Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Le bonheur est dans le voyage ou une Transalp autour de la méditerranée - chapitre 4

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Jordanie

5 mai 1998: Un vieux rafiot asthmatique m'emmène à Aqaba, le seul port de Jordanie. L'appel de la route a été le plus fort, ce matin, malgré une bonne fièvre. Je commençais à tourner en rond dans cette station balnéaire sans surprise. J'ai de nouveau ressenti ce besoin de bouger. Je suis impatient ; dans quelques heures, je vais découvrir un nouveau peuple, différent, et j'espère que je serai aussi séduit qu'en Égypte.

Je comprends dès le passage en douane que j'en ai fini avec la joyeuse pagaille du pays voisin. Il me faut moins d'une heure pour accomplir les formalités, les bureaux sont modernes, climatisés. La surprise continue lors de mes premiers tours de roues. Les avenues sont aérées, les conducteurs sont courtois,....... s'arrêtent au feu rouge....... et aucun coup de klaxon n'est donné. Au secours, je suis rentré en France ! Je suis presque déçu de me sentir aussi peu dépaysé.

Je file directement à Wadi Rum, petit village bédouin à la porte du désert.

Je m'arrête à l'unique restaurant où j'assiste à un étrange ballet. Des touristes arrivent en car, sont aussitôt pris en charge avec un bon repas, puis ils montent dans les pick up et 4X4 qui les emmènent faire un rapide tour de la région. Tout cela est réglé comme du papier à musique. Qui dit tourisme de masse dit prix élevés. Je négocie une petite place pour ma tente derrière le restaurant et j'abandonne cette foule un peu trop envahissante à mon goût. Rien de tel qu'une longue marche dans le désert pour me ressourcer dans ces grandes vallées sablonneuses entourées de magnifiques montagnes ocre.



Je quitte sans regret cet endroit le lendemain, direction Pétra. Quand, tout gamin, j'avais vu Tintin pénétrer dans ce site dans l'album Coke en stock, jamais je n'aurais pu imaginer qu'un tel lieu existait. Aujourd'hui, je suis à la place du jeune reporter et le résultat est à la hauteur de mes rêves. Pétra est extraordinaire. Les photos, les films que j'avais pu voir ne sont rien à côté de l'émotion qui m'a envahi quand, après deux kilomètres de marche dans cette gorge de plus en plus étroite, apparaît, majestueux, le temple de Khazneh. Il est 6 heures du matin, je suis accompagné de Ron, un Philippin rencontré la veille et nous sommes tout simplement ébahis devant la beauté de ce bâtiment. Directement taillé dans le roc, c'est en fait une véritable sculpture qu'ont réalisée les Nabatéens, il y a quelques milliers d'années.
Pendant deux jours, nous déambulons dans ce lieu grandiose, à la recherche des temples les plus inaccessibles. La roche est étonnamment variée dans ses couleurs : rose, rouge, bleu, jaune ; tout cela s'harmonise pour donner de véritables peintures naturelles. Une pure beauté.

Femme de Petra

 

La pluie, violente, la première depuis mon départ, s'abat sur Pétra le troisième jour. La tente est détrempée et je prolonge mon séjour.

Le lendemain, j'emprunte la belle et sinueuse route du roi. La pluie et le brouillard font rapidement place au soleil. A la sortie d'un virage, j'aperçois un magnifique renard traversant à petit pas la route. Je retrouve un peu de la Grèce sur ce parcours, parsemé de traversées de villages accrochés aux collines, de champs d'oliviers.

Amman, la capitale, me laisse une impression mitigée. Je la trouve un peu froide, moderne. Ce qui est époustouflant, c'est le nombre d'enseignes sur les façades des immeubles, à tel point que j'ai un mal fou à trouver celle de mon hôtel noyée dans la masse. Le lendemain, je suis sorti du lit à 7 heures ; un policier demande à ce que ma moto, sagement garée contre une des nombreuses barrières installées en bordure des trottoirs, soit dégagée au plus vite.Ca ne plaisante pas ici !
Dans les boutiques, il convient d'être vigilant sur les prix annoncés qui se font parfois à la tête du client. Les " Welcome ! " lancés à tort et à travers me laissent une impression mitigée car je réalise qu'il n'y pas grand chose derrière. J'avais pourtant entendu parler de la légendaire hospitalité des jordaniens ; je la rencontre enfin à 50 kilomètres de la frontière syrienne quand je m'arrête à un petit stand sur le bord de la route pour boire un, puis deux thés. L'homme m'offre alors un peu de nourriture avec un franc sourire. Nous échangeons quelques mots. Au moment de le quitter, la main sur le cœur, il me fait comprendre que je suis son invité. Si je devais garder un souvenir de la Jordanie, ce serait celui là.