Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Honda NT 1100: la GT en toute simplicité

Mardi 18 janvier 2022, 17 heures. Il règne comme une douce excitation chez mon concessionnaire Top Moto à Tarbes. Sébastien doit arriver d'un moment à l'autre après deux jours passés dans la région toulousaine pour la présentation de la nouvelle Honda NT 1100 par Honda France. 

Deux motos, une blanche (celle du magasin de Dax) et une grise se garent devant la concession. Malgré le froid ambiant, les deux pilotes ont le sourire. Je ne peux résister et je m'installe au guidon pour apprécier la position. 

Esthétiquement, la moto est ... comment dire... très personnelle avec cet avant large très X-ADV gage, on peut l'espérer, d'une bonne protection et un arrière plutôt fin avec des sacoches d'origine bien intégrées.

Une heure plus tard, c'est à mon tour d'avoir le sourire car Sébastien me remet la clef de contact en vue d'une petite virée demain, avant l'arrivée du mauvais temps annoncé au dessus des Pyrénées.

J'enfourche la moto en la relevant aisément de la béquille latérale et constate que la hauteur de selle est mesurée (je mesure 1,74 m et une bonne partie de l'avant du pied repose sur le sol) . J'ai d'abord quatre petits kilomètres à effectuer dans Tarbes jusqu'à la maison de ma mère, une bonne entrée en matière pour tester la facilité d'une moto. Je note tout de suite que le train avant n'a rien à voir avec celui de l'Africa Twin. Même si les deux motos partagent le cadre et le moteur, la roue avant de 17 pouces et les débattements plus faibles des suspensions génèrent un comportement plus vif. Je comprends vite que la poussée au guidon dont je suis un adepte doit être moins prononcée que sur sa soeur tant la moto s'inscrit naturellement dans les virages serrés. Boîte DCT en position S1, celle qui correspond à mon type de conduite, le moteur tracte avec douceur dans les rues encombrées de cette fin de journée. Dans les évolutions au pas, j'apprécie l'auto-stabilité de la moto et les ralentisseurs sont absorbés avec douceur par les suspensions.

 

Après le repas du soir, il est temps de rentrer à la maison. Quarante kilomètres pour prendre la température de ce nouveau modèle. Justement, à ce propos, le thermomètre indique 1 degré au tableau de bord. J'actionne les poignées chauffantes (d'origine), la bulle est en position haute. Je sors de la ville sur un filet de gaz; j'ai l'impression que le moteur est encore plus doux à bas régime, plus onctueux que celui de l'Africa Twin. La position de conduite est naturelle, avec un guidon plutôt relevé, assez près du corps et je me sens bien encastré. Je cherche la commande de plein phare .... et je ne la trouve pas. Il faut dire que le commodo gauche est bien rempli et il n'y a pas de rétro-éclairage. J'appelle ça une économie de bout de chandelle alors que l'on assiste à  la multiplicité des boutons propres aux motos modernes. Le code éclaire bien et le plein phare testé en maintenant appuyée la commande d'appel de phare est puissant.

Avec la bulle en position haute, je peux rouler visière ouverte sans aucun remous et c'est bien agréable.

La montée de la cote de Ger avec ses trois virages suffit à révéler une machine prompte à prendre de l'angle, naturellement.

Le plateau est envahi par le brouillard et je me laisse mener par la moto. Les kilomètres défilent et la protection se révèle excellente. Un bonheur avec un tel froid! 

A 90km/h, le moteur ronronne à 3000 tours/minute; une légère impulsion sur la poignée de gaz propulse la moto à 130 km/h sans que je ne m'en rende compte. 

Pour aujourd'hui, je m'en tiens à  ces quelques impressions fugitives mais je sens d'ores et déjà que cette NT 1100 est bien née. Sobre, un peu trop même puisque Honda ne propose que trois coloris un peu ternes, en oubliant au passage le beau rouge Bordeaux maison autrement plus séduisant. Elle semble avoir privilégié l'être au paraître.

En arrivant près de Pau, je ne peux m'empêcher de la comparer à la Deauville, une Deauville plus moderne, avec un moteur plus puissant, mais avec le même état d'esprit. La dernière rue avant l'impasse est un juge de paix pour les suspensions tant elle est défoncée. Elles confirment une souplesse bienvenue et un amortissement qui me semble maîtrisé.

Petite séance de manoeuvre devant le garage pour lui faire faire demi-tour. Malgré le poids, je la trouve facile à manier avec un bon rayon de braquage et sa hauteur mesurée participe à ce sentiment.  Je la place sur la béquille centrale. Cela se fait sans effort particulier, un bon point.

J'ouvre la sacoche gauche pour retirer mes affaires. La contenance est correcte mais je regrette l'absence d'ouverture sur le haut si pratique au quotidien.

J'ai hâte de rouler demain. Elle m'a mis  l'eau à la bouche. 

Mercredi. 8H30. Le jour se lève. C'est le moment de partir. L'examen de la météo ne me laisse pas le choix. C'est vers les montagnes que je dois me diriger si je veux échapper à la grisaille. Cela tombe bien, c'est une tendance naturelle chez moi!  La NT 1100 n'allait tout de même pas s'imaginer que j'allais l'emmener dans la plaine sur des lignes droites interminables ou pire encore, sur le ruban autoroutier. Elle a beau s'annoncer comme la nouvelle routière de chez Honda, j'estime que ce type de moto doit également faire ses preuves dans les chemins détournés, ceux où le virage est la règle, le dénivelé souvent présent et où gravillons, inégalités de terrain et autres imprévus s'invitent parfois. 

Je commence mon parcours du matin par la route de Lacommande. La montée à la sortie d'Artiguelouve suffit à juger les qualités routières d'une moto. Les multiples virages plus ou moins serrés et le revêtement bosselé ne pardonnent pas un châssis et des suspensions au comportement approximatif. Mes premières impressions se confirment; la moto est vraiment facile à mener et j'enchaîne les virages comme j'aime le faire sur un tempo dynamique mais coulé. Droite, gauche, je porte mon regard au loin et la moto s'y dirige naturellement. Le bicylindre a encore plus de rondeur que sur l'Africa Twin et c'est une caractéristique qui recueille toute mon approbation. En fait, j'ai l'impression de la connaître depuis longtemps, cette moto, tant elle est évidente à piloter. Mais ce n'est pas pour autant que je vais la rapporter au garage, j'ai envie de la juger sur la durée, quand la fatigue commencera à se faire sentir lors de cette journée que je pressens intensive. 

Elle fait oublier son poids de 248 kg avec la boîte DCT (238 kg sans). Les mises sur l'angle sont impressionnantes de facilité et, contrairement à l'Africa Twin, j'arrive à garder la corde aisément lorsqu'un virage se resserre; il suffit de mettre un peu plus d'angle. Je craignais que cela se fasse au détriment d'un train avant trop vif. Sur certaines motos munies d'une roue avant de 17 pouces, l'adepte des trails que je suis est parfois désagréablement surpris par une vivacité excessive du train avant. Là, ce n'est pas le cas, le train avant rivé au sol a un coté rassurant, peut-être aidé par une fourche à l'amortissement souple mais bien freiné. Le guidon assez proche et relevé participe à cette impression générale de bien être à bord. Je me sens bien, je ne me pose pas de question, j'ai juste envie de rouler et la moto semble ne demander que ça.

Je rejoins Rébénacq par les routes sinueuses que j'affectionne et retrouve la route principale qui doit me mener vers les cols. Les grandes courbes sont une invitation à hausser le rythme d'autant que la circulation est nulle. Je réalise que ce n'était peut-être pas une si bonne idée quand j'aperçois les phares des deux BMW de la gendarmerie dans mon rétroviseur. Mais, les deux motards ( avec l'inscription Douanes sur le carénage) me doublent dans le rugissement du flat twin et s'éloignent plein angle dans les virages suivants. A priori, eux aussi avaient envie de se faire plaisir...

Le temps est gris et je décide de m'attaquer au col de Marie Blanque pour tenter de trouver le soleil aux abonnés absents pour le moment. Dans la montée, le moteur fait montre de sa disponibilité totale. Toujours en mode S1, l'aiguille du compte-tours navigue entre 2500 et 4000 tours/minute mais cela suffit à me retrouver à 120 km/h entre deux épingles. La boîte très réactive participe à cette efficacité réelle de la mécanique tout en discrétion.

 

Personnellement, j'adhère complètement à cette manière de délivrer la puissance. Bien protégé des assauts du vent, je ressens peu la vitesse. Heureusement, le compteur est très lisible pour ramener le pilote à la raison.

 

J'aime beaucoup la sonorité du bicylindre, joyeux mais pas envahissant; le tout petit coup de gaz quand la boîte rétrograde est sympa et fait partie du plaisir que j'éprouve au guidon. Le froid devient plus présent avec un -1 degré affiché mais je suis bien isolé du froid et les poignées chauffantes remplissent leur office.

Demi-tour dans l'espoir de trouver l'astre solaire en me dirigeant vers le col d'Aubisque. La manoeuvre est aisée grâce à un bon rayon de braquage et une hauteur de selle rassurante. 

 

 

Pour le moment, aucune douleur aux fesses mais Sébastien m'a indiqué hier que c'était le point faible de la moto. Je n'ai donc pas le choix pour vérifier cela, il me faut continuer à rouler... Tant mieux, j'adore ça! 

 

Le début de la montée du col d'Aubisque, sur une route mouillée, se fait en mode tranquille d'autant que la température négative de -2 degrés s'affiche. Je m'en voudrais de ramener la moto chiffonnée à la concession! C'est dans de telles conditions que j'apprécie la douceur générale de la moto. Moteur, boîte et partie cycle forment un tout que j'appellerai l'évidence. C'est peut-être pour cela que, depuis le départ, je ne me suis à aucun moment dit que j'étais au guidon d'une grosse cylindrée. 

Au fur et à mesure que la route s'élève, je sors de la partie humide et peux retrouver un rythme plus conséquent. Je retrouve cette connexion si précise entre la poignée de gaz et le moteur que j'avais notée sur l'Africa Twin 1100 lors de mon essai dans la belle région des Baronnies.

Peu avant Gourette, la neige fondue m'incite à un demi-tour prudent.

Le soleil semble vouloir (enfin!) être de la partie et je décide de me diriger vers la frontière espagnole via le col de Pourtalet. C'est le cas mais, il me faut rendre la main par moment quand l'humidité s'invite sur certaines portions de route encaissées, avec un - 3 degrés incitant à la prudence. Je me rends compte que je n'ai pas encore abordé le sujet du freinage. En fait, il se fait oublier, répond présent quand il est sollicité, sans mordant excessif, mais amplement suffisant pour l'utilisation que j'en fais. Le frein arrière l'assiste bien pour asseoir la moto, pour l'aider à s'inscrire dans les virages qui se referment. Grâce à lui, je parviens à garder aisément la corde.

 

Au col de Pourtalet, je rebrousse chemin. Longer les Pyrénées par l'Espagne ne serait pas pour me déplaire, d'autant que le soleil est de la partie chez nos voisins, mais le temps risque de me manquer...

 

Entre Laruns et Louvie Jouzon, il y a quelques lignes droites et je me retrouve sans l'avoir vraiment décidé à 160 km/h à 5200 tours/minute. Très protégé derrière cette large bulle et ne subissant aucun remous, l'impression de vitesse s'en trouve atténuée et il va falloir bien surveiller son compteur pour ne pas se faire piéger. 

Ce moteur est une petite merveille pour moi. Il ne conviendra peut-être pas à ceux qui aiment les débordements de puissance mais, personnellement, je préfère les moteurs qui délivrent leurs chevaux dès les bas régimes et avec linéarité. Avec celui qui équipe la NT 1100, je suis servi d'autant que cette boîte DCT parvenue à une totale maturité le seconde très efficacement. Je ne conçois pas cette moto avec autre chose que la boîte DCT et je suis curieux de savoir quel sera le pourcentage de chacune des deux transmissions à la fin de l'année. Elle remplit tellement bien son rôle que je n'ai pas encore éprouvé le besoin après plusieurs heures de route d'essayer le mode manuel, même sur la portion de route qui s'annonce plus "sportive" entre Louvie Juzon et Asson.

 

Alors que la température est montée de quelques degrés, je me lâche sur ce tronçon et j'apprécie cette faculté de la moto à répondre aux envies de son pilote. Chaque virage qui s'annonce me remplit de joie car je sais qu'il va être passé rapidement, sans que la moto ne se désunisse, même quand quelques inégalités surgissent. Sur ces 20 kilomètres effectués "dare-dare", j'ai senti à deux reprises un léger mouvement de l'arrière vite effacé. Dans de telles conditions intensives, un réglage de la précharge de l'amortisseur aurait peut-être pu s'avérer nécessaire.

Asson. Le col du Soulor me tend les bras. J'aime particulièrement sa montée par la voie nord en passant par Ferrières. Parfois exigeante avec des virages aux caractéristiques multiples, elle nécessite une attention de tous les instants mais, en retour, le plaisir est au rendez-vous à chaque fois. J'enclenche le mode manuel que j'affectionne quand j'ai envie de participer encore plus au pilotage en choisissant mes moments pour passer les vitesses. C'est tellement aisé avec les deux gâchettes ( à l'index pour monter les rapports, au pouce pour les descendre). C'est devenu instinctif pour moi et diablement efficace car les mains restent bien positionnées sur le guidon (sans débrayage) et la botte gauche appuyée sur le repose pieds en l'absence de sélecteur. Montée des rapports plein angle à la sortie d'un virage à gauche  (essayez avec un sélecteur pour voir), rétrogradages successifs à l'abord d'une épingle sans la moindre amorce de blocage de roue, l'esprit peut se concentrer uniquement sur le pilotage pendant que pouce et index effleurent les gâchettes  avec une réponse instantanée de la boîte. C'est jouissif et très reposant.  A quelques reprises, alors que j'admire la paysage pour une photo éventuelle, je laisse redescendre le régime. Je constate une fois de plus que le moteur a été travaillé dans le sens d'une meilleure disponibilité puisqu'il  reprend à 1500 tours/minute en 3ième. 

Je m'arrête souvent pour un cliché et la moto se révèle dans un domaine où je ne l'attendais pas, celui des gestes quotidiens. Elle est très facile à relever de la béquille latérale et son excellent rayon de braquage m'a permis depuis ce matin des demi-tours aisés même sur les routes étroites que j'ai fréquentées. Je dois reconnaître en outre que la faible hauteur de selle, cela a du bon et que cela participe à un sentiment de maîtrise de cette manoeuvre au point que j'en oublie les presque 250 kilos de la machine. J'ai en outre mis régulièrement la moto sur la béquille centrale parce que la trouve plus photogénique ainsi et l'opération se pratique sans effort particulier et sans que la présence des sacoches ne constitue une gêne. Enfin, ces dernières se font discrètes au moment d'enfourcher la moto et il suffit de relever modérément la jambe droite pour s'installer. Tout cela ajouté à une extrême facilité de conduite à très faible allure me fait dire que cette moto devrait parfaitement convenir aux motards urbains. Je ne pensais pas arriver à une telle conclusion en entamant cet essai mais je la trouve encore plus facile que le X-ADV, ce qui est un sacré compliment.

La descente sur Argelès-Gazost se fait en laissant la moto "glisser" dans la pente, optant pour les rapports supérieurs afin d'être bercé par le doux bruit du bicylindre aux bas régimes.

Cela fait 5 heures et 290 kilomètres que je roule et je fais un arrêt à la station d'essence pour effectuer le plein de la machine et du bonhomme. Pour elle, ce seront 14,97 litres de sans plomb, pour moi, deux tasses de thé provenant de mon  thermos. Le repas de midi, ce sera pour une autre fois, j'ai trop envie de rouler!  Consommation de 5,16 litres alors que le tableau de bord, un peu pessimiste, annonce 5,3 litres. Plutôt correct pour un 1100 cm3 et vu le parcours montagneux. Un automobiliste s'approche de la moto qu'il trouve très belle. En fait, c'est un possesseur de Gold Wing mais, manifestement, cette nouvelle NT 1100 lui a tapé dans l'oeil.

Direction le col du Tourmalet pour poursuivre mon itinéraire montagneux. Le soleil est de la partie. Je commence à ressentir une amorce de début (!) de douleur aux fesses. Certains vont trouver cela normal après plus de cinq heures de roulage mais il faut savoir que j'ai un seuil de déclenchement de la douleur à ce niveau-là qui se situe à des valeurs élevées. Bref, pour résumer, j'ai des fesses en béton et j'ai souvent été étonné par les critiques sur les selles des motos alors que, pour ma part, je n'y avais pas fait attention. Tout cela pour dire que l'option selle confort proposée par Honda me parait hautement recommandable (135 euros pour la selle pilote, 100 euros pour la selle passager). Je trouve d'ailleurs un peu mesquin de ne pas installer d'origine la selle confortable, d'autant plus sur une moto destinée aux longs parcours. Je me souviens que l'essayeur d'Actu Moto , après avoir essayé les deux selles, était arrivé à cette conclusion qu'il était indispensable de s'offrir la selle confort au moment de la commande.

 

Dans la montée du col, je me régale toujours autant avec ce bicylindre dont j'apprécie la belle sonorité vivante mais pas excessive. Et qu'est ce qu'il tracte bien! 102 chevaux annoncés, certains vont trouver que c'est peu si on les compare aux puissances de certaines rivales. Mais, dans la réalité, il en va autrement et, sauf pour ceux qui ont besoin de sensations fortes avec le guidon qui veut vous arracher les mains, ce moteur risque d'en réjouir plus d'un. Il est vraiment un élément clef dans l'ensemble. Je dis bravo à Honda de ne pas avoir cédé à cette tendance du toujours plus un peu trop systématique depuis quelques années et d'avoir donné la priorité à la facilité d'utilisation en augmentant sa disponibilité aux régimes les plus utilisés au quotidien. Et contrairement à certains moteurs du constructeur qui ont pu être considérés comme fades, celui-ci a un vrai caractère avec une présence vivifiante.

J'ai tourné le dos à la montagne. Après avoir rejoint Luz Saint Sauveur puis Pierrefitte-Nestalas à un rythme que je qualifierai d'enjoué, je pénètre sur la quatre voies se dirigeant vers Lourdes. Cette dizaine de kilomètres est destinée à juger la moto dans des conditions autoroutières. Ce n'est vraiment pas ma tasse de thé mais je voulais pouvoir donner mon avis sur le sujet. Bilan: la vitesse de croisière idéale est 150 km/h. La moto est très stable même dans les grandes courbes et les sacoches ne semblent pas constituer de rempart à l'écoulement de l'air. Bien planqué derrière le pare-brise, je ne ressens pas la pression de l'air, les jambes sont bien encastrées. J'ouvre un peu plus les gaz et me retrouve sans coup férir à 180 km/h à 6000 tours/minute...   102 chevaux peut-être mais largement suffisants pour se retrouver catalogué comme délinquant routier... Après ce (rapide) intermède, j'opte pour un itinéraire beaucoup plus tortueux. Juncalas, Germs sur l'Oussouet pour commencer, puis la descente parfois délicate sur Labassère, pas vraiment le terrain de prédilection d'une telle moto. Et dans de telles conditions difficiles, cette NT 1100 m'a bluffé, en négociant les épingles les plus ardues les doigts dans le nez. Impressionnante de facilité! 

Pour aborder de nouveau le chapitre concernant les suspensions, celles-ci ont montré tout au long du parcours leurs qualités. Honda a fait le choix de débattements importants  pour une routière avec 150 mm. Avec un guidon relevé qui génère une position proche de celle d'un trail et un rayon de braquage similaire à celui de cette catégorie de motos, il y a eu la volonté de s'en rapprocher. Et il est vrai que mon ressenti avec cette NT 1100 se rapproche de celui que je peux avoir avec un trail et c'est cet aspect de la moto qui a pu me séduire. Il n'empêche que, dans certaines circonstances, sur des portions de route défoncées que j'ai traversées, les 80 mm de débattements en moins à l'avant et 70 mm à l'arrière par rapport à sa soeur l'Africa Twin n'ont pu se cacher.  Il n'y a alors pas cette absorption totale des chocs que l'on a avec un véritable trail. Mais il ne faut pas  que j'oublie que je suis au guidon d'une routière et, dans sa catégorie, elle a  placé la barre très haut au niveau filtration des inégalités.

Ma belle journée s'achève avec 413 kilomètres effectués. Je passe un coup de jet dans une station de lavage car la moto a eu droit aux projections de sel sur les routes des cols. Un deuxième plein donne le résultat suivant: 4,91 litres/100. L'ordinateur de bord est toujours pessimiste avec 5,3 litres/100 affichés.

 

J'avais été étonné par l'unanimité autour de cette machine en lisant tous les essais de la presse spécialisée. Je comprends maintenant son enthousiasme et je le partage. Les huit heures passées sur sa selle ont été réjouissants et c'est vraiment ce sentiment d'évidence qui me vient à l'esprit pour résumer mes impressions. J'ai fait corps avec elle du début à la fin, que ce soit en ville, sur les routes tortueuses ou la quatre voies, en lambinant à bas régime comme à l'attaque, avec un filet de gaz sur le revêtement mouillé et piégeux du col d'Aubisque ou lors des délicats demi-tours. L'ensemble moteur-boîte et la partie cycle ont été à l'unisson pour m'offrir un grand moment de félicité en cette froide journée de janvier.

Bien sûr, elle n'a pas une esthétique qui donne envie de s'extasier, ses coloris sont tristes, la selle n'est certainement pas la meilleure du marché, son commodo gauche est d'un abord peu évident, son garde-boue avant aurait mérité une rallonge.    

Mais cette routière qui a su refuser la surenchère (puissance raisonnable, pas de suspensions pilotées, réglage manuel du pare-brise) vendue à un tarif contenu ( 13.999 euros, 14.999 euros avec la boîte DCT) devrait facilement trouver sa clientèle tant elle me semble répondre à beaucoup de ses désirs. Pour ma part, cela ne fait aucun doute. 

 

PS: j'ai été le premier à regretter l'absence de cardan en visionnant les premières photos de la moto. Mais, outre le fait que cela a permis de maîtriser son prix, j'ai pu constater depuis des années qu'un graisseur de chaîne simplifiait grandement la vie du motard au quotidien. Voilà un achat que  je recommande vivement. 

PS: les Japonais sont moins bien lotis que nous. Là-bas, la moto est vendue sans les sacoches et il n'y a que deux coloris disponibles.