Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Yamaha Ténéré, la fille du désert - Et la Yamaha 600 Ténéré arriva.

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Le succès de la Yamaha XT 500 se confirme.

Des récits de voyage à son guidon sont régulièrement publiés. Personnellement, je commence à voyager avec ma Honda 125 CG et c'est au cours de ma première grande virée jusqu'en Tunisie via l'Italie et la Sicile, en 1981, que je fais la rencontre d'un motard allemand au guidon d'une XT 500 préparée.  C'est tout d'abord la moto que je vois, garée dans les rues de Naples. Elle m'interpelle avec son gros réservoir, son chargement hors normes. Mais il n'y a pas son propriétaire à côté. Jurgen, nous le rencontrons avec sa moto une semaine plus tard à Trapani, où nous devons embarquer pour Tunis. Nous sympathisons et roulons ensemble en Tunisie. Il part au Rwanda d'où il nous écrira six mois plus tard. Il fait partie de ces motards qui ont vu le potentiel de cette moto pour voyager loin, dans des pays où les pistes sont nombreuses. C'est à travers eux que cette moto acquiert une solide réputation.

 

 

Port de Trapani en Sicile. La moto de Jurgen (la plus large!) à gauche, la 125 CG( la plus petite...) au milieu. 

 Jurgen et son incroyable chargement!

 

Le constructeur japonais décide de faire évoluer ce modèle.

C'est tout d'abord la 550 XT qui est présentée. Elle progresse dans bien des domaines, notamment avec un amortisseur cantilever et des débattements augmentés, plus de cylindrée, de puissance, de couple. Mais, elle me laisse froid, cette moto. Je la trouve sans personnalité, même si l'essai comparatif publié dans le Moto Journal du 15 avril 1982 montre une nette supériorité de la nouveauté sur l'ancienne.

Quelques extraits: "Partie-cycle: une efficacité nouvelle. Sur le terrain de le petite route tournicotante, aussi efficace que la 550, on n'a encore jamais trouvé. Toujours aussi légère et maniable, elle marque en plus des points supplémentaires grâce à ses excellentes suspensions. Sur ce terrain, la 500 s'est montrée complètement dépassée et incapable de suivre le rythme. Tout-terrain: des progrès impressionnants. D'un point de vue purement objectif, cette 550 s'est indubitablement révélée comme le meilleur gros trail quatre temps du moment: un moteur sympa et puissant, une tenue de route qui marque un gros pas en avant pour ces trails déjà renommés pour leur vivacité et leur efficacité, un comportement en TT en gros progrès sur la 500, et peut-être même sur les concurrentes, que demander de plus?" 

Personnellement, je trouve alors qu'elle a perdu le charme de la XT 500. Je comprends que je fais partie de cette catégorie de motards citée dans l'article de Moto Journal: "Digne fille de la 500, cette 550? Certainement, et même au delà des espérances. Mais la première conservera encore longtemps ses atouts "vieillots" propres à satisfaire quelques fossiles de la moto, plus attachés à un charme de conduite qu'à une fiche technique ou un chrono..." 

Il faut dire que cela fait un peu plus d'an an que je roule au guidon de ma Honda 125 CG pas spécialement moderne avec son moteur culbuté!  

 

 

 

 

 

 

 

 

Heureusement, cette XT 550 ne fait que passer.

 

Le 16 décembre 1982, tel un cadeau de Noël, Moto Journal publie la photo de la Yamaha 600 Ténéré. C'est le choc! Je m'imagine déjà à son guidon dans les montagnes du Hoggar ou sur les pistes sablonneuses de l'Afrique Noire. Il faut dire qu'elle donne envie de partir, avec son énorme réservoir de 30 litres et ses 300 mm de débattements de suspensions! Je la trouve magnifique.

 

 

Et il y a ce nom, Ténéré. Ce désert immense me fascine, m'attire. Tout au fond de moi, je rêve de fouler son sol un jour prochain. Je ne le sais pas encore, mais je tenterai de le faire, quelques années plus tard, au guidon d'une moto munie elle aussi d'un réservoir de 30 litres!

 

Le succès est au rendez-vous pour la Yamaha Ténéré. Pour exemple, 2287 ventes en 1984. La concurrence s'organise, notamment Honda  qui présente sa XLM 600 que je trouve encore plus imposante que sa rivale; il ne lui manque qu'un nom apte à faire rêver...

Nous sommes en 1985. Même si les monocylindres sont à la peine dans la course du Paris-Dakar, subissant la loi des BMW et de leur gros bicylindre, la catégorie est très prisée en France. On a affaire à des motos simples, polyvalentes et plutôt économiques.

 

 

3 octobre 1985. Mon hebdomadaire favori annonce l'arrivée d'une Yamaha 600 Ténéré revisitée. Moteur modifié et mieux rempli, réservoir moins gros pour laisser la place au filtre à air et démarreur électrique. Après la Honda XLM 600, Yamaha a compris que le kick devait se retirer progressivement. Le poids augmente mais dans des proportions raisonnables: 155 kg à sec. la puissance est de 46 chevaux.  Je la dévore des yeux, cette moto.

Je rentre tout juste d'un voyage jusque dans les montagnes du Hoggar et j'ai encore en tête les merveilleux moments vécus tout au long de ces cinq semaines. Mais j'ai aussi en mémoire les énormes difficultés rencontrées au guidon de notre Honda VTE 500 et je rêve de plus en plus d'un trail pour m'emmener avec plus d'aisance sur les pistes algériennes.

 

 

 

 

Deux mois plus tard, Moto Journal m'offre un premier court essai. Il finit de me mettre l'eau à la bouche!

 

 

Quelques mois plus tard, le 27 mars 1986, Moto Journal présente un comparatif de la nouvelle Yamaha avec sa rivale principale, la Honda XLM 600. L'occasion pour moi d'en connaitre un peu plus sur ces deux machines et d'admirer les belles photos de l'essai, notamment celle prise au sommet du col du Soulor, tout près de chez moi.

 

 

Dans le même numéro, se trouve une publicité de la nouvelle Ténéré, une véritable invitation au voyage. Le texte est éloquent: "Ma Ténéré, elle n'y va pas pas par 4 chemins, elle préfère les hors-pistes! Faut dire qu'elle a pas mal roulé sa bosse et qu'elle a beaucoup appris entre Alger et Dakar". La référence à cette épreuve mythique est gage de succès. 

 

 

Quelques photos de cette course pour rester dans l'ambiance. Et le plaisir de revoir Jean-Claude Olivier qui a su porter la marque Yamaha en France avec ténacité et talent; en outre, il était un  excellent pilote qui n'a pas hésité à participer à plusieurs reprises à cette épreuve avec des très beaux résultats à la clef, notamment sa deuxième place derrière Gaston Rahier. C'était un très grand Monsieur de la moto.  

 

 

 

 

17 décembre 1987. C'est la dernière évolution de la Ténéré; c'est du moins ce qu'annonce Moto Journal lors de la prise de contact de la moto. Le journaliste annonce en effet qu'un nouveau moteur à cinq soupapes refroidi par eau doit prochainement arriver. En attendant, ce nouveau modèle peaufine les qualités de la Ténéré avec un carénage plus protecteur, un frein à disque à l'arrière, un réservoir descendant plus bas pour un centre de gravité abaissé, un meilleur refroidissement du moteur, un double phare.

L'essayeur est moins enthousiaste qu'avant dans ses conclusions. "En fait, intrinsèquement, la Ténéré n'est pas une mauvaise moto. Elle doit juste maintenant s'exprimer face à une concurrence beaucoup plus vive, beaucoup plus diversifiée et beaucoup mieux ciblée.. LA GT trail facile existe sous la forme de la Transalp .... si vous êtes accro gros mono, la 650 KLR (voire la big DR Suzuki) offre un caractère plus marqué .... n'oubliez pas la toute nouvelle Dominator".

De mon côté, je commence à me détourner de cette moto qui a grossi au fil de son évolution. Et, surtout, comme le signale le journaliste, il y a eu entretemps la présentation de la Honda Transalp 600, munie d'un bicylindre moderne dérivé de celui que je côtoie au quotidien avec ma fidèle et increvable VTE 500. Hormis l'absence d'une transmission par cardan, cette Transalp m'a tapé dans l'œil.

 

 

La Yamaha a droit à son comparatif quelques mois plus tard. Les conclusions de l'essai ne sont pas très tendres pour la Ténéré: "La Ténéré est, je pense, la dernière représentante d'une prestigieuse lignée qui s'est laissée prendre au piège des modifications empilées les unes après les autres, la détournant de ses capacités originelles. Son look flatteur de "Dakar réplica" l'a éloignée des réalités quotidiennes fermant la porte aux utilisateurs rebutés par sa hauteur de selle et son alourdissement général".

 

 

 

 

 

J'ai alors le sentiment que l'on est à la croisée des chemins. Dans le même numéro de Moto Journal, il y a l'essai de la toute nouvelle Africa Twin. Comme la Transalp, elle adopte le V-twin. Est-ce à dire que c'est la fin du monocylindre ou ce dernier doit-il se cantonner à des motos plus simples et plus légères? Les multi-cylindres ont pris le pouvoir au Paris-Dakar (Jean-Claude Olivier a même osé le quatre cylindres!) et c'est maintenant la production de série qui semble touchée.  

 

 

 

 

6 mars 1989. Encore un comparatif très complet dans mon hebdo qui parle de la menace italienne. En effet, chez nos voisins transalpins, deux marques ont décidé de s'attaquer à ce créneau du trail de moyenne cylindrée, Gilera et Aprilia.  

 

 

 

 

De mon côté, je franchis le pas et achète mon premier trail. Ce n'est pas un monocylindre; j'ai opté pour le bicylindre en V qui me parait plus apte à assurer mon quotidien de gros rouleur et de voyageur. Mon choix s'est porté sur la Honda XLV 750 qui m'avait fait rêver à sa sortie. Une occasion de trois ans d'âge  avec laquelle j'ai une énorme envie d'aller voir de l'autre côté des frontières.