Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Balade en famille autour de la mer noire (version en différé par Christian) - Ukraine

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 L'arrivée sur le port d'Illichivs'k en Ukraine est épique. Nous passons de bureau en bureau, sans connaitre à l'avance les règles du jeu, ni le sens de la marche! Chaque nouvelle formalité en appelle une autre, et cela dure, dure ....

Cela ressemble fort à l'idée que je me faisais de la bureaucratie de l'ex Union Soviétique et il semble que l'Ukraine n'a pas voulu rompre avec les (bonnes?) habitudes de l'ancien régime.

Au total, dix formalités et nous percevons chez les dernières douanières, préposées à l'ouverture de la barrière, une hésitation; leur chef, interrogé, donne heureusement son accord.

 

Débarquement

 

 

 

Nous arrivons à Odessa un peu perdus, sans carte, sans guide, avec un alphabet cyrillique indéchiffrable. 

Le lendemain, c'est une autoroute qui nous accueille et c'est un plaisir de parcourir ces 250 kilomètres sur un revêtement de qualité.

Hélas, il semblerait que seul ce tronçon entre Odessa et Kiev fasse l'objet de toutes les attentions de la part des services de la DDE ukrainienne. Car, quand nous prenons la direction de l'ouest du pays, cela devient tout se suite plus "secouant". Il y a souvent quatre voies, mais celle de droite est inutilisable pour le side-car, sauf à rouler à moins de 30 km/h et je passe mon temps à passer de l'une à l'autre voie, en surveillant mes arrières, car il y a du monde qui roule. C'est assez usant.

Marie, la pauvre, est obligée de suivre mon rythme d'escargot sur trois roues et moi, régulièrement, je pousse quelques jurons à destination du Ministère des Transports ukrainien ( mais peut-être n'existe-t-il pas, ce qui expliquerait l'état lamentable des routes....). Je connaissais les ornières que l'on peut rencontrer sur des pistes mais c'est la première fois que j'en vois des goudronnées dans lesquelles la roue avant de la moto s'engouffre et ne peut en sortir. Bref, je  transpire, fulmine sous mon casque.

 

 

Heureusement, Marie aperçoit un panneau indiquant un endroit pour dormir à quelques kilomètres de là. Nous quittons ce grand axe pour une petite route bien défoncée, elle aussi.

Nous nous arrêtons devant ce qui pourrait être un hôtel mais sans certitude. Une dame nous reçoit et nous montre notre chambre. Il y en a trois en tout et pour tout! L'accès nous paraissant un peu périlleux pour Manon ( un escalier aussi raide qu'une échelle que l'on monte en s'aidant des mains....), elle nous propose une pièce avec deux canapés. La discussion est difficile mais elle fait des efforts; un homme arrive, téléphone à son fils qui parle anglais et ce dernier nous demande ce que l'on désire manger pour ce soir et pour le petit déjeuner. Un service à la carte en quelque sorte! 

Un motard s'arrête devant l'hôtel, un ami du patron. Il roule sur une vieille Honda de 1984. Un modèle que je n'ai jamais vu puisqu'il s'agit d'un custom avec un moteur V4  de 500 cm3. Etat approximatif, freins, pneus, chaîne, tout est usé. Et, quand il nous quitte, le bruit du moteur ne laisse rien présager de bon; l'embrayage, quant à lui, semble au bout du rouleau.

 

L'atmosphère est un peu irréelle. Nous sommes seuls. Le village semble s'étirer en longueur et nulle trace d'animation dans les environs. Nous nous sentons dépaysés, c'est le moins que l'on puisse dire! Et c'est un sentiment très agréable.

 

 

 

 

Curieux, je me réveille tôt le matin et marche longuement dans LA rue du village. Elle est sans fin et j'aperçois quelques rares boutiques. Chaque maison a son jardin potager et son puits. Au bout, une statue marque l'entrée du village. Sur le chemin du retour, je vois quelques véhicules empruntant une rue; je les suis. C'est le marché, si différent de ceux que nous avons rencontrés en Turquie, vivants, colorés, chaleureux. Non, ici, c'est calme, sobre, avec peu de produits en vente.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Juste à côté , Lenine surveille la circulation....

 

 Nous faisons nos adieux au couple propriétaire de l'établissement. Ils sont très impressionnés par notre voyage et par la "performance" de Manon. Je me vois traiter de héros, rien que ça! Quant à Marie, une femme au guidon pour un si long voyage, je me demande s'ils ne songent pas à lui élever une statue dans le village; elle pourrait remplacer celle de Lénine....

 

C'est avec un légère appréhension que je prends le guidon, appréhension justifiée, hélas, puisque nous passons la journée à être secoués. Les rares portions en bon état ne le sont que pour quelque centaines de mètres, ne me laissant même pas le temps de souffler un peu.  Vu la densité de la circulation et l'absence de travaux en cours, cela promet pour les années à venir.

Ce n'est guère mieux le jour suivant, avec notamment la traversée de la dernière grande ville avant notre entrée en Roumanie. La route y est véritablement cassée par endroits et je roule tel le poivrot en slalomant, utilisant toute la largeur de la route; au point qu'un policier m'arrête et me demande si je suis sous l'emprise de la boisson!

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre dernière nuit sur le sol ukrainien a lieu dans un hôtel désert, un peu inhumain, avec une réceptionniste qui respire l'ennui. A côté, une "pizzéria", dont la salle est immense, mais nous sommes les seuls clients . Ambiance....