Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Septième partie: Honda 250 VTR, la sauterelle rouge - L'émoi des premiers pas

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Il est inhabituel chez moi d'acheter une moto sans  l'avoir essayée, car on ne peut pas parler d'essai lorsque l'on effectue deux petits kilomètres dans les petites rues de Barcelone. Cela avait été déjà le cas avec la petite 250 CBF. J'avais découvert cette moto par la suite, sur les routes françaises, mais, à l'époque, c'était aussi mes débuts sur une cylindrée nouvelle pour moi, la 250.

 

 

Quant aux formalités administratives d'immatriculation de la moto, elles furent aussi simples qu'avec la Honda CBF 250. 


Hier, je suis sorti tôt du boulot car le climat glacial-enneigé avait décidé de faire un tour plus loin et je mourais d'envie de rouler un peu avec notre nouveau roadster. Trois jours que je me contentais de l'admirer dans le garage, je n'y tenais plus!

Alors que je la sors dans la cour, je ne peux m'empêcher de l'admirer. Quelle plastique!

Une petite impulsion sur le démarreur et déjà je note un changement avec le petit mono. C'est le bruit du démarreur; il est feutré, donne une impression de qualité. Difficile à expliquer, il faut l'écouter pour comprendre. Pas de starter, l'injection régule le régime moteur.

Allez, c'est parti! Passage de la première sans le petit clonk habituel, je relâche doucement l'embrayage, la moto décolle en douceur, les vitesses passent comme dans du beurre. C'est onctueux, avec un V-twin lui aussi très discret. La position de conduite est un peu plus ramassée que sur la CBF avec des jambes légèrement plus repliées. Je m'arrête à la première station d'essence: le beau bouchon de réservoir est monté sur charnière, encore un détail qui montre que la VTR est soignée dans les moindres détails.

Cinq vitesses au lieu de six sur le petit mono; Sur le dernier rapport, le moteur entraîne en silence la moto à 90 km/h à 6000 tours/minute. Le freinage répond présent dès que l'on empoigne le levier. Comparée à la CBF, tout parait plus rigoureux, moins "approximatif". En fait, ces deux motos sont incomparables, elles ne jouent pas dans la même catégorie malgré leur cylindrée identique. Je m'en doutais un peu mais cette évidence me saute aux yeux alors que j'ai à peine parcouru dix kilomètres.

J'adore le moteur: très souple (il va convenir à Marie) puisque je me suis même risqué à descendre à 35 km/h en 5ième et le V-twin a accepté de reprendre sans aucun à-coup. Quant aux reprises, je les ai trouvées plutôt vaillantes entre 3 et 7000 tours/minute. Le petit mono avait besoin d’être au moins à 4000 tours/minute pour offrir une reprise suffisante. J'arrive sur une route départementale bosselée et je sens le train avant réagir assez sèchement, rançon de la rigidité supérieure à celle du mono.

 Le froid me saisit et je me contente d'une petite quarantaine de kilomètres, suffisamment pour savoir que nous sommes en phase tous les deux et que j'aimerais bien approfondir notre relation.

C'est ce que je fais le lendemain en rejoignant Tarbes par la route des coteaux. Le froid est toujours présent mais un beau soleil me laisse espérer des routes sèches nécessaires à une conduite détendue; c'est que je m'en voudrais de chiffonner la moto de Marie avant qu'elle ne l'ai essayée!

 J'apprécie la douceur du moteur dans Pau et ses faubourgs. Il permet de conduire en toute tranquillité et, ajouté à la compacité de la moto, cela en fait une parfaite citadine. La boîte de vitesses, très douce, le guidon étroit, la possibilité de descendre bas dans les tours, la faible hauteur de selle sont autant d'éléments qui transforment l'épreuve de la ville en partie de plaisir. Je commence à comprendre pourquoi cette moto est la préférée des coursiers japonais.

 Je rejoins Nay en me stabilisant à 6500/7000 tours/minute en cinquième, entre 100 et 110 km/h. Je craignais un manque de couple de la part du petit V-twin à bas et moyen régime comparé au monocylindre, mais, il se révèle étonnamment rempli, notamment entre 5 et 7000 tours/minute.

Le freinage est sécurisant en ce sens qu'il répond présent dès la moindre impulsion sur le levier sans pour autant se montrer violent.

 Les montagnes ont revêtu un beau manteau blanc depuis la semaine dernière et brillent sous le soleil hivernal, ce qui me fait oublier la température plutôt basse.

 Honda 250 VTR

Honda 250 VTR

Honda 250 VTR

Honda 250 VTR

A Nay, j'emprunte la route de Pontacq et je retrouve cette fermeté dans le train avant que j'avais notée la veille. C'est très supportable mais le petit mono était plus souple et plus prévenant sur ce point. En contrepartie, la moto répond au doigt et à l'oeil; elle est rigoureuse dans les enchainements de virages et c'est très plaisant. Je me sens un peu plus recroquevillé que sur le petit mono et je pense que, sur longs parcours, le confort doit être inférieur. La selle, d'apparence plus fine, est plus ferme mais, pour l'instant, cela ne me gêne pas. Non, au contraire, je me sens bien sur cette petite moto dont le moteur et son bruit me ravissent. A plusieurs reprises, je dépasse légèrement 7000 tours/minute et je le sens prêt à s'exprimer. Encore un peu de patience, laisse-moi profiter de ces belles enfilades de virages, petit V-twin.

 A la sortie d'Ossun, une grande ligne droite déserte s'offre à moi et je mets gaz en grand. Passé 7500 tours/minute, le moteur rentre dans un rugissement très expressif et l'aiguille bondit vers la zone rouge. Là, ça pousse fort, pour une 250 s'entend. On est loin du caractère volontaire mais limité en puissance du monocylindre. Les 50% de puissance en plus annoncés sur la fiche technique sont bien présents.
Ce moteur offre deux visages: de 3 à 7000 tours/minute, il permet une conduite apaisée mais en offrant suffisamment de puissance pour s'insérer dans la circulation, pour dépasser, pour relancer la moto à la sortie des virages. Au delà, on rentre dans la conduite sportive, avec un moteur qui chante bien et part à l'assaut de la zone rouge, à 11 500 tours/minute.

En passant, sachez qu'à 8500 tours/minute, elle roule à 130 km/h et il lui reste 3000 tours/minute avant la zone rouge. Cela doit lui permettre de rouler à la vitesse légale sur autoroute sans faire souffrir le moteur, mais ça ne va pas m'arriver souvent, vu mon aversion pour ces tristes et coûteuses voies de communication.

Honda 250 VTR

Honda 250 VTR

J'arrive à Tarbes et me faufile toujours aussi aisément entre les voitures et camions qui encombrent le périphérique. La ville est vraiment son terrain de prédilection.
Je fais une petite halte chez mon concessionnaire et cela permet de constater qu'elle plait, cette petite, alors que la CBF laissait indifférent. Laurent, le mécano, la détaille et semble sous le charme.

Bon, il est peut-être temps de rentrer avant que le froid ne devienne trop fort. J'ai le vent de face et l'absence de pare-brise se fait sentir; il est prévu d'installer celui du petit mono mais, c'est étonnant comme cette moto nous fait réagir différemment. Avec Marie, nous nous interrogeons sur l'installation d'un top-case, du pare-brise. Elle est tellement belle d'origine cette petite Honda que nous avons peur de l'enlaidir avec des rajouts disgracieux. C'est bien la première fois que j'ai de telles réserves! Je me posais moins de questions au moment d'équiper mes Transalp....

Je m'arrête à la concession Honda de Pau où, demain, Emmanuel, des Landes, viendra chercher notre petit mono. Je prends quelques photos des deux 250 en souvenir.

Honda 250 VTR

 Honda 250 VTR

Honda 250 VTR

Avant de retrouver le garage familial, une petite halte à la station d'essence voisine: 5,29 litres pour 152 kilomètres parcourus, soit 3,48 litres aux 100. C'est bon, le petit V-twin, tout rugissant qu'il est, fait preuve de frugalité. Tant mieux, d'autant que son réservoir contient 3,6 litres de moins que celui du petit mono. Cela représente quand même un déficit d’autonomie de 100 kilomètres.

Ce qui m'a frappé; au delà du fait que ces deux motos sont très différentes dans leur caractère, c'est la précision de la VTR. J'entends par ce terme que tout semble précis, ajusté, de la poignée de gaz qui répond au moindre mouvement de poignée sans le moindre jeu, au sélecteur doux et précis, en passant par le levier de frein très réactif lui aussi, l'injection qui répond sans coup férir et sans l'once d'une brutalité à chaque coup de gaz, à la partie cycle vive et sécurisante à la fois. J'ai l'impression que toutes les composantes de la moto s'accordent d'une manière idéale, sans aucun jeu. La moto respire la qualité dans son ensemble et je n'ai pas encore trouvé le moindre détail qui pouvait accrocher négativement le regard. Non, au contraire, c'est la première fois que j'examine avec autant d'attention et de plaisir ma moto sous toutes les coutures. Et, comme rien n'est caché sous du plastique, il y a de quoi faire. Je sais que Honda France avait envisagé de l’importer en 2009 et que le prix un peu élevé et le marché des 250 peu porteur a pesé dans la balance. Je pense malgré tout qu’elle aurait pu trouver sa clientèle tant elle se démarque dans la production actuelle et tant elle est source de rêve, le prix me paraissant quant à lui parfaitement justifié compte tenu de la grande qualité de fabrication.

Je range la moto dans le garage, tout guilleret après cette ballade hivernale qui en appelle d’autres ; c’est qu’elle est bigrement aguicheuse, cette petite moto rouge et elle donne envie de rouler et rouler encore. J’aimerais l’emmener sur les routes de montagne où son faible poids, la rigueur de sa partie cycle et son moteur doivent faire merveille.
En attendant, j’ai hâte d’avoir le point de vue de Marie car c’est quand même elle qui rêve depuis longtemps de ce petit V-twin