Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Il était une première fois en Algérie - La Transaharienne

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Nous faisons halte à Ghardaïa. La visite de la ville ( en fait une des cinq cités accrochées aux collines) a une saveur particulière. On y pénètre à pied uniquement pour se perdre dans des dédales de ruelles ombragées aux tons bleutés. Il y règne une atmosphère particulière teintée de mystère; nous ne tardons pas à être abordé par un habitant qui nous propose de nous faire découvrir sa ville. Les mozabites qui vivent ici sont très religieux et nous apercevons de temps en temps des panneaux en bois aux dessins explicites, comme par exemple celui d'un couple se tenant par la main barré d'une croix. Notre compagnon nous fait l'honneur de la visite de la mosquée de son quartier. Nous sommes heureux en le quittant; les Algériens sont vraiment d'une gentillesse extrême et nous avons honte en pensant à l'accueil qui leur est réservé en France, même si le contexte n'est pas le même.

 

Rue de Ghardaïa

Rue de Ghardaïa

En quittant Ghardaïa, nous empruntons la Transaharienne, unique voie de communication reliant Alger à Tamanrasset. Il y a une dizaine d'années, un motard avait parcouru les 2000 kilomètres séparant les deux villes dans la journée, au guidon d'une Yamaha 1100 XS ! Il avait voulu inaugurer à sa manière ce nouvel axe routier. J'ai encore en mémoire l'article qui avait paru dans Moto Journal et qui racontait cette journée de folie. Ce motard s'appelait Fenouil ; après de nombreuses participations au Paris-Dakar, il est devenu l'organisateur du rallye des Pharaons.

Sur cette route déserte, nous avons le sentiment de rentrer dans un autre pays et nous roulons des heures entourés par du sable, une végétation pauvre et rare…. et des mouches affamées et agressives qui se précipitent sur nous lors de chaque arrêt . Le désert se fait de plus en plus présent et la chaleur s'installe.

A notre arrivée au camping d'El Goléa, nous sommes accueillis par un groupe de motards en partance pour Tamanrasset, comme nous. Chacun inspecte minutieusement sa moto avant d'affronter la partie la plus dure du parcours. Pour notre part, nous filons dans un petit resto où nous mangeons notre premier chameau-frites !

Le lendemain, nous nous reposons en prévision des futures étapes dans le sud du pays ; une patte de fixation du porte bagages est fissurée et je rends visite au soudeur du coin. Le travail est vite fait, bien fait et l'homme me demande une somme dérisoire car, m'annonce-t-il, je suis son premier client annonciateur d'une bonne journée . Excellente coutume à généraliser de toute urgence en France !

Le soir, nous discutons longuement avec un des deux frères qui s'occupent du camping devant une tasse de thé. Il nous parle pendant des heures de son pays avec amour, de son lopin de terre où il s'échine à faire pousser ses cultures malgré la sécheresse. Il nous rassure sur nos prochaines étapes en nous recommandant de prendre notre temps et nous déconseille vivement de poursuivre notre route avec tout notre chargement, beaucoup trop important d'après lui. Dans un pays où la vie s'écoule lentement, il est vrai que, pauvres européens, nous sommes en complet décalage. La sagesse et la sérénité de notre compagnon nous rassurent et c'est confiants que nous nous glissons dans nos duvets.