Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

A la rencontre de la Honda Transalp 750: en route pour le salon EICMA de Milan

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Samedi 5 novembre 2022. 8 heures. 

 

J'ai le coeur qui bat fort sous mon blouson. La virée de trois jours que je débute alors que le soleil vient de se lever a un goût particulier. Ma destination est Milan, le salon EICMA plus précisément et je sais pouvoir là-bas assister à la présentation officielle de la tant désirée Honda Transalp 750.

 

C'est le 26 juillet dernier que mon concessionnaire m'a annoncé la bonne nouvelle et c'est dans la foulée que j'ai décidé de me rendre à ce grand salon. Pour moi, amoureux de la Transalp, une telle balade s'imposait.

C'est donc le coeur léger que je quitte les faubourgs de Pau par la route de Limendous. Car j'ai opté exclusivement pour les routes secondaires pour parcourir les 1500 kilomètres qui m'attendent. J'ai envie que le plaisir débute dès les premiers tours de roues et se prolongent les trois jours durant. Je suis d'autant plus heureux que, jusqu'au dernier moment, mon départ a été incertain. 

 

 


 

 

 

 

L'esprit léger, je profite de la vue sur les Pyrénées, magnifiques sous le soleil levant.

A Tarbes, je décide d'emprunter la route de Goudon. Peu de circulation, des dénivelés, beaucoup de virages, rien de tel pour me mettre en appétit. Et ma recherche des axes routiers peu fréquentés va se poursuivre. 

 

 

 

 

 

J'arrive quelques heures plus tard aux environs de Carcassonne, je sens que je me trompe dans la direction choisie mais il y a comme une petite voix dans ma tête qui me pousse à poursuivre mon chemin malgré tout. Et elle a raison. La route se fait étroite, un peu piégeuse parfois, et je sais que j'aime ça, les surprises qui m'obligent à me concentrer. C'est ce que je fais en passant à Lastours et en mettant du rythme dans mon pilotage. Mon voyage a alors vraiment commencé.

 

Puis je rejoins la D 612 entre Mazamet et Clermont l'Hérault. La fraicheur matinale s'en est allée depuis longtemps. Mes arrêts sont brefs: quelques photos, deux-trois dattes avalées, une gorgée d'eau. Quand je roule seul et que je me sens bien, je n'ai pas envie d'interrompre le charme. 

 

 

 

 

J'ai en outre rendez-vous avec André, propriétaire de la même moto que moi et il m'a fait savoir qu'il aimerait tester mon amortisseur Fournalès. Nous nous retrouvons peu avant la fin de journée et échangeons nos montures pour une trentaine de kilomètres. Il possède un modèle 2022 et j'apprécie très vite sa fourche inversée en progrès par rapport à la mienne et le double-disque avant plus incisif mais pas violent pour autant. Je trouve même à son moteur un caractère plus onctueux dans les bas régimes. Mais, je vois André bifurquer. La route que nous empruntons est défoncée et rien de tel pour se faire une idée précise de la qualité des suspensions.

Et je réalise tout de suite que l'amortisseur d'origine est mauvais en détente; il n'y a aucun frein et je suis balloté au gré des bosses alors que ma Honda, devant, semble imperturbable. Dans les virages accidentés, je perds en sérénité avec cet amortisseur qui rebondit en induisant des trajectoires plus aléatoires. 

Nous arrivons à Pignan, dans la banlieue de Montpellier et c'est le moment d'échanger nos impressions respectives. "Bluffant et hallucinant" sont les deux termes que je retiens d'André. C'est toujours intéressant d'avoir un point de vue extérieur sur un produit que l'on finit par connaître sur le bout des doigts au point d'en perdre parfois son objectivité. Mon ami ne fait que confirmer ce que je ressens , à savoir un mélange de confort et de rigueur très agréable et sécurisant. Il faut noter que mon Fournalès a déjà 60 000 kilomètres et il fonctionne à la perfection. Il ne fait que confirmer les impressions que j'avais eues avec mes Transalp 600 équipées  d'un amortisseur de la marque. Je me dis que, avec la fourche du modèle 2022, cela doit donner un duo très efficace.

 

 


 

Dimanche. Deuxième jour de route. Au départ, les reliefs ont disparu mais je profite de la vision des flamands roses, des chevaux camarguais et des taureaux. Plus tard, perché sur un plateau rocheux,  le village des les Baux de Provence s'offre à mon regard. 

 

 

 

 

 

 

 

Apt, Manosque, Gréoux les Bains, je poursuis ma route. Les virages se succèdent pour mon plus grand plaisir et les couleurs automnales tardives cette année donnent du relief au paysage. Après Moustiers Sainte Marie, je pénètre dans les gorges du Verdon par la corniche sublime qui mérite son nom. En outre, à cette époque, c'est un tronçon désert qui m'attend me permettant d'apprécier le point de vue extraordinaire tout en imprimant un rythme soutenu.

 

La moto penche de droite à gauche avec allégresse, mais, en fait, c'est moi qui suis en état de grâce et nous ne faisons qu'un, avec ma fidèle Honda. J'adore ces moments au cours desquels j'ai le sentiment de pouvoir faire face à toutes les situations, un virage qui se referme, quelques gravillons sur la trajectoire, une voiture trop à gauche. Je réagis alors au quart de tour, avec précision, sans moment de frayeur. Ce long moment de bonheur a duré jusqu'au village de Comps sur Artuby. De là, je rejoins la route entre Castellane et Grasse où il est temps de faire le plein de ma moto après plus de 500 kilomètres parcourus. C'est ce que j'aime avec elle, cette autonomie de grande routière qui me permet d'espacer mes arrêts. Puis je termine en beauté cette étape en me laissant glisser à 70-80 km/h jusqu'à Grasse. L'ordinateur de bord m'indique alors une consommation moyenne de 2,2 litres/100 pour ces 52 kilomètres parcourus!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Après une nuit réparatrice chez mon frère, je rejoins Nice. Impression mitigée de cette région en bord de mer. La beauté du lieu est gâchée par cette concentration humaine et ces constructions à foison. J'ai d'ailleurs droit à un embouteillage matinal et c'est avec un certain soulagement que je rejoins, enfin, la moyenne corniche à la sortie de Nice. Le point de vue sur la mer méditerranée est superbe mais je déchante vite devant la multitude de villages à traverser alors que je suis rentré en Italie.

 

 

 

 

J'arrive à Impéria alors que je commence à ressentir une certaine fatigue nerveuse après ces quelques heures entrecoupées de forts ralentissements, de traversées de villes au pas. J'ai besoin d'espace. Cela tombe bien, c'est ce que m'offre la route se dirigeant vers le nord. D'abord, la traversée de tunnels, l'Italie s'étant faite la spécialiste de la construction des ces ouvrages, puis je prends de l'altitude alors que les virages se multiplient pour mon plus grand plaisir.

 

Je rejoins Ceva. J'ai repéré un itinéraire sur la carte qui m'a semblé bien sympathique, souligné de vert sur ma carte Michelin. Et c'est le cas. Pendant plus de 50 kilomètres, je passe en revue toutes les catégories de virages possibles et ceux qui ont construit cet axe routier semblent avoir eu comme leitmotiv d'éviter à tout prix la ligne droite. Le relief est omniprésent et les villages bâtis sur les hauteurs apportent une touche colorée au paysage. Circulation quasi nulle; je me lâche et enchaîne avec délectation les prises d'angle. Ma moto excelle dans ce domaine et, après 92 000 kilomètres, nous commençons à former une belle équipe tous les deux. Je continue à louer mes pneus Michelin Anakee Adventure accrocheurs et si faciles à poser sur les flancs. Cela participe à apporter du confort quand on enchaîne les longues étapes sinueuses. Je n'ai pas besoin de forcer, mon regard se pose et la moto suit la trajectoire naturellement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De temps en temps, il y a un village à traverser. C'est l'occasion de constater que les Italiens ont géré de manière ô combien plus intelligente qu'en France le risque routier dans les villes. Je m'explique. Au lieu de multiplier les ralentisseurs de manière anarchique, sans aucun respect des normes en vigueur, les rétrécissements de chaussées, les panneaux Stop aberrants sur les axes principaux, ici, tout simplement, il y a des boîtiers de la taille d'un grand frigo, souvent de couleur orange qui sont disposés dans plusieurs endroits de la ville. Vu leur nombre important, je ne suis pas certain du tout qu'ils contiennent tous un radar à l'intérieur mais, dans le doute, le conducteur roule à la vitesse autorisée de 50 km/h; ça marche, j'ai pu le constater et quel plaisir de traverser de bout en bout un village sans être malmené par un ralentisseur à la pente agressive. Solution simple, efficace et conducteurs préservés.

A force d'opter pour les routes secondaires, je réalise que la fin de journée approche et qu'il va me falloir accélérer le rythme pour ne pas arriver trop tard à Milan. A Alessandria, je me résous à rentrer sur l'autoroute pour une petite centaine de mornes kilomètres. Peu avant l'arrivée dans la ville, un arrêt dans une station d'essence me permet de vérifier une nouvelle fois la frugalité de ma monture. 11,77 litres pour 425 kilomètres parcourus soit 2,77 litres/100. Hier, c'était 2,67 litres/100!

A la sortie de l'autoroute, je repère un motard qui me renseigne gentiment sur mon itinéraire pour rejoindre l'appartement réservé sur AirBNB. 

Et, peu après, arrive un grand moment pour moi. Je décide, après des années de résistance acharnée, de sortir de mon état de dinosaure. J'installe mon support de téléphone acheté juste avant mon départ et me connecte sur l'application Maps.Me sur laquelle André m'a rapidement formé il y a deux jours. Et je rejoins la rue où se trouve mon appartement dans un quartier calme de la banlieue de Milan. C'est fait, je suis rentré dans le monde moderne!

 

 


 

 

Mardi 8 novembre. Pas besoin de réveil pour me sortir du lit. Je suis excité comme une puce. J'ai pu obtenir une accréditation presse et la présentation officielle de la Honda Transalp 750 est prévue aujourd'hui. Vingt minutes de marche jusqu'à la gare, trois minutes de train et c'est l'arrivée dans l'immense complexe de la foire exposition de Milan. Une longue marche m'emmène vers les trois halls. Il est 8 heures, les stands sont déserts et je sais que je vais en prendre plein les yeux pendant ces deux jours. Ma première visite est réservée au stand Honda, Transalp 750 oblige! Mais j'ai ouvert un article spécifique sur cette moto.

En long, en large et en travers, je vais donc arpenter les trois énormes espaces accueillant les constructeurs et équipementiers du monde entier. Les Chinois sont très présents, dans beaucoup de domaines. Leur implication dans le milieu moto est réelle et cela donne parfois des machines ayant tendance à se ressembler. Il y a comme une sorte de "copié-collé" chez certains trails, car c'est bien sûr cette catégorie de motos qui m'intéresse le plus. En outre, il faut distinguer les constructeurs chinois qui affirment leur origine (Voge, CF Motos, QJ Motor...) et ceux qui se cachent derrière une nationalité italienne. J'ai assisté à la présentation des nouvelles Benelli et, dans le discours, il y avait l'histoire de cette marque italienne plus que centenaire. Je dois reconnaître aux Chinois une grande dextérité dans le domaine commercial (et peu de scrupules!). D'abord le rachat d'une marque reconnue mais mal en point, puis, progressivement, le développement de cette marque avec des produits fabriqués en Chine et l'utilisation de l'image de cette entreprise européenne. Moto Morini est dans la même situation. Le monde bouge...

 

 

BENELLI

 

 

 

 

 

 

 

 

MOTO MORINI

 

 

 

Chez les Chinois, j'ai même trouvé des marques nouvelles mais non importées chez nous, notamment Kove qui a dans son catalogue un trail de 800 cm3 ayant le mérite de ne pas reprendre l'esthétique un peu lourdaute que je constate souvent chez les marques chinoises avec à la clef un poids élevé. Là, c'est plutôt l'Africa Twin qui a servi de source d'inspiration et le résultat est plutôt séduisant sur le papier. Et, une fois au guidon, j'ai trouvé que la moto était contenue dans ses dimensions, plutôt fine, avec une hauteur de selle raisonnable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le stand de CF Moto est très vaste. Le constructeur semble se donner les moyens et les accords avec KTM pour la fourniture des moteurs participent à crédibiliser la marque chinoise. Une moto y est exposée avec quelques brèves indications du voyage effectué par un Tchèque. Je finis par  le rencontrer, ce grand gaillard, "ambassadeur" de la marque. Jaroslav Sima a déjà parcouru 80 000 kilomètres avec sa moto et compte dépasser les 100 000 kms. Même si son statut ne l'incite pas à critiquer la moto, je le sens plutôt franc quand je le questionne sur les problèmes rencontrés. Un amortisseur ayant vidé son huile à Istanbul et les rayons de la roue arrière cassés nécessitant le remplacement de la jante et c'est tout! Coté moteur, RAS. Quand deux voyageurs se rencontrent, ils parlent d'itinéraires futurs et l'Algérie est évoquée mais sa nationalité semble être un problème pour les autorités et il n'a pu à ce jour obtenir son visa. Nous avons évoquons l'Iran qui semble le tenter. Je le comprends! 

 

 

 

 

 

Chez le voisin Voge, il y a aussi de nombreuses machines présentées.

 

 

Plus loin, c'est QJ Motors qui a amené une nouvelle moto munie d'un moteur directement dérivé de celui de la V-Strom 650. Esthétique bizarre avec ses deux phares superposés qui me rappellent la première Versys 1000, accueil plutôt froid sur le stand et, au final, j'apprends que la moto n'est pas prête! Il en est de même de la SRT 800.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le moteur électrique déjà très présent dans l'industrie automobile commence à se développer chez les deux roues. Mais, on sent que l'on en ait aux balbutiements et chacun  amène ses idées et sa conception du deux roues du futur. Cela donne des solutions variées, certaines me laissant dubitatives. Pour l'instant, c'est la mobilité urbaine qui est la plus concernée mais les propositions concernant la moto arrivent également. Je suis monté sur la nouvelle Zéro DSR/X, un gros trail mais quand je vois l'autonomie et les temps de charge, je me dis que ma petite Honda et ses 500 kilomètres avec le plein a encore de l'avenir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chez Moto Guzzi, la nouvelle V100 séduit les visiteurs ... et moi aussi. Je m'installe dessus et je trouve que la position est plutôt naturelle. La moto respire la qualité; on est loin des Moto Guzzi d'antan qui vieillissaient à vitesse grand V! Je ne serais pas contre un petit essai pour apprécier les qualités du V-twin refroidi par eau. Les premiers compte-rendus des journalistes étaient assez enthousiastes.

A quand le trail après la routière?

 

 

 

 

 

 

Pour rester en Italie, un petit tour chez Fantic permet d'y voir la Caballero 700 équipée du moteur de la Yamaha Ténéré. Trop dénudée  pour moi, mais l'excellent moteur lui ouvre de nouveaux horizons.

 

 

 

 

 

SWM, ancienne marque de motos tout terrain, est également présente. Mais les modèles équipés du monocylindre Honda du siècle dernier me paraissent peu séduisants, déjà dépassés.

 

 

 

 

Il ne faut pas oublier les Français. Non, je ne vais hélas pas vous annoncer la renaissance de Voxan mais le stand de Brough Superior vaut le détour. Quel plaisir d'attarder son regard sur ces motos superbes, uniques dont la qualité de réalisation fait rêver.

 

 

 

 

 

 

 

Il y a aussi Peugeot ayant amené un deux roues qui n'est pas un scooter. Oui, il s'agit bien d'une moto prévue en 125 et 300 cm3. Mais, cela fait une quarantaine d'années que j'entends régulièrement parler du retour de la marque française ( franco-indienne puisque rachetée par Mahindra) et je deviens sceptique sur le devenir de ce nouveau modèle. Je me suis quand même assis dessus. La moto est petite, avec une esthétique très personnelle. Le nouveau scooter de la marque, le XP 400, qui arrive sur le terrain des scooters "tout-terrain" me semble avoir plus d'avenir. 

 

 

 

 

Et le Japonais? Je les aurais presque oubliés tant il y a du monde autour d'eux.

Chez Suzuki, je suis bien sûr allé voir la V-Strom 800 et son bicylindre en ligne. Elle sera une concurrente directe de la Transalp, c'est évident. Même gabarit, hauteur de selle similaire, un peu plus de débattements de suspension pour la Suzuki, équipement plus fourni chez cette dernière. Par contre, esthétiquement, j'ai du mal à accrocher et je reste dubitatif sur les 230 kilos annoncés. Un essai s'impose!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hormis la Transalp 750, privilégiée, qui a droit à son article rien que pour elle, je trouve très sympa la nouvelle CL 500 Scrambler. Moto simple dont la base semble être le custom. Le train avant est celui de ma moto (donc 19 pouces et 150 mm de débattement), le guidon ressemble également au mien. Bonne position de conduite avec une selle moins haute que sur la CB 500 X. J'espère que les amortisseurs à l'arrière seront à la hauteur. Elle fait partie des motos que j'aimerais essayer.

 

 

 

 

 

 

Quant à la Hornet qui a reçu un accueil un peu frileux concernant son esthétique, je la trouve au contraire bien équilibrée (il faut dire que j'aime les motos plutôt discrètes) avec un blanc qui contraste à merveille avec le cadre et la fourche de couleur rouge. Je crois qu'il y aura très bientôt des essais et j'aimerais bien me mettre à son guidon pour juger du moteur identique à celui de la Transalp (même si Honda a annoncé une cartographie d’allumage optimisée pour un usage tourisme et un accélérateur électronique  avec des spécificités propres à la Transalp).

 


 

Je rentre un brin épuisé de cette première journée et je repars autant motivé le deuxième jour. L'occasion de m'attarder sur certains modèles et surtout d'aller voir celle qui constitue pour moi la  très belle surprise du salon.

C'est chez Rieju, la marque espagnole spécialisée dans les 50 avec boîte de vitesses, que je tombe en arrêt devant l'Aventura 500. Il y a d'abord cette esthétique directement inspirée par l'Africa Twin. Il y a surtout une qualité de fabrication bluffante. Ajustements précis, parfaite intégration de tous les éléments de la moto. Je fais le tour de la moto, m'attarde sur elle, je ne trouve rien à redire. C'est propre, net. Je rencontre Monsieur Mendez, le directeur commercial pour la France, le plus gros marché du constructeur. Je veux en savoir plus sur cette moto!

Devant l'arrêt inéluctable des 50 à vitesses dans quelques années compte tenu des normes anti-pollution, il m'explique qu'il y a la volonté du constructeur de développer une gamme de motos. Et cette Aventura est celle qui a été choisie pour ce challenge. J'ai tout de suite reconnu le moteur en arrivant, c'est celui des Loncin 500, copie conforme de celui de ma CB 500 X. Il a été choisi pour sa réputation de robustesse.

Caractéristique particulière de la moto, la présence de DEUX réservoirs pour une autonomie de 1000 kilomètres. J'interroge Alberto Mendez sur l'utilité d'un deuxième réservoir alors que les 20 litres du premier garantissent déjà 600 kilomètres d'autonomie. C'est une manière de nous démarquer de la concurrence, me répond-il. En tout cas, l'intégration de ce deuxième élément sous la selle est parfaite et ne fait que confirmer la superbe finition de cette moto.

Il m'autorise à monter dessus à condition de ne pas trop bouger car les suspensions ne contiennent pas d'huile (!). Position naturelle, comme j'aime, avec les jambes bien dépliées. Je ne peux obtenir plus de renseignements sur les débattements des suspensions. Par contre, j'apprends que l'essayeur qui arrive juste d'Espagne vient de tester l'autonomie. Résultat: 930 kilomètres! Quant à la commercialisation, elle est prévue pour avril 2023 et le but est de parvenir à un prix n'excédant pas 8500 euros. 

Certains vont tiquer devant la cylindrée de "seulement" 500 cm3. Personnellement, quand je vois les qualités de véritable routière affichées par ma moto munie du même moteur, un tel choix de la part de ce petit constructeur recueille mon approbation. J'ai hâte de pouvoir un jour essayer cette séduisante moto.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Je poursuis ma visite, m'arrête un instant chez les nombreux équipementiers, note la nombreuse présence de vélos. Certains, électriques, ressemblent à des motos alors que de nouveaux constructeurs de motos électriques proposent des modèles rappelant les deux roues à pédales. Quand deux mondes se rejoignent... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Jeudi matin. Il est temps de rentrer à la maison. Il a plu toute la nuit. Pour la deuxième fois, je fais ce geste nouveau pour moi de brancher mon téléphone sur Maps.Me et quitte sans problème Milan. Oui, je sais, il me faut parfois un peu de temps avant d'intégrer les moyens de communication modernes!

Très vite, le brouillard s'invite. Pendant plus d'une heure, je roule sans rien voir de mon environnement. Puis, comme par magie, le soleil finit par percer. J'évite toujours soigneusement les axes principaux et trouve une route peu fréquentée qui m'amène jusqu'à Asti, puis Alba. L'envie est trop forte, je reprends le superbe tronçon jusqu'à Ceva que j'ai emprunté à l'aller. Et, de nouveau, ce n'est que du bonheur. La route s'élève d'abord au milieu des vignes, ma moto a des fourmis dans les pneus et ces derniers sont mis à contribution. Le revêtement est lisse mais accrocheur et je m'en donne à coeur joie. 

 

 

 

 

 

 

 

Plus tard, l'heure tourne alors que je rejoins la Valle Stura par une route détournée. Une petite voix dans ma tête tente de me dire que j'ai perdu pas mal de temps et que Grasse est encore loin mais je me contente d'apprécier l'instant. Je fais le plein à Demonte et entame l'approche du col de la Madeleine dans cette longue vallée cernée par des majestueuses montagnes. Soudain, la route se met à grimper et mon taux de plaisir aussi. Circulation clairsemée qui me permet d'insuffler un rythme soutenu à la montée du col, sans rupture. Dans les derniers kilomètres, il y a une succession de lacets (une vingtaine) que je m'applique à passer en perdant le moins de vitesse. J'en profite pour améliorer cette technique que j'ai commencé à essayer il y a peu; dans ces virages serrés à gauche, je parviens à conserver le 3ième rapport et, tout en maintenant l'accélération, j'appuie sur la pédale de frein pour "tendre" la moto. J'arrive ainsi à conserver ma vitesse et à conserver une moto stable. 

 

 

Je bascule sur le versant français. La lumière est superbe mais le soleil ne va pas tarder à disparaître derrière les montagnes environnantes. La descente sur Barcelonnette se fait dare-dare en restant vigilant car le revêtement est régulièrement mouillé.

 

 

 

 

C'est ensuite la montée du col d'Alos qui m'attend. Route étroite, déserte, parfois remuante, souvent humide, avec des tapis d'épines de pins mouillées piégeuses, puis de la boue déposée par le seul véhicule croisé, un camion forestier muni de chaînes. Enfin, en arrivant au sommet, quelques traces de neige. Pas de problème, je crois que j'aime ça, les conditions un peu délicates qui nécessitent de se surpasser. Je trouve qu'elles sonnent un goût exquis aux virées à moto, les sortant de la monotonie. 

D'ailleurs, dès le col franchi, je retrouve une route plus prévenante balayée par un soleil couchant aux tons orangés qui me donne du baume au coeur même si je sais qu'il annonce l'arrivée prochaine de la nuit.

 

La fin de l'étape risque d'être difficile. Et c'est le cas, après une descente rapide, j'arrive à Castellane à la nuit tombée. Encore 65 kilomètres et la fatigue qui s'installe. Je termine donc en roue libre jusqu'à la maison de mon frère. 

Cela fait alors 11 heures et 550 kilomètres que je roule . Etonnamment, je n'ai pas mal aux fesses et n'éprouve aucune douleur aux cervicales. Juste une fatigue normale après une telle étape.

Ma CB 500 X me confirme une fois de plus ses qualités de grande routière malgré les qualificatifs qui lui sont parfois attribués comme moto de débutant, moto de ville ou destinée aux petites balades du dimanche. Après trois ans et demi en sa compagnie, je la considère au contraire comme particulièrement adaptée aux longs parcours du fait de son autonomie confortable, de sa facilité de conduite, de son confort (bien amélioré, je dois le dire, par l'amortisseur Fournalès)  et de sa tenue de route au top qui la rend vraiment sécurisante.

Le seul bémol pour moi est en cas d'utilisation en duo où le moteur peut montrer ses limites. Mais pour moi qui roule exclusivement en solo, c'est une moto qui possède bien des qualités au delà de son prix contenu, de son entretien réduit et de sa consommation minime.

A ce sujet, après le plein effectué dans la Valle Stura et après deux cols franchis, l'ordinateur de bord indique une consommation moyenne de 2,7 litres... Cela ne fait que confirmer mes constatations précédentes à savoir qu'une utilisation de la moto sur des routes de montagne aboutit à des chiffres de consommation toujours bas. La descente compense largement la surconsommation de la montée. Je dois préciser que j'ai un style de pilotage qui favorise cette frugalité. Pour résumer, en faisant référence aux Grands Prix, je suis plutôt Moto 3 que Moto GP, maintien de la vitesse de passage en courbe plutôt que freinage tardif suivi d'une accélération puissante. Je prends beaucoup de plaisir à lire le terrain, à l'anticiper ce qui me permet d'adapter ma vitesse suffisamment à l'avance aux caractéristiques du tronçon que je vais aborder. Cela donne une conduite dépourvue de heurts. Mes consommations réduites en sont le résultat.

Une nuit réparatrice plus tard, je me sens en forme pour un  nouveau passage dans les gorges du Verdon. Il ne faut pas se priver d'un tel plaisir! Plus tard, je découvre une belle route entre Manosque et Pertuis. Les couleurs automnales ont pris de l'ampleur et le plaisir s'en trouve grandi.  C'est de nouveau Montpellier qui m'accueille, ou plutôt Jan Jac, un autre propriétaire de CB 500 X. C'est un gros rouleur et, pendant le repas chinois que nous partageons, il s'attarde sur les qualités de sa moto, véritable routière d'après lui. Même si j'en suis persuadé, c'est toujours bien de voir que d'autres motards partagent mon point de vue...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernier jour. Encore un itinéraire sympathique. Clermont l'Hérault, Bédarieux, Saint Pons de Thomières, Mazamet. Aujourd'hui, j'ai mis le turbo. Il faut dire que j'ai rendez-vous à Toulouse avant midi et comme je ne me vois pas y aller par l'autoroute, je n'ai pas d'autre solution que de rouler à un rythme soutenu. Là-bas, je rencontre Jean-Pierre Fournalès et j'en profite pour lui demander quand mon amortisseur aura besoin d'être révisé vu qu'il totalise 60 000 kilomètres. La question lui parait incongrue. "Roule" est sa réponse, je vais m'empresser de suivre son conseil! Il est vrai que mon amortisseur est au top de sa forme.

Le panneau Pau apparaît après une dernière partie d'étape placée sous le signe des virages.

6 jours de route, 2 jours de salon, 3000 kilomètres de bonheur.

 

PS: l'état de mes pneus après 11 000 kilomètres parcourus depuis le 22 août 2022. Je pense qu'ils n'iront guère au delà des 14 000 kilomètres. Il faut dire qu'ils ont connu des routes abrasives et accidentées. Leurs qualités sont indéniables et j'ai opté pour la même monte lorsqu'il faudra les remplacer prochainement.