Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Sixième partie: Honda Paneuropean + EML GT3: le "camion"

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31 juillet 2011. Ce jour est important.

 

Ce qui n'était jusqu'à aujourd'hui qu'un vague projet est devenu bien réel ..... tout au moins dans ma tête.

Pour résumer, nous envisagions, juste avant que Manon intègre le cours préparatoire, une virée à trois pendant trois-quatre mois.

Avec deux véhicules: la petite Honda 250 CBF et notre futur side-car.

Le problème, c'est que, au fur et à mesure que la date fatidique approchait, je réalisais que, financièrement, c'était mal engagé.

 

 

 

Jusqu'à ce que l'idée lancée par d'autres d'un petit prêt pour l'achat du side-car d'occasion et qui me paraissait irraisonnable, s'immisce, hier, dans mon esprit, alors que je pédalais sur les coteaux autour de Pau. Rien de tel qu'un peu de vélo pour oxygéner le cerveau!

Il n'y avait plus qu'à annoncer la couleur à Marie qui ne sembla pas opposée à l'idée, tant elle semblait avoir envie d'être convaincue.

Bref, 24 heures après, j'ai le doux sentiment que le voyage a commencé!

Bon, il reste un paquet d'obstacles à franchir, mais, ça y est, j'y crois!

 

La première étape consiste à s'immerger dans ce monde du side-car que j'ai côtoyé, il y a bien longtemps, en 1986. 

Justement, celui qui avait attelé ma moto à l'époque, à Troyes, habite dans la région et je lui ai passé un coup de fil pour savoir s'il était ouvert en août. une visite va rapidement s'imposer chez Choda.

En plus, un ami a acheté un vieux side-car Moto Guzzi Convert et nous sommes allés le voir pour jauger un peu les réactions de Manon face à cet engin bizarre. A priori, il n'y a pas de phénomène de rejet vu qu'elle a demandé à monter dedans, mais nous n'avons pas encore testé la partie conduite. pour ma part, je pense qu'elle peut l'aimer autant que sa petite remorque de vélo, justement parce que c'est à son échelle.

La machine est lancée!


 

 

Je sens que je vais très souvent consulter le site LeBonCoin à la recherche de notre futur trois roues. 

J'ai déjà une idée sur la marque, Honda, que je ne veux pas quitter, tant je connais la fiabilité et parce que j'ai une relation privilégiée avec mon concessionnaire. Cela limite le choix et, au 7 août 2011, voilà ce que j'ai trouvé dans notre gamme de prix:

 

 

La Paneuropean me semble la moto idéale pour nous, compte tenu de sa robustesse avérée mais, au prix que nous pouvons mettre, cela passera forcément par une machine au fort kilométrage.

 

j'ai contacté mon ami Richard, en qui j'ai totalement confiance et qui m'a déjà  déniché deux Transalp d'occasion impeccables; il m'a dit de ne pas oublier les "vieilles" GoldWing, motos auxquelles je n'avais pas pensé à priori.

 

Cela mérite réflexion....

 

 

 J'ai remonté le temps en cette veille du 15 août en m'arrêtant dans le petit village de Pompejac, près de Langon pour y rencontrer Albert Choin, fabricant de side-cars de marque Choda.  En effet, il y a 25 ans, c'est à Troyes que je m'étais rendu pour faire atteler ma Honda 500 VTE. Et c'était le même personnage qui avait officié.

Il n'a pas changé: calme, souriant, fourmillant d'idées.

 

Mon idée était de m'immerger dans le monde du trois roues et de recueillir des informations avant de me lancer dans l'achat de notre side-car.

 

Après quelques heures passées avec lui et sa femme, j'ai eu le sentiment d'avoir frappé à la bonne porte et je suis reparti confiant. Je sais qu'ils pourront m'aider dans mon choix et leur proximité est rassurante.

Albert m'a conforté dans mon choix; la Paneuropean ne pose pas de problème particulier.

En outre, j'ai pu voir deux de ses réalisations en cours d'achèvement et je dois reconnaître que le travail inspire confiance.

Devant l'atelier, il y avait son attelage, une magnifique Hayabusa attelée à trois roues motrices!

Choda

Choda

Choda

Choda

 

 

Quelques jours après, je me suis mis à rêver en recherchant, sur LeBonCoin des attelages au delà des 10 000 euros et voilà ce que j'ai trouvé. Cela me permet de me faire, peu à peu, une idée des prix dans ce milieu que je découvre.

 

 31 août 2011: je viens de jeter un oeil sur le site LeBonCoin qui va devenir incontournable.

Une annonce a retenu mon attention, avec un side car EML. Prix raisonnable, kilométrage pas, trop élevé, side à priori spacieux et donnant une impression de sérieux.  Je dois reconnaître que l'attelage me tente mais, à moins de trois semaines de notre voyage sur la côte adriatique, ce n'est guère le moment de se disperser en entamant les démarches avec le vendeur. J'espère que l'annonce sera toujours là à notre retour.....

Je vais quand même demander l'avis d'Albert Choin.

 

Sinon, en restant dans la gamme Honda, la Big One, hormis sa chaîne, me semble être une bonne base.

 


 

Lundi 17 octobre 2011: certains coups de téléphone ensoleillent la journée. ce fut le cas de celui reçu hier.

Richard et Annine rentraient de Vendée où se trouve le side-car convoité et, manifestement, l'attelage leur a plu. Propre, avec un moteur qui semble en forme.

Je viens d'appeler la Mutuelle des Motards qui propose une assurance d'un montant plus que raisonnable: 180 euros. Comme me l'a dit mon interlocuteur au bout du fil, un side-car est difficile à voler ..... et à écouler ensuite!

Tout s'accélère alors que nous sommes en train de chercher une nouvelle 250 pour Marie car la rusticité du monocylindre refroidi par air ne convient pas totalement à son style de conduite tout en douceur et en souplesse. Une Honda 250 VTR, petit bicylindre en V de toute beauté, devrait prochainement s'inviter dans notre garage.

J'ai le coeur qui bat un peu plus fort ce matin. Car, ce n'est pas seulement une nouvelle moto qui risque d'arriver à la maison bientôt, mais aussi une nouvelle façon de conduire qu'il va falloir intégrer,  vu que mes derniers tours de roues avec un attelage remontent à 22 ans! 

Et, c'est Manon qui va prendre place dans le panier, ce qui n'est pas rien pour un papa. 

Bref, ça se bouscule un peu dans ma tête, mais, en même temps, qu'il est bon d'avoir des projets qui nous portent.

Pour notre part, après un beau voyage sur la côte adriatique qui vient de s'achever il y a une semaine, voilà de quoi meubler nos journées.

 

En attendant, je peux regarder et regarder encore les quelques photo envoyées par Richard...

 

 

 

 

Ce week-end de Toussaint fut un peu spécial, non pas parce qu'il fut long, mais parce que nous sommes devenus propriétaires d'un side-car le 29 octobre 2011.

 Les propriétaires, originaires de Vendée, sont gentiment venus livrer l'attelage chez Richard et Annine, un couple d'amis de Charente Maritime.

Je l'ai trouvé très beau, notre side-car et c'est en toute confiance que j'ai remis le chèque car Richard m'avait donné son feu vert technique après être allé le voir.

D'ailleurs, nous sommes repartis sans lui car Richard s'est proposé de changer la courroie de distribution, opération raisonnable quand on sait que la moto vient d'avoir ses 18 ans.

 


 

 

 

Quelques jours plus tard, une photo de l'attelage en pleine révision nous met dans l'ambiance.

 

 

 

 

 Et, jeudi 17 novembre 2011, jour dont je me souviendrai longtemps, Richard me fait parvenir des photos de l'attelage. Superbe! Il brille comme s'il était neuf. En outre, je sais que le simple changement de courroie s'est transformé en inspection générale et qu'il a passé de longues heures à peaufiner la préparation de notre side-car en prévision de notre grand voyage prévu dans 18 mois.

 Je suis ému et heureux.

 

 

 

 

Je m'empresse de téléphoner à Albert Choin pour réserver un week-end de formation à la conduite si spéciale des trois roues.

Ce sera pour les 2 et 3 décembre.

 

Plus que dix jours avant notre entrée dans un nouveau monde....

 


 

 

 

 

Jeudi 1er décembre: je suis dans le train, situation peu courante pour moi, plus enclin à me mettre  au guidon d'une moto qu'à fréquenter les halls de gare. Richard m'attend à l'arrivée, à Saintes.

Après une nuit chez mes amis, voilà venir LE moment, celui où je monte sur notre side-car rouge, bichonné par les mains expertes de Richard.

A allure réduite, tendu, je prends la route. Bon, ce n'est pas gagné, j'ai, semble-t-il, tout oublié de mon expérience passée au guidon d'un attelage, entre 1986 et 1989 exactement. Heureusement, la pluie de la nuit a cessé et la lumière est belle, entre nuages et soleil.

 Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

Honda Paneuropean EML GT1

 

J'arrive chez le frangin, après 140 kilomètres, aussi fatigué qu'après une journée complète de route en moto, et ce n'est pas seulement à cause du rhume qui s'installe!

Le lendemain, encore une cinquantaine de kilomètres, toujours sous tension et, enfin, j'arrive chez Choda, pour suivre mon stage de conduite.

 

Marie Choin me prend en main.... en me dirigeant vers le pré voisin, alors que la pluie s'installe. Je vais consciencieusement le labourer, sous la direction de ma "prof", très efficace, notant tout de suite ce qui ne va pas et, surtout, sachant ce qu'elle doit faire pour faire rentrer dans ma petite tête les solutions à mes problèmes.

Et, ça marche. Peu à peu, je me détends, je comprends mieux comment ça fonctionne, un trois roues.

Le soir, la fatigue s'installe doucement devant un bon repas ( c'est qu'elle cuisine bien, Marie!). Peu avant, j'ai pu voir Albert Choin à l'oeuvre sur un side-car qu'il est en train d'installer sur une Moto Guzzi. Calme, efficace.

 

 J'ai aussi pu admirer deux de ses réalisations. vraiment du beau boulot.

 

Et le retour à la maison s'effectue en toute sérénité, détendu mais je ne relâche pas mon attention car j'ai conscience qu'il va me falloir du temps pour maîtriser la bête , ses 500 kilos et 2 mètres de large.

 Conduire une moto m’est devenu un acte naturel. Que ce soit au guidon d’une frêle 125 ou d’un gros cube. C’est comme pour respirer, je n’ai  pas besoin d’y penser.

800 000 kilomètres en moto m’ont patiné au point qu’un deux roues motorisé devient mon prolongement. Et c’est une sensation très agréable.

Mais, depuis deux semaines, terminé ce doux sentiment de faire corps avec sa machine, je suis redevenu un pilote débutant, attentif, très vigilant, tendu parfois, perplexe aussi de temps en temps.

La raison, c’est cette masse de 500 kilos qui semble vouloir me dire qu’elle ne va pas se laisser dompter comme ça, que je vais devoir la mériter et que, malgré les premiers frimas de l’hiver, elle va me faire transpirer sous mon casque et mon blouson.

Après six cents kilomètres parcourus, je dois reconnaître que je suis loin d’avoir tout compris de cet engin anti-mécanique au possible.

Pensez, vous prenez une moto dont la finalité est de pencher pour enchaîner les virages de la route et vous la forcez à rester droite en lui attachant une caisse toute bête à ses côtés. En lui disant : « Voilà, roule maintenant, et  bien droit s’il te plait ! ».

Alors, c’est bien naturel, elle se rebiffe comme un cheval sauvage que l’on monte pour la première fois en lui  faisant comprendre que, dorénavant, il ne pourra plus vaquer en liberté dans les grandes prairies.

Elle montre son désaccord, par des réactions bizarres, un peu inquiétantes pour son pilote. Et ce pilote, c’est moi, qui, prudemment, essaie d’oublier tout ce qu’il a appris au cours de ces trente années de deux roues. Et  ce n’est pas facile.

Hier au soir, sur le plateau de Ger, peut avant minuit, j’ai réalisé ce qui faisait blocage chez moi. Que ce soit au volant d’une voiture (berk !) ou d’une moto, c’est à un tout indissociable que j’ai affaire. Là, étrangement, je sens que je suis aux commandes de deux entités autonomes qui, contraintes et forcées, doivent tailler la route ensemble. Il y a d ’un côté la moto, avec son moteur, sa transmission, son guidon, bref tout l’équipement qui peut lui laisser croire qu’elle est en position dominante et, à côté, cette malheureuse caisse, avec son petit pneu de 2 chevaux, son frein riquiqui, qui, sous son aspect discret, affirme son caractère à tout moment, lorsque la route se fait bosselée, dans les virages, au freinage. C’est l’histoire de deux êtres condamnés à vivre ensemble, une liaison contre nature.

Et, moi, pauvre motard esseulé, je me retrouve à subir les conséquences de cette relation non désirée…

 

 







Les fêtes de Noël, c’est pour beaucoup, le moment pour des repas sans fin, de longues soirées et des cadeaux distribués aux uns aux autres.

 

Vu que, mon cadeau, je l’avais eu avant la date fatidique du 25 décembre, j’ai décidé que la semaine de Noël était justement l’occasion de me servir de ce beau camion rouge arrivé du ciel dans le traineau du Monsieur habillé de rouge, lui aussi.

En toute honnêteté, je voulais surtout parfaire mon apprentissage car je me sentais un peu gauche à son guidon, ce qui complique la vie, surtout dans un pays où l’on roule à droite….  

Pendant cette semaine, j’ai donc pu m’immerger dans ce nouveau monde du trois roues en alternant petites routes sinueuses, froid, pluie,vent, nuit et parfois même en cumulant tous ces ingrédients !

Et ça valait le coup puisque, sur cette route qui serpentait au dessus de Moissac, oubliant soudainement mes doigts tétanisés par le froid, guidé par le pinceau du phare, un déclic s’est produit, sans prévenir.

Cela faisait 700 kilomètres que j’avais commencé cette balade hivernale et, imperceptiblement, cette tension permanente qui ne cessait de m’habiter a bien voulu se dissiper. Oh, bien sûr, j’étais loin de la décontraction totale qui m’accompagne quand je suis au guidon d’une moto, mais, toutefois, je ressentis comme une sorte de soulagement, de début de plénitude.  Je ne me battais plus avec mon attelage, je l’accompagnais dans ses réactions, ses dandinements ; il y avait comme un commencement de compréhension mutuelle entre nous.

C’est un peu comme avec certaines personnes, celles qui vous horripilent, tellement sont grandes les différences avec vous, dont vous ne comprenez pas toujours, voire jamais au début la façon d’être, de réagir. Parfois, si l’on insiste en continuant à les fréquenter, on perçoit chez elles quelque chose d’intéressant, d’enrichissant et on finit pas mieux les comprendre, les apprécier. C’est un peu comme cela que ça s’est passé avec le camion et je n’ai pas regretté notre escapade hivernale, même si j’ai conscience qu’il y a encore beaucoup de roulage à effectuer pour parvenir à l’ « oublier ».



Ce fut l’occasion d’avoir confirmation que c’en était fini des  basses consommations du petit mono vu que 7,5-8 litres/100 semble être la moyenne de l’attelage.


Le moteur donne une impression de force avec un beau bruit de V4 mais je reconnais qu’à ce jour, je suis long de l’avoir poussé dans ses derniers retranchements vu que j’atteins les miens très rapidement!


Sinon, j’ai noté que la présence du side-car perturbait la traînée aérodynamique de la moto en ce sens que je suis moins protégé sur la partie droite ; d’ailleurs, sous le froid matinal de Corrèze, j’ai attrapé l’onglet à la main droite. Cela complique également le contrôle du niveau d’huile et c’est tel le spéléologue, armé de ma lampe de poche et d’un  miroir, que j’ai réussi à vérifier le hublot de contrôle très bien caché dorénavant.


Bref, chaque jour, je découvre que le fait de rajouter une caisse  à une moto qui n’est à la base pas prévue pour en recevoir une à ses côtés ne va pas dans le sens d’une simplification des choses.


C'est peut-être aussi cela, le plaisir du trois roues….

 

 

 

 

 



C’est fait. Le compte à rebours a vraiment commencé depuis ce 1er mai 2012.

Dans moins de 365 jours, si tout va bien, notre camion, accompagné par une gracile moto rouge, va larguer les amarres pour 14 semaines avec la mer noire comme point de repère.
 
Dans ma tête, cela change pas mal de choses, comme si, du jour au lendemain, je prenais conscience de l’ampleur de la tâche pour préparer ce futur voyage. D’un autre côté, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive et j’ai toujours cette réaction , un mélange d’excitation et de peur de ne pas être prêt à  temps.

Pour ne pas trop gamberger, j’ai rendu visite à un ami, Bruno, qui a justement l’art de me rassurer. Excellent mécano, je crois qu’il se complait dans les situations les plus difficiles, genre réparer sa moto ou son 4X4 sur le bord d’une piste marocaine ou algérienne  (expériences vécues !).

 

En quelques courtes heures, on a pu faire le point sur tout ce qui pouvait être amélioré sur le side-car  (silent-blocs, joints d’étanchéité, amortisseur, installation d’un phare anti-brouillard, fixation du siège enfant etc…) et de la moto ( installation d’un pot d’échappement unique à gauche).

En outre, mon frère a proposé l’achat d’un talkie-walkie pour pouvoir communiquer avec Manon qui sera un peu isolée dans le side.

Bref, maintenant, nous avons un programme ; il n’y a plus qu’à le réaliser dans les meilleures conditions possibles.

Dans une semaine, j’ai rendez-vous avec Albert Choin, ce spécialiste du side-car qui a eu la bonne idée de s’installer dans ma région, il y a quelques années. Lors de mon stage de conduite début décembre, Albert m’avait suggéré, en vue d’améliorer le freinage avant, qu’il trouvait un peu faible, de le coupler avec le frein du side. C’est cette opération qu’il va réaliser le 12 mai. J’en profiterai pour le questionner sur les possibilités d’amélioration de l’attelage car les 2000 kilomètres parcourus depuis son achat m’ont permis de relever quelques défauts que je souhaite supprimer.

Sinon, je suis de moins en moins tendu au guidon de notre camion ( je n’irai pas jusqu’à dire que je suis de plus en plus décontracté !) . Surtout, j’ai réalisé, le week-end dernier, que, avec un passager dedans, tout devenait beaucoup plus facile. La répartition du poids s’approche de l’idéal et, avec Marie, nous avons parcouru 300 kilomètres, dont une bonne partie en montagne et sous la pluie, et j’ai enfin pu conduire avec relâchement, même dans les descentes de cols que je craignais le plus.

J’ai pu constater qu’il était vaillant, ce V4, dans de telles conditions, acceptant de tracter l’ensemble sans avoir besoin de monter les régimes.

Seule une zone de vibration (résonance?) à certains régimes se révèle gênante, surtout pour la passagère dans le side-car et c’est le point essentiel qu’il va falloir améliorer, après avoir trouvé quelle est son origine. 

Il y a de quoi s’occuper pour les douze mois à venir….

 

 

 

 

 

 

 Le futur itinéraire, encore très imprécis.

 

 

 

 

 






Le camion est rentré à la maison après deux mois d’absence. Il a rencontré un chirurgien esthétique qui lui a fait un lifting.

Nous l’avions emmené chez Albert et Marie Choin, de la maison Choda à Pompejac, car la capote était (très) fatiguée et il y avait besoin d’installer des ouvertures pour que Manon puisse respirer sur les routes turques ou arméniennes.
Jamais à court d’idées, ils nous avaient proposé de diminuer la hauteur de l’ensemble, effectivement inutile et à l’esthétique un brin surannée.

Dimanche 27 janvier 2013, de retour de Dordogne, nous récupérons donc notre Camion rouge alors que Madame la Pluie officie consciencieusement depuis le matin. Pare-brise neuf et résistant, capote qui inspire confiance, fermeture et ouverture par l’intérieur, ceinture pour fixer le rehausseur, il y a eu du changement. De profil, les quinze centimètres de moins donnent un ensemble plus harmonieux.

Bon, il y a 150 kilomètres pour rentrer à la maison et la pluie semble redoubler de violence. Je me dis que ce sera l’occasion de vérifier l’étanchéité de la nouvelle capote !

Bilan positif, vu que j’ai roulé deux heures en ayant l’impression que quelqu’un, là-haut, m’avait jeté des seaux d’eau sans discontinuer. Avec la nuit qui s’était installée et la visière embuée qui m’obligeait à la garder ouverte, j’avais de l’eau à extérieur et à l’intérieur du casque. Il ne manquait que les phares des nombreuses véhicules que je croisais sur l’autoroute pour parfaire le tableau en m’aveuglant complètement.

Et pourtant, en regardant les voitures me doubler avec des passagers bien  à l’abri et au chaud, à aucun moment, je n’ai envié ces derniers.
Je crois que j’aime ce contact avec les éléments extérieurs, même si parfois ils sont un peu extrêmes. Mon corps a besoin de ces contrastes. J’ai alors l’impression de vivre pleinement. Contrairement à la voiture avec laquelle je vais d’un point à un autre, en moto, je voyage au point que la destination n’est pas vraiment importante. C’est le chemin pour y aller qui prend toute sa valeur. Et ça change tout.

Je pense à ce dessin de Christian Debarre, l’auteur du premier Tome ( le meilleur pour moi) du Joe Bar Team où l’on voit Edouard Bracame rêver qu’il est à bord d’une voiture confortable, bien au chaud et se réveiller brusquement dans un side-car, sous la neige, en annonçant à son pilote : « J’ai fait un de ces cauchemars ! ». Je m’y retrouve complètement.

Joe Bar Team Christian Debarre

Il n’empêche que, au péage, lorsqu’il a fallu chercher mon billet de 20 euros oublié dans la poche arrière de mon jean, lui-même recouvert d’un pantalon de ski, le tout enveloppé dans ma combinaison de pluie, je me sens un brin contrarié. Et, quand, dégoulinant, les gants gorgés d’eau, les bottes bien trempées, j’assiste au dur combat d’un billet systématiquement rejeté par la machine, je ressens comme un vague moment de découragement alors, que, isolée dans son « bunker », une dame tente de me convaincre par micro interposé, qu’il faut que je défroisse mon billet !
L’autoroute avait déjà un côté inhumain, mais depuis la disparition des péagistes, elle bat tous les records dans le domaine …..

Quelques minutes plus tard, en rentrant, au chausse pieds, notre attelage dans le petite garage, j’ai pourtant le sourire.

 

Une étape dans la préparation de notre voyage vient d'être franchie.

Il n’y a plus qu’à poursuivre ce chemin jusqu’au 8 mai, jour du départ.   

 

 

 

 

 

 

 



Un peu plus de cinq semaines avant le départ. C'est la période où tout s'emballe dans la tête, face aux multiples interrogations sur ce qu'il est nécessaire de faire sur les motos. Pour la VTR 250, pas de souci, la moto est récente et il n'y a "que" deux roues.

 

C'est un peu plus compliqué avec le side-car  et ses vingt ans. Je me pose des questions, je tâtonne, je cherche des solutions et, parfois, le doute s'immisce.

La phase réflexion vient de s'achever et nous sommes rentrés dans la phase réalisation.

Après bien des hésitations pour améliorer le confort sonore de Manon, j'ai trouvé des panneaux isolants appelés masses lourdes par la fabricant. Cela a occasionné une bonne séance de découpage pour s'adapter aux formes tarabiscotées de l'intérieur du panier. Il faudra voir à l'usage ce que cela donne. L'achat d'un casque acoustique pour Manon devrait de toute façon améliorer son confort.

Une commande a été passée chez Fournales pour un amortisseur qui devrait grandement améliorer la situation car, actuellement, ça bouge beaucoup trop à l'intérieur du panier. Cela peut amuser Manon sur quelques kilomètres, beaucoup moins pendant les trois mois du voyage....

Enfin, les sept grosses rondelles en caoutchouc qui isolaient la caisse du châssis vont être avantageusement remplacés par de véritables silentblocs.

Avec la précieuse aide de Bruno, la caisse du side a été désolidarisée du châssis et j'ai réalisé que c'était quand même très rustique un side-car de vingt ans d'âge! 

La pression augmente, mais c'est une bonne pression, celle qui permet de rentrer un peu plus dans notre voyage. Cette petite partie de mécanique me permet en outre de mieux comprendre le fonctionnement de notre camion et de me donner un peu plus de confiance dans mes capacités, dans l'hypothèse où des problèmes surviendraient au cours du voyage.  

 

 

 

 

 

 

Nous y sommes presque!

Le Fournales est installé, ainsi que l'amortisseur de direction (celui en place commençait à fuir), les plaquettes de freins sont changées et les étriers avant bien grippés ont fait l'objet d'un démontage-nettoyage, une prise allume-cigare est fixée au carénage, les silentblocs sont en place, tous les boulons de fixation au cadre ont fait l'objet d'un serrage systématique pour limiter les jeux .

Encore un petit effort avec l'installation d'un phare sur le side et ce sera bon.

J'ai même trouvé un emplacement pour le pneu du side de rechange (sa dimension peu courante me pousse à en amener un au cas où).

Dans 21 jours, le départ....

 

 

 

 

 

 

Dimanche 21 avril 2013: c'est fini! Il ne reste plus que la vidange du moteur à faire.

J'ai passé l'après-midi du dimanche à installer les panneaux isolants, une vraie partie de puzzle compte tenu de la forme parfois tarabiscotée du side. Heureusement, la souplesse de ces panneaux facilitait le travail.

Un petit essai en famille a permis de vérifier le bien-fondé des modifications. Bon, le bruit du moteur est toujours là mais il n'y plus ce phénomène de résonance très  désagréable. Le montage sur silentblocs a fait son effet. L'amortisseur Fournales amortit bien, mais il va falloir réduire le nombre de bars pour l'assouplir.

Sinon, la conduite est devenue beaucoup plus agréable pour moi; l'attelage a gagné nettement en réactivité et je me sens plus en confiance.

Plus que 16 jours....

 

 

 

 

 

 

 

 



Il l'a fait, son tour de la mer noire!

 

Le camion est parti, est revenu, chargé comme une mule.

Le démarrage a été un peu chaotique avec l'amortisseur arrière de la moto que j'ai senti un peu faible dès le départ. Heureusement, j'ai pu me faire envoyer par Fournales un amortisseur en Turquie et, ( le hasard fait bien les choses) un mécano moto qui passait par là au moment où je montais l'amortisseur m'a spontanément aidé.

Il a senti tout de suite qu'il y avait du jeu dans l'axe du bras oscillant. Il m'a lors emmené dans son atelier situé à 25 kilomètres et a effectué la réparation (changement des roulements) dans les 24 heures qui ont suivi!

Résultat: nous avons pu affronter l'esprit serein les (très) mauvaises routes géorgiennes et ukrainiennes.

Sinon, RAS, le moteur de la Paneuropean me donne une impression d 'indestructibilité et ses 100 000 kilomètres ne semblent qu'une étape dans sa vie.

Par contre, je n'aurais pas imaginé qu' un side-car pouvait être inconfortable à ce point. Qu'est ce que ça bouge et que de bruits suspects ai-je pu entendre! En outre, sur ces routes défoncées, je prenais conscience des contraintes que subissait l'attelage.  Le side-car est vraiment quelques chose de spécial, anti-mécanique au possible. Je sais que le notre est vieux ( 20 ans) et j'ose espérer que des progrès ont été réalisés dans ce domaine.

En tout cas, comme me le disait parfois Manon: "Tu roules comme un escargot!".

Enfin, au niveau de la conduite, cette roue avant qui suit très fidèlement les déformations longitudinales de la route ne génère pas une conduite apaisée. Au contraire, elle est parfois source de brusques montées d'adrénaline quand l'attelage quitte soudain sa trajectoire. Ce ne fut pas de tout repos!

Au final, le bilan est positif. Nous avons pu réaliser un très beau voyage en famille pendant 15 semaines. Et, de retour à la maison, quand j'ai repris le guidon sans ma petite passagère et tous les bagages, je me suis surpris à rouler plus vite, avec un pilotage mieux maîtrisé. La formation intensive de 11 000 kilomètres a donc porté ses fruits!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout a une fin, dit-on.

Notre side-car a ainsi quitté le garage familial, le premier week-end de juillet.

Ce n’était pas prévu au programme, mais notre Manon nous a bien fait comprendre, après le beau voyage autour de la mer noire, qu’elle ne voulait plus monter dans le panier. Saturation après ces 15 semaines intensives ?

Nous avons attendu un peu et, après avoir constaté que sa décision était irrévocable, nous avons décidé de nous séparer de notre camion qui encombrait le garage et qui allait s’abîmer. Exit les projets de voyage en famille avec le side et la moto de Marie.

C’est avec un pincement au cœur qui j’ai accompagné Jean-Noël et Vincent, son équipier formateur sur les premiers kilomètres de leur chemin du retour. Emu, mais heureux de cette vente, car je savais qu'au bout de la route, il y aurait le bonheur de Rémi qui avait déjà pu découvrir, en compagnie de ses parents, les joies du trois roues.

 

 

 

 

Quant à moi, je suis allé me consoler dès le lendemain en allant chercher une nouvelle monture….