Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Huitième partie: Honda CB 500 X, ma petite Africa Twin - Quand le verglas s'invite...

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Pau. Fin février 2023.

 

Cela commence avec la neige qui se met à tomber, régulièrement, le jeudi soir, alors que la nuit s’installe.

 

C’est très beau, le quartier s’est soudain éclairé avec ce manteau blanc qui a très vite recouvert, route, toitures et jardins.

 

Seul problème, mon rendez-vous le lendemain matin, à Lourdes, 40 kilomètres plus loin. J’envisage donc, au moment de me coucher, une exception à la règle, c’est à dire faire le parcours en voiture.

 

6 heures le lendemain matin. Le thermomètre indique 4 degrés et la rue est débarrassée de la neige.

 

Je décide donc de prendre ma moto d’autant plus que la météo annonce un soleil radieux.

 

Départ à 8 heures. La route entre Pau et Soumoulou est mouillée mais j’ai un soleil aveuglant devant moi qui promet une belle journée. Il fait froid, mais les poignées chauffantes bien protégées par les manchons dispensent une chaleur réconfortante.

 

Sortie de Soumoulou. La route est droite, entrecoupée de quelques ronds points. A la sortie de l’un d’entre eux, alors que je roule à 70 km/h environ, une violente dérobade de la roue arrière met mes sens en alerte. Même si le revêtement plutôt granuleux de la route ne le montre pas, j’ai compris que, sous les pneus, c’est verglacé. Je vois d’ailleurs une Fiat Panda dans le fossé avec son conducteur dépité dehors.

 

Dans ma tête, c’est l’alerte rouge. Je réduis ma vitesse, tente de trouver un endroit où m’arrêter mais les bordures sont entièrement enneigées. Je commence à avoir chaud sous mon casque car je sens que, sous mes roues, c’est tout sauf adhérent. Je vois au loin un rond point et je prévois de sortir de cet axe routier là-bas. Je roule à 20-30 km/h n’osant pas mettre le moindre degré d’angle tant je suis sûr du résultat, ma moto à terre.

 

Je suis maintenant tout près de ce rond point et je comprends que je ne pourrai pas y pénétrer sans chuter irrémédiablement. Je laisse la moto s’arrêter d’elle même sans toucher aux freins. Je pose les pieds par terre et découvre une patinoire sous mes semelles !

 

Grand moment de solitude avec une petite file de voitures qui attend derrière moi. Que faire ? A ce moment-là, ma moto se met à doucement reculer ; je suppose qu’il y a un très léger dénivelé. J’effleure le levier de frein et ma roue avant ripe dangereusement. J’ai le coeur qui bat fort. La moto finit par s'immobiliser. Je retiens mon souffle avec cette certitude que le moindre faux mouvement me projettera à terre.

 

Alors, avec infiniment de délicatesse, je réussis à attraper la béquille latérale avec ma botte gauche, laisse la moto se poser dessus. Quant à moi, je descends de ma moto mains en avant pour me retrouver à quatre pattes (!) sur le sol verglacé et me dirige ainsi vers le bas coté neigeux. Pas très glorieux mais efficace!

 

Sauvé, j’ai évité la chute, mais il va falloir trouver une solution pour dégager la moto qui bloque le passage. Deux hommes sortent d’une camionnette et proposent leur aide. Je les mets en garde de ne pas glisser sur la route. A nous trois, précautionneusement, en s’installant sur le coté droit de la moto, là où il y a un semblant d’adhérence, nous parvenons à faire riper la moto, puis à la soulever pour l’installer à l’abri sur la neige.

 

Je les remercie de leur aide et l’un d’entre eux me demande ce que je vais faire maintenant.

 

« Je vais attendre le dégel » dis-je en rigolant, heureux d’avoir pu éviter la sanction de la chute.

Le soleil est en train de monter dans le ciel et il devrait faire fondre cette fine couche de verglas.

 

Je passe ainsi près de deux heures à admirer le paysage avec les Pyrénées au loin, regarder les véhicules passer avec quelques belles figures sur le rond point pour les conducteurs ou conductrices un peu trop « optimistes ».

 

Et je réponds au moins 25 fois aux personnes qui me demandent si tout va bien et proposent leur aide. Ces gestes de soutien finissent de me réchauffer le coeur et je me dis que ce qui aurait pu être une journée de galère devient un simple et beau moment de solidarité.

 

A l’heure où l’on met trop souvent en avant l’indifférence des autres, je constate qu’il n’en est rien. Régulièrement, je pars marcher sur le rond point pour tester le degré d’adhérence. Et je dégage la neige sous la moto en vue de mon prochain départ. Les rayons du soleil de plus en plus ardents finissent de réchauffer mon corps et le bitume.

 

Enfin, l’esprit léger, j’enfourche ma moto et reprends la direction de Pau. Cela fait trois fois cet hiver que je joue les équilibristes sur la route. Il serait peut-être temps de me calmer, ce n'est plus de mon âge ce genre de fantaisies!