Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Huitième partie: Honda CB 500 X, ma petite Africa Twin - Neige et moto: incompatibles?

Index de l'article

 

 

Quand j'ai acheté ma première moto, je dois reconnaître que je n'envisageais pas de devoir l'utiliser sur une route enneigée. Il était alors évident pour moi que le fragile équilibre d'un deux roues pouvait être largement compromis par un revêtement entièrement recouvert d'un tapis blanc.

J'ai pourtant connu ma première expérience neigeuse lors de ma virée à la concentration hivernale des Eléphants. Elle avait lieu sur le circuit de Salzbourg, en Autriche et les organisateurs avaient pris soin de ne pas intervenir sur la petite route permettant l'accès sur le circuit. J'avais supposé que c'était pour mettre dans l'ambiance hivernale de cette célèbre concentration. Avec ma petite CG 125 légère et basse, j'avais pu parcourir ces quelques kilomètres sans trop de difficultés mais il n'en était pas de même pour l'Italien qui me suivait au guidon de sa lourde Moto Guzzi que j'avais aidé à relever sa moto après une chute.

 

J'ai aussi le souvenir de cette route enneigée entre Foix et Saint Girons où ma Honda VTE 500 avait eu bien du mal à rouler droit avec des pertes d'adhérence de la roue avant qui avaient fait nettement monter mon rythme cardiaque !

Il y eut aussi ces 40 kilomètres entre Tarbes et Pau pour me rendre au travail. Au guidon de ma Transalp 600, j’avais alors ressenti une moto moins délicate à mener dans de telles conditions. La polyvalence du trail avait dévoilé ses atouts sur ce sol enneigé. Mais je n’irai pas jusqu’à dire que je m’étais senti complètement décontracté au guidon... 

L’an dernier, j’avais connu une montée de col espagnol féerique avec Jean-Roland et sa Deauville 700 sur une route déserte. Un grand moment !

 

Ma dernière expérience remonte à lundi dernier. Le 16 janvier 2023, je quittais Grasse pour rentrer à Pau. Dès la sortie de la ville, le ciel a pris une teinte grise et, rapidement, du grésil est tombé, vite remplacé par quelques flocons. Au début, j’ai été sous le charme de cette atmosphère hivernale avec un léger manteau blanc qui recouvrait les prairies. Mais quand la route a commencé à blanchir, j’ai commencé à m’inquiéter. Une fois intégralement blanche, j’ai rendu la main et je n’ai cessé d’observer dans mon rétroviseur la trace laissée par le pneu arrière. Sa lecture me permettait de savoir si je pouvais compter sur une adhérence suffisante tant que le sillon était suffisamment profond.

J’ai ainsi parcouru 30 kilomètres, sur un filet de gaz, en m’interdisant d’utiliser le levier de frein avant. Les descentes étaient les plus délicates, avec le poids de la moto qui avait tendance à augmenter un peu trop ma (faible) vitesse. Et il y avait certaines portions plus encaissées qui respiraient l’humidité et le froid au passage desquelles mon rythme cardiaque augmentait. Je savais que je pouvais y trouver un sol bien plus froid et je craignais avant tout une perte d’adhérence de ma roue avant. Mes pneus Anakee Adventure tout juste changés avant mon départ de Pau se sont révélés plutôt bien adaptés à de telles conditions avec une adhérence convenable.

 

 

 

 

Arrivé à Castellane où j’espérais une amélioration du temps, j’ai vite déchanté. Les chutes de neige redoublaient et la route vers les gorges du Verdon était d’un blanc immaculé.

Dans le café où je pris un chocolat chaud bienvenu, on me conseilla alors de prendre une chambre d’hôtel.

C’est dans ces moments-là qu’il faut prendre une décision rapide. J’optai pour le demi-tour en tablant sur une neige encore fraîche et suffisamment adhérente. Quand, quelques kilomètres plus loin, dans une pente assez raide, ma roue arrière s’est mise à patiner et à balayer la route, j’ai eu un sacré doute sur la pertinence de mon choix ! J’ai malgré tout persisté en serrant les fesses, entre 10 et 30 km/h. Les chutes de neige s’intensifiaient. L’atmosphère qui régnait alors dans ce paysage où seul le blanc avait droit de cité était extraordinaire. J’ai bien pensé prendre une photo mais une halte s’avérait périlleuse. Je garderai donc le souvenir de ces paysages superbes dans ma tête.

Après ces 30 kilomètres interminables, le goudron a progressivement gagné du terrain et j’ai pu respirer un peu mieux. Je suis arrivé à Grasse ensoleillé, avec une température douce qui a fait fondre en quelques minutes toute la neige accumulée sur mes manchons et mon pare-brise. Quel contraste !

Cela faisait plus de cinq heures que j’avais quitté la maison de mon frère et c’est avec délice que je m’y suis de nouveau installé, près du feu de bois réconfortant.

Faux départ…

Je repris la route le lendemain par les routes secondaires et j’ai rencontré une alternance de pluie, vent, froid … et de nouveau la neige à 30 kilomètres de Pau.

 

 

 

 

Peut-être était-il nécessaire de parfaire ma formation de conduite sur sol enneigé….

Et, pour répondre à la question du titre de l’article, je répondrai que la condition essentielle pour permettre à une moto de rouler ainsi est d’avoir une neige fraîchement tombée. Le tapis neigeux qui n’a pas eu le temps de se transformer avec des variations de température ou avec le passage incessant des voitures offre un degré d’adhérence somme toute convenable. Des pneus typés tout-terrain ont aussi leur rôle à jouer.

Il n’en reste pas moins que le risque de chute est quand même élevé et qu’il vaut mieux éviter d’affronter de telles conditions de route.

Si j'osais une comparaison, je dirai que la moto et la neige sont aussi compatibles que mon ancienne routière en duo avec les pistes du sud de l'Algérie ....