, j'eus l'occasion de prendre le guidon d'une 1100 GS de la nouvelle génération avec son Telelever. Je fus emballé par son train avant et favorablement surpris par la facilité de conduite sur les petites roues des Baronnies où elle se révéla plus facile à piloter que ma Transalp. Impressions confirmées lors d'un essai ultérieur en montagne avec des descentes de cols effectuées à bonne allure en tout sérénité. Quel train avant!

La dernière fois que je goûtai à ce gros trail, c'était en 2014 au guidon de la 1150 GS de mon ami Bruno. Pau-Circuit de Carole aller-retour. Toujours enthousiasmé par la partie cycle, beaucoup moins par l'ensemble boîte-transmission.

 

Mardi dernier, je décide de profiter d'un jour de grève. Quitte à ne pas être payé, autant que la journée soit la plus agréable possible! Je laisse la Transalp au garage et enfourche la séduisante VTR 250 de Marie. Une heure plus tard, je m'arrête devant la concession BMW de Bayonne. Après avoir essayé la nouvelle Africa Twin, j'ai eu envie de la comparer avec la BMW 1200 GS dont le succès ne se dément pas depuis de longues années. L'accueil est sympathique et l'on me propose dans la foulée d'aller faire un tour avec.

Le modèle d'essai est blanc et ça lui va plutôt bien. La moto est imposante mais, une fois assis, mes 1,74 m me permettent de poser par terre le devant des pieds, avec la selle en position basse. Je suis très sensible au bien être ressenti sur une moto. Pour moi, cela passe par une multitude de détails qui font que tout est évident, facile à son bord. Je débraye, c'est doux, je relâche le levier, la moto part sans une once de brutalité, je monte deux rapports, le sélecteur réagit comme dans du beurre. Je n'ai effectué que cent mètres avant le croisement et je sais qu'elle va me parler, cette BMW. Quel progrès par rapport à la 1150 GS. Tout est onctueux.

Je me dirige vers le route des crêtes conseillée par le vendeur. Cela se confirme, la moto s'emmène sans y penser et s'inscrit naturellement dans les ronds points. Le moteur est souple. Je m'éloigne de la ville. La route est étroite et je reste prudent car je découvre ce parcours. Je suis bien installé. La moto répond au doigt et à l'œil aux injonctions de son pilote. A son guidon, j'ai le sentiment d'une grosse moto alors que l'Africa Twin se rapproche du gabarit de ma Transalp. Le gros réservoir, les cylindres imposants, le tableau de bord plus volumineux, tout cela fait que les sensations sont différentes malgré un poids similaire.

 

 

 

 

 

Côté moteur, le flat twin n'a rien à voir avec le moteur de la Honda. Il est beaucoup plus vif, je dirais même sportif. Vers 3000 tours/minute, il se met à "rugir" et je sens nettement l'arrivée de la puissance. La Honda est beaucoup plus linéaire dans ses montées en régime. Les essais que j'avais pu lire m'avaient informé de cette caractéristique mais je m'attendais pas à ce que cela soit aussi prononcé. Il est joueur, ce moteur, et la partie cycle est facile; je rentre dans les virages sans appréhension.

Ce qui m'étonne c'est la (relative) fermeté du train avant. Avec 190 mm de débattement, je m'attendais à quelque chose de plus souple. Je dois reconnaître qu'après plus de 500 000 kilomètres au guidon de trails, je suis très sensible sur le sujet et j'apprécie cette faculté à effacer les chocs que j'ai retrouvé sur l'Africa Twin.

Au fil des kilomètres, je réalise que ces deux motos ne sont pas vraiment comparables. Je m'en doutais un peu, mais c'est bien de s'en rendre compte sur le terrain. La BMW est vraiment une grande routière et la Honda est, avec l'Africa Twin, dans la continuité des Transalp et Africa Twin de l'ancienne génération.

Elle est impressionnante, cette  BMW, je m'en rends compte alors que j'effectue un demi-tour sur une route étroite. J'ai une hésitation, je crains qu'elle ne m'échappe mais elle effectue la manœuvre sans coup férir. Sa masse imposante a mis mes sens en alerte alors que j'avais opéré la même manœuvre sans aucune appréhension avec l'Africa Twin. Je pense qu'il doit falloir un petit temps d'adaptation pour se faire aux dimensions de l'Allemande.

Sur le chemin du retour, je constate que le moteur tire assez court. Il tourne à 4000 tours/minute à 110 km/h. A à  ce régime sur le modèle DCT, je crois me souvenir que j'étais 20 km/h au dessus, malgré une cylindrée inférieure. D'ailleurs, j'ai été étonné de voir une zone rouge à 9000 tours/ minute, ce qui fait beaucoup pour une si gros moteur. Cela confirme mon impression, BMW a fait le choix d'un moteur plutôt sportif. Je continue à louer la boîte de vitesses douce, silencieuse et précise. Tout ce que j'aime! Cette moto a pas mal d'options, dont le shifter que j'essaye ... mais pas très longtemps. A mon sens cela devrait être réservé aux motos sportives. Sur une telle moto, il vaudrait mieux installer une .... boîte DCT, mais je ne suis pas sûr que Honda veuille vendre le brevet!

 

 

 

 

Je ramène la moto à la concession. Elle est séduisante, cette 1200 GS, vraiment aboutie.

Ce qui m'a étonné, c'est l'orientation "sportive" avec un moteur très réactif, qui s'envole dans les tours avec une vigueur certaine. Cela doit plaire à certains. Pour ma part, je suis plus sensible à la linéarité du bicylindre de l'Africa Twin que beaucoup d'essayeurs assimilent à un manque de caractère. Chacun son point de vue. Le train avant vif mais sécurisant, le moteur qui tire plutôt court, les freins très puissants, les suspensions plus fermes que sur l'Africa Twin, tout cela confirme que les deux constructeurs ont, chacun de leur côté, pris une direction différente. D'ailleurs, si j'ai parfois du mal à ressentir des différences entre les voitures des constructeurs automobiles, c'est loin d'être le cas dans le domaine de la moto. En ce qui concerne la catégorie des trails que j'affectionne tout particulièrement, les motos ont chacune une personnalité bien à elles. Que ce soit une KTM, une Ducati, une BMW ou une Honda. 

 

Je ne suis pas étonné du succès rencontré par cette moto. Le bémol, c'est le prix. Deux mille euros de plus qu'une Africa Twin pour le modèle de base. Si on rajoute les options (il y en a un paquet!), la tarif peut s'envoler.

Outre le prix, je suis pour ma part plus réceptif aux qualités de la Honda qui se rapprochent plus d'un trail "à l'ancienne", autant par sa position de conduite, son étroitesse, sa simplicité. En outre, les 125 chevaux sont superflus pour moi et leur façon de galoper vivement me convient moins. Enfin, même si la boîte de vitesses m'a complètement séduit, j'ai très envie de goûter au bonheur du double embrayage DCT sur une longue durée.

 

Mais cette BMW est quand même une sacrée moto!