Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Une petite virée sur les bords de la mer rouge: impressions de voyage - Jordanie

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JORDANIE




1/ Impressions de voyage de Christian


 

 Moins de 150 kilomètres et nous allons pouvoir vérifier la couleur de la mer rouge.

Avant, il y a eu Damas, encore, puis notre entrée dans un nouveau pays, la Jordanie, donc un nouveau voyage tant les différences sont importantes avec la Syrie voisine. Cette dernière m'aura laissé beaucoup de grands souvenirs. Rien n'est moyen dans ce pays, tout est excessif, et ce fut un grand plaisir d'y passer deux semaines.

A Damas, je ne me suis pas lassé des longues marches dans la vieille ville, avec le sentiment que ce que je voyais était à chaque fois nouveau. J'ai été impressionné par le nombre de vendeurs de rues ..... et par celui des acheteurs. Constamment, sur les trottoirs, dans un angle de rue, il y a une personne qui a son "étalage", dans le meilleur des cas une planche sur deux tréteaux, dans le pire son bras ou ses mains pour présenter son produit. J'ai vu des briquets, des cigarettes, des vêtements, des fers a vapeur, des napperons, des rapaces empaillés (!), de la vaisselle, bref on trouve tout ce que l'on désire sur les trottoirs de Damas. Et ça discute sec sur la qualité du produit. Tout cela fait beaucoup d'animation dans les rues.

Les automobilistes, eux, qui doivent trouver que, justement, il n'y a pas assez d'animation, y participent grandement avec leurs klaxons. D'après Marie, l'utilisation abusive des avertisseurs sonores est révélateur d'un grave problème de virilité chez le Syrien. Un Syrien à qui nous posions la question nous a répondu que c'était pour compenser un manque évident de liberté d'expression dans ce pays.

Ouais, c'est bien beau toutes ces explications, mais le résultat, c'est une cacophonie parfois insupportable. A Hama, je crois qu'ils battaient tous les records et, quand, au même moment, les 29 ( je crois) minarets de la ville entamaient leur appel à la prière qui était plus un hurlement à la prière, j'avais des envies de couper le son qui me montait a la tête!

Qu'il fut dur le départ de notre petit hôtel de Damas alors que la rue était encore endormie. Il n'en aurait pas fallu beaucoup pour que je me laisse tenter à rester un peu plus. La veille au soir, nous avions mangé avec des Français qui venaient d'arriver par avion des Hautes Pyrénées. Une amie de Nadine, accordéoniste reconnue sur la place de Tarbes, nous avait simplement écrit via internet; nous avons passé une bien agréable soirée. En plus, ô surprise, nous sommes repartis avec.... un saucisson des Pyrénées! Il n'a pas fait long feu, le pauvre!

A la frontière jordanienne, un calme étonnant régnait et les formalités se sont déroulées dans une sérénité rarement rencontrée dans ces lieux étranges. Seul bémol, l'impression de passer trop souvent à la caisse; et un coup pour le visa, et un autre pour l'assurance des motos, et un troisième pour les droits d'entrée.

Soudain, nous apercevons une Suzuki 1000 V-Storm avec un couple de Russes dessus. Lui nous annonce qu'ils ont parcouru Moscou- Damas en deux jours (!!), que l'un des motards qui était avec eux a tué une vache et cassé sa moto ( mais pas lui heureusement), que les deux autres motos étaient devant car il avait ressenti une petite fatigue (tiens donc!) et avait préféré se reposer une nuit à Damas. Ils sont fous ces Russes ! Nous les avons retrouvés à Petra, dans notre hôtel, hier, et ils sont déjà repartis aujourd'hui, sur le chemin du retour. L'un d'eux avait une Honda 1000 CBR dernier modèle; pour les non motards, c'est une moto où l'on a les fesses plus haut que le guidon, ce qui donne une position de conduite particulière.... très adaptée à un pilotage sur circuit mais pas à un marathon sur les routes du Moyen Orient. A chacun son voyage...

La Jordanie, c'est tout petit, et nous faisons des sauts de puce depuis notre arrivée. Et c'est très beau, notamment la route du roi que nous avons empruntée ( excusez moi, mais j'ai beaucoup de mal à mettre une majuscule au mot "roi"). D'abord des champs encore verts, puis beaucoup d'oliviers, une route qui serpente de plus en plus, monte, descend au fond des vallées et, soudain, de la rocaille, beaucoup de rocaille, des montagnes ocre, des dénivelées impressionnants, de temps en temps un village et, de nouveau, cette route qui n'en finit pas de tourner.

Jordanie route du roi

 

Arrivée a Dana, nous quittons la route et deux kilomètres plus loin, un minuscule village qui se termine par un précipice! Là, un "hôtel" comme on n'en voit rarement, de bric et de broc, avec une tente bédouine, des recoins incroyables, des photos accrochées un peu partout, des objets hétéroclites, des messages de pensionnaires écrits directement sur les murs (!), une sorte d'hôtel du facteur cheval. Et un accueil d'une chaleur extrême, un repas collégial le soir, un pur délice, un bédouin qui vient jouer avec son oud et qui chante admirablement. On croit rêver dans ces moments là. Cela a sûrement aidé Marie à se remettre de ses émotions de la journée mais je pense qu'elle vous en parlera elle même. Nabil, le patron de l'hôtel, a même dansé sur l'air de "La danse de l'ours" que je lui ai joué après qu'il ait voulu m'apprendre "La danse du chameau". Au lever du soleil, juste 100 mètres à faire pour admirer la vallée, tout au fond, qui serpentait jusqu'au désert.

Jordanie Dana

 

Aujourd'hui, autre grand moment avec la visite du site du Petra. Difficile a expliquer cette émotion qui s'empara de moi alors que nous parcourions les deux kilomètres des gorges menant au temple de Khazneh. J'avais convaincu Marie de se lever à 5H15 ( un exploit dans le genre!) et nous étions seuls. Alors que nous étions devant le temple, une jeune femme est rentrée dedans et a entamé un chant d'une beauté extrême; avec une voix d'une grande pureté qui portait comme dans une cathédrale, à l'intérieur de cette pièce taillée dans le rocher. A donner le frisson!

Bref, notre voyage est toujours aussi dur mais nous tenons le coup.

 

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La mer rouge nous est apparue...

L'arrivée sur la mer rouge se fait en douceur. La route descend,longtemps, au milieu d'un paysage désertique et d'un vent brûlant lors de notre passage. Enfin, apparait Aqaba avec, au loin, une grand étendue bleue.

Pendant cette courte étape, j'ai pensé à Fred Tran Duc, le (surtout pas) sage, motard voyageur, connu des "vieux motards que j'aimais" et aussi de certain(e)s autres. Il y a près de 30 ans, il avait rejoint cet endroit sur sa petite moto qu'il appelait Puce, compte tenu de sa taille liliputienne. Adolescent, je rêvais à chacun de ses récits dans mon hebdomadaire moto favori et j'ai encore en mémoire sa manière bien à lui de raconter cette arrivée. Plus tard, il rencontra un petit garçon de 9 ans à Katmandou. Ce dernier lui demanda de lui raconter sa descente sur la mer rouge; il l'appela donc Petit Prince, lui fit une place sur sa selle arrière et poursuivit son périple autour du monde. Je crois que ce sont des gens comme lui qui m'ont mis le pied à l'étrier du voyage, avec leur regard rempli d'humanité sur ceux et celles qu'ils rencontraient au cours de leur périple. Ils m'ont donné envie d'aller voir de quoi notre Terre était faite. Merci a eux.

Avant cela, dans notre hôtel de Wadi Musa, nous avions joué un peu avec Marie, pour nous ouvrir l'appétit, sur la terrasse de l'hôtel. Un Italien, par la musique attiré, apparut. Lorsque je lui jouai Bella Ciao, il se mit à reprendre avec vigueur cette chanson, "qui est au fond de son coeur", nous dira-t-il après; un bel échange.

Deux soirs durant, nous discuterons longuement avec deux sympathiques Suisses en vadrouille depuis 7 mois. Je les aurais écoutés toute la nuit à nous raconter leurs anecdotes savoureuses ou poignantes en Chine, au Tibet. C'est qu'ils m'ont donné de belles idées d'itinéraires pour un prochain voyage!

Un sujet qui fâche: dans mes cauchemars les plus terribles, jamais je n'aurais pu imaginer ceci: un pays où les deux roues à moteur n'existent pas. Hélas, en Jordanie, c'est le cas. Le Fred dont je parlais plus haut avait abordé le sujet; il semblerait qu'il y a plus de 20 ans, le gouvernement avait décidé d'interdire leur utilisation car des motos avaient été utilisées pour des attentats. Et depuis, ce texte n'a pas été abrogé. Je lance donc un appel à tous les motards et aux sympathisants; il faut lancer un grand mouvement pour que ces bestioles à deux roues aient le droit de vie dans un pays où les routes sont si propices à leur utilisation. Mobilisez-vous, je compte sur vous! Ce qui est marrant, c'est l'explication qui m'a été donnée par les Jordaniens eux mêmes sur l'absence de motos; c'est tout simplement parce que les routes montagneuses, fréquentes ici, sont très dangereuses que l'Etat a pris sa décision. Ah bon, si c'est pour leur sécurité, il n'y a rien à redire...

Hier, ce fut une journée spéciale. Nous avons longé la frontière Israélienne et nous apercevions à quelques centaines de mètres la route de ce pays voisin, mais avec lequel des accords de paix n'ont été signés qu'en 1994. Quelques contrôles et de nombreux points de surveillance militaire nous ont rappelé que cette région n'était pas tout à fait comme les autres.

C'est à des détails comme celui là que je prends conscience des endroits où nous passons; en Syrie, c'est ce panneau "Bagdad" qui m'interpela près d'un café solitaire en plein désert; à Aqaba, c'est la frontière saoudienne qui se trouve à 40 kilomètres de là. Les guerres, les tensions, les régimes politiques les plus durs sont derrière, tout près, et deviennent plus réels dans ma petite tête.

 

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Avec Marie, nous nous sommes concertés et nous avons décidé d'en finir avec cette fuite en avant qui nous amène toujours plus loin. Qu'allons nous chercher? Quelle dérision que ces milliers de kilomètres parcourus sans but précis.

Aussi, après mûre réflexion, nous avons décidé de rebrousser chemin et de rentrer en France. Seul problème, nous n'avons pas les moyens financiers pour revenir en avion .... et vous ne nous reverrez que dans quelques semaines!!

Et, pour commencer, demain, nous allons quitter la Jordanie pour la Syrie et, si nous avons le temps, le Liban. Deux passages de frontières la même journée, que voilà un programme chargé!

 

 

 

2/ Impressions de voyage de Marie

 

Nous avons eu une pluie de reproches, quant à notre absence de billets dernièrement, ou sur le fait que certains étaient trop courts... non mais des fois, je voudrais vous y voir à chercher un cybercafé dans un bled paumé, après une dure journée de crapahutage en moto !!! Bon, brisons la, nous sommes donc à Petra...

Pour arriver à Petra depuis Madaba, nous avons emprunté la route du roi, une petite route tranquille et très jolie, avec des paysages à vous couper le souffle, notamment lorsque apparait un canyon à vos pieds, au détour d'un virage. Quelques cigognes nous ont fait un ballet le temps d'une halte photo.... il parait qu'elles font leur migration...elles ne sont pas prêtes d'arriver parce qu'elles avancent tout en tournant en rond !

Une halte à Dana, village minuscule, dans un site grandiose. Je n'en dirais pas plus parce que je n'étais pas en mesure de profiter pleinement de cette étape...

Puis, après une grosse étape en moto (50 kms), nous voilà a Wadi Musa, le village jouxtant le site de Petra... Il faut dire que je l'attendais avec impatience, cette étape ! Connaissant Christian, vous vous doutez que nous n'étions pas les derniers à découvrir ce matin le Khazneh, le premier "temple" et sans doute le plus beau, de Petra.

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

Jordanie Petra

 

Une surprise nous attendait. Alors que nous étions a l'intérieur du temple, une voix magnifique s'est élevée, pour entonner un air, si beau que les larmes étaient prêtes à couler. Il m'a fait penser au Miserere de Allegri; dans ce site, la voix avait une résonance particulière et c'était un moment vraiment magique. Il s'avère que la chanteuse était beaucoup moins avenante qu'on aurait pu s'y attendre, et semblait aussi pressée que si elle courrait un marathon... dommage, c'était bien quand même.

Voila, nous avons crapahuté toute la journée dans Petra, j'ai des images plein la tête; la couleur caramel de la roche, l'aspect gros gâteau crémeux qui fond... bref, il est temps que j'aille manger !!!

 

Jordanie Petra

 Jordanie Petra

 Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

 Ce matin, le ciel était moins bleu et le soleil un peu voilé, une moins bonne journée qu'hier pour faire des photos.

Les voyageurs étaient moins vaillants qu'hier, les mollets un peu durs, et les oreilles pleines de l'appel à la prière et du prêche du matin. Bref, le pâle soleil était déjà haut quand nous nous pointâmes devant la Bab el Siq, l'entrée des gorges menant à Petra. Ce site a été occupé par les Nabatéens dans les premiers siècles de notre ère.

Ils sont fous ces Nabatéens, et je vais vous dire pourquoi. Dans ce site naturel magnifique (des gorges allant en se resserrant et longues de 2 kms, puis une vallée entourée de montagnes), ils ont creusé dans les rochers des temples magnifiques, qui leur servaient en fait de tombeaux pour leurs morts. Les défunts reposaient donc dans des salles aux murs et aux plafonds de toutes les couleurs : ocre, jaune, rouge, bleue, dans des dégradés magnifiques.

Petra est en fait un magnifique trompe l'oeil : au-delà des façades de ces temples, il n'y a que ces salles vides.

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

Jordanie Petra

 

 

 J'avais lu dans le guide qu'ont allait voir plein de bedouins dans le site. En fait, ce que j'ignorais c'est qu'ils habitaient jusqu'en 1985 dans ces grottes et qu'on les en a chassés. Depuis, les hommes conduisent les ânes ou les chevaux pour promener les touristes et femmes et enfants vendent des babioles aux touristes. Sans doute que l'énorme pactole que constituent les entrées ne revient pas du tout aux bédouins...

 

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Eh oui, ça fait déjà 60 jours qu'on est partis ! On a traversé plein de mers, franchi encore plus de frontières, et nous voilà au point où il va falloir penser à s'en retourner : nous voilà au bord de la mer rouge !!!

"Aqaba, grand port jordanien (le seul !), station balnéaire, royaume des petits poissons", qu'ils disaient !

Nous y sommes arrivés en début d'après-midi, après avoir quitté à regret Petra et les gens super gentils qu'on y a rencontrés. On a été bichonné à l'hôtel, après un démarrage assez nonchalant : le réceptionniste avait commencé par tester notre patience au moment de nous allouer une chambre, et comme il avait vu que nous ne nous énervions pas et que nous acceptions de boire tranquillement le thé qu'il nous avait offert, tout s'était bien passé. Cela nous a permis de faire connaissance avec un couple de Suisses, Florence et Patrick, qui voyagent depuis 7 mois et pour 3 mois encore... ils ont l'impression qu'ils sont presque au bout de leur voyage ! Eux sont partis ce matin en direction du désert du Wadi Rum... à plus tard peut-être !

Le trajet Petra-Aqaba fut un peu agité à cause du vent qui soulevait le sable. On longeait le désert et j'ai eu une petite idée de ce qu'est le Wadi Rum...

Une fois arrivés, on a avalé un foul chacun (purée de fève + 1/4 de litre d'huile + quelques pois chiches + ail), on a posé les motos dans un hôtel, et en avant pour la mer rouge, à bord d'une vieille Mercedes, conduit par un jeune Jordanien fou du volant... Christian serrait les fesses !

En fait de petits poissons de toutes les couleurs, j'ai vu des oursins énormes, des méduses et pas l'ombre d'un poisson !

Bon, c'est pas grave, demain on essaie la mer morte... il parait qu'il n'y a pas de poissons mais des tas de zouaves qui lisent leur journal assis dans la mer ! En plus, il n'y a même pas besoin de masque ni de tuba ni de palmes pour les voir !!!

Aujourd'hui était quand même un jour très spécial... si on m'avait dit il y a seulement 3 ans qu'un jour j'irais voir la mer rouge avec ma moto !!!

 

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A la veille de sortir de ce pays, qu'est-ce que j'en retiens ?

Comme toujours, ce sont les évènements les plus récents qui me viennent a l'esprit. Hier, c'était une belle journée, riche en émotions. Ce n'est pas tellement de partir d'Aqaba (quoique, c'est un plaisir d'y circuler si tranquillement !). Nous avions choisi d'aller de la mer rouge à la mer morte par la route longeant la frontière israélienne. Sur la gauche, une bande verte au pied d'une chaîne de montagne : Israel. A droite, une autre chaîne de montagne. Au milieu, la route, déserte, des cailloux et du sable de chaque côté. En arrivant vers la mer morte, des paysages plus luxuriants : des bananiers, et même de la vigne !

Le plouf dans la mer morte était inévitable. Bizarrement, j'ai paniqué, dans cette eau où l'on flotte ! En effet, il est impossible d'y nager ! Je me suis vue coincée dans cette eau si salée que quelques gouttes sur les lèvres ou pire, sur les yeux, fait très mal. J'étais emportée sans pouvoir me diriger ! Bref, un grand moment quand même.

Enfin, la remontée vers Madaba, par le mont Nebo, fut fantastique. 1200 m de dénivelée quand même, en très peu de temps. La mer morte est à moins 410 m par rapport au niveau de la mer... mais laquelle ?

Jordanie route au dessus de la mer morte

 

Jordanie Mont Nebo

 

Jordanie Mont Nebo

 

https://maps.google.fr/