Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

KTM Adventure 1050

Il y a une douzaine d’années, j’avais eu le loisir de me mettre au guidon d’une KTM Adventure. C’était lors d’une balade et j’avais délaissé ma Transalp pour le passage d’un des nombreux et beaux cols que possède notre région. Avec un comportement moteur assez spécifique, voire chaotique, mon impression avait été mitigée. J’aurais bien voulu apprécier les qualités routières vantées par mon ami, mais j’avais surtout tenté de compenser les à-coups à chaque passage de vitesses, en vain, malgré une attention de tous les instants. Et c’est avec plaisir que j’avais retrouvé ma Transalp et sa douceur.

Une concession KTM ouvrit ses portes à Pau, en début d’année. Ce fut l’occasion pour moi d’aller y faire un tour. Mon intention était de voir la nouvelle KTM 1050 qui venait compléter la gamme des gros trails de la marque. Justement, autant les grandes sœurs me paraissaient excessives, avec leur puissance, leur équipement pléthorique, leur encombrement, la «petite » dernière me donnait l’impression d’être plus accessible, plus réaliste, plus proche de mes attentes.

Pas de chance, elle n’était pas encore arrivée, mais le concessionnaire m’avait invité à venir l’essayer.

Mercredi 29 avril 2015, j’ai l’après-midi de libre, le temps est partagé entre la douceur printanière et une fraîcheur matinale encore présente.

Aujourd’hui, la 1050 est bien là, et elle m’attend. Le concessionnaire la sort, le laisse chauffer, et met la cartographie en mode intermédiaire.

La moto est assez imposante. Je l’enfourche et, une fois assis, je me sens bien installé, avec une hauteur de selle bien plus raisonnable que ce à quoi je m’attendais. Peut-être une selle étroite en est à l’origine.

J’actionne le levier d’embrayage d’une grande douceur et démarre sur un filet de gaz ; deux cents mètres plus loin, je sens que je vais bien m’entendre avec cette moto. La boîte de vitesses est onctueuse et précise, comme j’aime.

La position de conduite est excellente, guidon haut tombant naturellement sous les mains, repose-pieds bas. Je note que la bulle envoie le filet d’air au niveau du casque, ce qui génère du bruit.

Je me dirige, via la rocade sud, vers la route sinueuse de Lacommande, la moto révèle sa bonne volonté avec un moteur étonnamment souple, compte tenu de sa cylindrée.

Clignotant gauche, enfin une vraie route avec des bosses, des virages et du relief.

Dès les premiers virages, la moto se balance avec naturel, le train avant s’engage avec aisance, mais sans vivacité excessive. J’aime beaucoup ce comportement rassurant qui me donne envie d’aller à la recherche de routes encore plus étroites. La fourche absorbe bien les inégalités nombreuses, l’amortisseur arrière me parait un peu plus ferme, mais je reconnais être très difficile sur ce point, après des années de Transalp.

La Transalp, justement, parlons-en, car c’est à elle que je me mets à comparer cette KTM. J’ai oublié ses dimensions généreuses et je n’ai pas le sentiment de chevaucher une 1000 cm3. D’ailleurs, la petite route étroite que je viens d’emprunter se termine dans une ferme ; je dois faire demi-tour et cela s’avère aussi évident qu’avec ma fidèle monture. Je m’arrête pour une photo de l’endroit et, au moment de repartir, la moto se soulève de la béquille latérale avec facilité.

 

 

Plus tard, j’attaque une belle montée sinueuse et j’apprécie le freinage arrière qui répond au doigt (de pied !) et à l’œil, permettant d’asseoir la moto pour bien l’inscrire dans les virages ; le freinage est puissant à l’avant, mais pas brutal. Il participe à ce sentiment de sérénité qui m’envahit peu à peu. Le moteur, quant à lui, tracte avec vigueur, mais sans jamais donner l’impression de trop en donner. Non, je sens que je reste maître à bord.

J’apprécie tout particulièrement son comportement, sur le filet de gaz, en virage ; il se fait complètement oublier, et reprend, sans la moindre amorce de brutalité dès la remise des gaz. J’ai retrouvé ce que j’apprécie tant chez les nombreuses Honda que j’ai essayées, cette faculté à ne perturber à aucun moment le pilote qui est derrière la poignée de gaz.  C’est pour moi une qualité essentielle car on retrouve ces circonstances de route en permanence, celles où l’on n’est pas en train d’accélérer ou de freiner, ce moment important de jonction entre les deux.

Peu après, la route prend ses aises, les courbes ont le profil arrondi qui invite à ciseler des trajectoires. Je demande un peu plus au moteur, mais cela reste modéré et je ne dépasse pas les 6000 tours/minute. C’est largement suffisant pour aller vite, trop vite même et la prudence reste de mise. C’est bien un 1000 cm3 qui œuvre sous mes fesses. Je me remémore alors l’avis du journaliste qui craignait que ce moteur soit un peu juste en duo, dans les montées de cols !

Le châssis se révèle très sécurisant dans ces enfilades de courbes et la moto se dirige naturellement.

Je viens de quitter Lasseube et je bifurque sur la gauche. La route étroite m’attire. Peu à peu, j’oublie que je suis en train de faire un court essai de cette moto, je me surprends à musarder, visière entrouverte, comme je le ferais avec ma Transalp. La moto se fait oublier, et elle me mène là où mes envies la guident.

 Nouvel arrêt photo. Par mégarde, je redémarre sur le deuxième rapport et cela se fait en douceur, sans la moindre réprobation au niveau du moteur. Etonnant ! Ce V-twin est une réelle réussite, loin de la rugosité à laquelle je m’attendais. Il vit, sous la selle, mais sait y mettre la manière.

Je termine ma balade d’un peu plus d’une heure. Un signe ne trompe pas, je n’ai pas envie de rentrer, juste celle de rouler, encore et encore.

 

Ce n’est pas trop dans ma nature mais je tente une petite accélération en montant les rapports à 8000 tours/minute. Bigre, ça pousse, et fort. Je me demande à quoi peuvent bien servir les 160 chevaux de la grande sœur, la 1290.

Je dépose à regret la moto devant la concession. Je la regarde ; c’est vrai qu’elle a un physique particulier, notamment cet avant avec son phare étrange, et son pot proéminent n’arrange pas les choses, mais c’est une sacrée bonne moto.

Je m’attendais à ce qu’elle me parle, cette moto, mais je ne pensais pas qu’elle me jouerait une aussi belle partition. Un modèle d’équilibre.

 

 

Oui, c’est vrai, elle m’a fait de l’effet, cette Katoche. Il me tarde de la comparer avec la très prochaine Africa Twin, qui semble arriver dans le même créneau, celui des trails qui ont  abandonné, à juste titre d’après moi, cette course à la moto qui veut en avoir plus que sa voisine  (poids, dimensions, électronique, équipement ….prix) en oubliant l’essentiel.