Honda a profité de la présentation presse de la nouvelle Africa Twin (notamment dans sa superbe version Adventure Sports) pour faire essayer aux journalistes présents la version 2018 du X-ADV. Ce dernier a connu un beau succès puisqu'il a été vendu à 1941 exemplaires en France malgré une arrivée en avril 2017. Et l'année 2018 débute bien avec 192 exemplaires ( devant l'indéboulonnable T-Max: 155 exemplaires).
Caradisiac Moto publie l'essai de ce deux roues atypique. On commence par une critique concernant la largeur du X-ADV, que j'avais relevée et qui pénalise ceux qui ne sont pas très grands. J'avais été comparativement été moins gêné sur l'Africa Twin qui compense la hauteur de selle par une grande finesse. Le journaliste a aimé la zone rouge repoussée à 7500 tours/minute. Je ne suis par certain que cela change grand chose au quotidien avec un moteur longue cours bourré de couple à bas et moyen régimes.
L'essayeur a apprécié l'arrivée d'un contrôle de traction, même s'il a trouvé le niveau 2 trop intrusif, le niveau lui semblant un bon compromis.
Au niveau du comportement, je note: "partie cycle bien équilibrée que rien ne semble pouvoir venir perturber. Le X-ADV affiche une bonhomie rassurante, tandis que l'on pousse peu à peu ses limites. On oublie aisément la présence d'une petite roue avant tant la direction est précise et agréable. Les pneumatiques d'origine s'en sortent également bien. On trace sereinement la route, en venant à taquiner le bitume du limiteur d'angle de la béquille centrale". Cela correspond aux sensations que j'avais eues lors de mon essai; à son guidon, tout semble facile et le train avant est très sécurisant avec des pneus à la hauteur.
"Reste qu'au bout d'une cinquantaine de kilomètres, on cherche à trouver une posture confortable pour les jambes sans jamais réellement la trouver". C'est pour moi la limite de ce concept entre la moto et le scooter, une position de conduite mois naturelle que sur une moto traditionnelle, même si l'on peut aisément se mouvoir sur la large selle et modifier le positionnement des pieds.
"Souple, économe y compris en sensations en mode D, le bicylindre se réveille en mode Sport tout en restant feutré au niveau des sensations sonores et des sensations mécaniques : le moteur ne s'emballe jamais et le fait sentir, façon gros moteur. Les joies du couple. Coureur de fond, il souffle, il respire, et mise sur l'efficacité plus que la surenchère. Et cela fonctionne".
Les conclusions de Caradisiac Moto
"Caradisiac a aimé :
- L’apparition d’un contrôle de traction
- L'agrément moteur en hausse
- Le comportement rassurant
- Le niveau d'équipement élevé
- Le petit côté « fun » (tout petit, mais bien là)
- La version A2
Caradisiac n'a pas aimé :
- L'ouverture Coffre/Trappe à essence non modifiée
- Le mécanisme de selle identique au modèle précédent
- La durée de coupure du CT en niveau 2"
Ce qui m'étonne une fois de plus, c'est la conclusion du journaliste: "Un X-ADV, c’est long, c’est stable, et c’est économe. Peut-être aurons nous droit un jour à une version plus fantasque et plus nerveuse, un peu plus légère, histoire de différencier plus encore un modèle déjà bien à part". Ce n'est pas la première fois que les journalistes de la presse sont toujours demandeurs de plus de puissance, plus de caractère, plus d'explosivité. Autant je peux l'admettre pour une moto sportive, autant je ne comprends pas cette surenchère un peu trop systématique.
D'ailleurs, hier, je lisais l'essai de la nouvelle Triumph Tiger 800 dans Moto Journal et, là aussi, tout en reconnaissant pourtant l'excellence du couple omniprésent, l'essayeur demandait plus de caractère à ce moteur en demandant carrément "Bon alors Monsieur Triumph, c'est quand que tu lui donnes le bloc de la Street Triple?". Réalise-t-il qu'il parle d'un trail dont la puissance de 95 chevaux est largement suffisante et sûrement quasiment jamais exploitable dans son intégralité sur route ouverte? (j'ai pu m'en rendre compte lors de mon mini-essai). Pour ma part, et je suis persuadé que nous sommes nombreux dans ce cas, j'aime particulièrement les moteurs "bien élevés", c'est à dire permettant de rouler, de se faire plaisir sans se poser trop de questions, qui ne nécessitent pas d'aller chercher les tours pour avancer. Le bicylindre du X-ADV et le trois cylindres de la Triumph font partie de ces moteurs généreux mais sans une once de brutalité qui s'apprécient au quotidien et dans la durée.
A ce sujet, j'ai trouvé intéressant l'article dans Moto Services qui revient sur l'essai de la nouvelle Kawasaki Z 900RS. Alors que Mehdi, lors de la présentation presse dans la région de Barcelone avait parlé d'un moteur possédant "rondeur et souplesse" notant juste "un caractère moins linéaire jusqu’à la moitié du compte-tours", les deux autres membres de l'équipe Maya et Eric ont été beaucoup plus critiques lors de l'essai dans des conditions plus proches du quotidien du motard lambda.
Eric: "Certes, le bloc est plus rempli à bas et moyen régime que celui de la Z900 mais il est un peu trop on-off pour être agréable en usage urbain. Il faut très vite évoluer en 4 voire 5 pour retrouver un peu de la sérénité d’antan. Elle est très sportive pour une vintage. Elle vous colle un coup de pied aux fesses à chaque départ au feu rouge et le frein moteur vous donne pratiquement l’impression de faire marche arrière à la coupure des gaz sur les 3 premiers rapports".
Maya: "A l'inverse des conditions idylliques de la présentation presse à laquelle a participé Mehdi, Eric et moi avons essayé cette RS en région parisienne, fin janvier, sous une météo des plus défavorables... Une bonne façon de la découvrir autrement et dans des conditions que finalement chaque usager peut connaître ! Donc, comme l'a expliqué Eric, ce n'est pas là que son bouillonnant 4 pattes s'exprime le mieux et c'était en effet un peu frustrant de ne pas pouvoir le titiller davantage (on se rattrapera à l'occasion d'un comparatif printanier !). Toutefois, quand l'adhérence et la visibilité réclamaient la tempérance, j'ai pour ma part apprécié sa docilité à évoluer sur les trois derniers rapports à très bas régime en ville, après avoir passé rapidement les 3 premiers, courts et explosifs".
Cela me conforte dans l'idée qu'il est indispensable d'essayer soi-même la moto avant de s'en porter acquéreur. Les essais des journalistes sont intéressants bien sûr, et je suis le premier à les lire, mais les conditions dans lesquelles ils sont réalisés sont parfois trop éloignées de la réalité, surtout lors des présentations à la presse.
Le Repaire des Motards entame son essai en parlant de Honda comme d'un précurseur en commercialisant le X-ADV. De fait, il s'en est déjà vendu 7800 exemplaires (dont 1941 en France). Et Le Repaire l'a même désigné moto de l'année 2017!
"La force de cet engin, c’est que ce n’est pas que de la frime. Certes, il a un vrai look pour un « scooter » et on ne peut nier qu’il interpelle. Mais une fois à bord, il séduit par sa polyvalence, sa facilité de conduite, son excellente tenue de route, le confort de ses suspensions, son équipement complet (z’avez vu, cet incroyable tableau de bord ?)".
L'essai réalisé en Espagne n'allait pas modifier ce point de vue compte tenu des faibles modifications apportées sur le millésime 2018. Un peu plus d'allonge entre deux virages avec une zone rouge repoussée de 900 tours/minute, un contrôle de traction réglable et déconnectable, un mode G pour une meilleure réactivité de l'embrayage et une compatibilité avec le permis A2.
Il y a également un très beau rouge disponible que j'ai eu l'occasion de voir chez mon concessionnaire. Très classe.
Moto Station ou plutôt "l'annexe" Scooter Station présente également son essai. Pour changer, je n'ai retenu que les remarques négatives sur le X-ADV. Il n'y en a pas beaucoup!
"A moins de dépasser le mètre quatre-vingt, impossible en effet de poser les deux pieds bien à plat sur le sol."
"L’assise est un peu ferme, mais rien de dramatique si ce n’est qu’on a du mal à trouver une position idéale".
"Attention toutefois au large guidon (910 mm) et aux rétroviseurs lorsque vous remontez une file".
"Cruiser à 110 km/h sur voies rapides ou 130 km/h sur autoroute, ne pose pas de problème particulier au X-ADV A2, mais à cette allure la protection de la bulle au niveau du buste et du tablier au niveau des jambes laissent à désirer, surtout par temps de pluie et lorsqu’il faut froid".
"Pour ce qui est du duo, le passager doit composer avec des repose-pieds assez haut qui lui imposent de replier les jambes".
"Son poids de 238 kg, le profil mixte majoritairement routier de ses pneus et la relative souplesse de ses suspensions (fourche non réglable en compression) n’incite en effet pas aux extravagances dans ce contexte, d’autant qu’on perçoit vite les limites de la garde au sol (162mm) si on s’aventure dans un chemin sillonné d’ornières. Le freinage ABS n’est par ailleurs pas déconnectable, ce qui peut s’avérer gênant en descente et sur terrain glissant .Alors oui pour une escapade off-road raisonnée sur terrain sec et roulant, mais non aux chemins creusés et cassants".
Moto Services a pu essayer le X-ADV en Andalousie. Le journaliste a eu la chance d'avoir un modèle équipé des repose-pieds optionnels. C'est ce qui m'avait manqué lors de mon essai car je suis persuadé que cela doit changer la perception que l'on a du X-ADV. C'est effectivement ce qui ressort de l'essai. "Il eut été simple de dire que rien ne bouge mais je l’ai essayé équipé de repose-pieds Rizoma optionnels qui modifient considérablement la position de conduite puisque les pieds se retrouvent placés pratiquement en arrière et à l’extérieur du carénage et non sur les marchepieds qui offrent la position traditionnelle d’un scooter. Cette option rapproche encore le X-ADV de la moto et ce n’est pas sans incidence sur son comportement et celui du pilote."
- Evolutions intéressantes
- Gueule d'enfer
- Boîte DCT
- Sonorité
- Fun
- ABS non déconnectable
- Béquille latérale cachée
Le bilan est positif, l'essayeur a beaucoup apprécié le contrôle de traction et s'est beaucoup amusé en tout-terrain : "en mode Gravel et Sport 3, traction control déconnecté, bien campé sur les repose-pieds piège-à-loup Rizoma, c’est "holiday on ice", on contrôle des dérives insensées sans trop y penser. Oui, j’ai pris du plaisir en scooter dans la pampa ! "