Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Un week-end avec la BMW 800 GS

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Mercredi 25 février 2009 : le téléphone sonne.

« Allo, c’est Bruno. J’ai un plan foireux pour toi ce week-end . La météo annonce beau temps et j’aimerais que tu rodes ma nouvelle moto ».

L’amitié, c’est sacré pour moi, et dès le lendemain, je rends visite à Bruno pour lui rendre ce « service ».

Quand j’arrive, le belle est sur la béquille centrale, dans sa livrée noire et grise, plus sobre que le noir et jaune vu dans tous les magazines motos.

bmw 800 gs


Je monte sur la moto, le terme est approprié car cette BMW est plutôt haute et je touche juste la pointe des pieds au sol, malgré mes 1,74 m. Heureusement, la selle est étroite.

Dès les premiers tours de roues, je trouve que le transmission réagit avec trop de vivacité à chaque changement de rapport. La réponse est trop directe et je regrette la douceur exemplaire dans ce domaine de la dernière Transalp 700.

Premier rond-point, le train avant oppose une certaine résistance, un peu comme sur mes Transalp 600. Là aussi, je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec la 700 Transalp plus vive.
Sinon, lors de ces premiers kilomètres effectués en ville , j'appécie le moteur souple, avec une boîte de vitesses précise. La première tire assez long au point que je prends des coins de rue sur ce rapport en pensant être en deuxième ; c’est facile à vérifier, il y a un indicateur de la vitesse engagée au tableau de bord. J’aime bien ce dernier avec compteur et compte-tours l’un au dessus de l’autre. Etant plutôt allergique aux tableaux de bord nouvelle génération, je suis content de pouvoir assister au parcours des deux aiguilles sous le verre protecteur. Je trouve cela tellement plus sympathique que le défilement de chiffres.

bmw 800 gs tableau de bord

La commande des clignotants est à la sauce BMW, c’est à dire assez différente de celle que j’ai toujours connue sur mes Honda successives, mais, après quelques kilomètres, je m’y fais.

Je quitte Tarbes. Un petit ordinateur de bord donne plusieurs indications que l’on fait facilement défiler grâce à un bouton sur le commodo gauche. Il y a le thermomètre qui passera de 6,5 degrés en ville à 1 degré sur le plateau de Ger. On trouve aussi la consommation moyenne. A la sortie de la ville, elle était de 5,6 litres /100. Tout au long des 40 kilomètres d’autoroute, parcourus à 4500 tr/mn, soit 115 km/h, elle descendra régulièrement pour atteindre 4,8 litres en arrivant à Pau.

Il est alors minuit et je gare « ma » moto au garage.
Le béquillage sur la centrale est d’une facilité inouïe ; il demande aussi peu d’effort que sur la 125 Varadéro de Marie. La béquille latérale est également très accessible. Ce sont des détails pratiques qui comptent au quotidien.

Je vais me coucher avec des itinéraires dans la tête pour ce week-end ; j’ai envie de lui montrer de beaux paysages et des routes sinueuses car je sens que cela doit être son terrain de prédilection.

J’ai pu entrevoir la qualité de ses suspensions dans le dernier kilomètre avant la maison sur le revêtement bosselé. Un mélange de fermeté et de qualité d’amortissement qui devrait se révéler sur le parcours que je lui réserve.


Vendredi : je viens de parcourir quelques kilomètres entre la maison et le boulot. J’ai réalisé que cette moto avait besoin d’espace et je en l’ai pas senti très à l’aise dans ces conditions. Il y a toujours cette « violence » au passage des rapports, la hauteur de selle conséquente qui nécessite une certaine attention dans les manœuvres au pas ou en faisant un demi-tour. La conduite de la Transalp 700 m’avait paru plus évidente dans les mêmes conditions. Vivement la virée de demain pour la tester loin de la ville, des ses feux rouges et de sa circulation !

Samedi 28 février. Le réveil me sort de mon sommeil à 6 heures. Une heure plus tard, équipé, j’enfourche « ma » moto. Cela ressemble fort à un gars motivé par la journée qui s’annonce !
Une pression sur le démarreur et le moteur se fait entendre, un peu trop à mon goût, à travers le pot Léo Vince pourtant homologué. Je passe la première et laisse la moto s’échauffer au régime de ralenti alors que je m’éloigne le plus discrètement possible du quartier endormi.
Les quarante premiers kilomètres font office d’échauffement. Le ciel bleu nuit se pare de tons roses superbes ; peu à peu, la montagne se détache alors que je me dirige vers Lourdes. Enfin, les premiers rayons de soleil frappent les plus hauts sommets.

Pour l’instant, je fais connaissance avec la moto. J’y suis bien installé, avec une position droite naturelle, en hauteur, ce qui est très agréable pour profiter de l’environnement.
Le moteur tourne paisiblement à 4000 tr/mn et la moto file à 100 km/h.
L’ordinateur de bord indique 3 degrés et je ressens un peu la morsure du froid en regrettant que BMW n’ait pas songé à mettre des pare mains autrement qu’en option.

Dans les ronds points, je ressens une petite résistance à la mise sur l’angle que j’attribue à la roue de 21 pouces.

bmw 800 gs château de lourdes

bmw 800 gs halles de lourdes

 

Sortie de Lourdes. J’emprunte la route du piémont, que j’aime tant, celle d’où l’on a une vue privilégiée sur les montagnes, à droite et sur la plaine baignée de soleil, à gauche. Sinueuse, étroite, elle convient parfaitement à la moto, mais, pour l’heure, je réfrène mon enthousiasme car le thermomètre est descendu à 0,5 degré et je rencontre quelques passages humides. Je m’en voudrais de chiffonner la moto neuve de Bruno. Alors, je profite du paysage en me délectant de la souplesse du moteur. Par contre, j’ai du mal à me faire au passage des rapports, trop brutaux, avec une réponse immédiate, trop violente à mon goût. Ce n’est pas un problème de boîte de vitesses mais de réactivité dans l’ensemble de la transmission,. Difficile à expliquer mais je n’aime pas trop.

bmw 800 gs


bmw 800 gs

bmw 800 gs

 

 

Après Bagnères de Bigorre, je poursuis mon cheminement le long des montagnes en traversant les Baronnies, un des plus beaux coins des Pyrénées, sauvage, préservé. La route n’en finit pas de tourner, pénètre dans des sous bois, remonte sur des collines à la recherche du soleil. Un écureuil à peine effrayé, quitte la route pour me laisser passer, quelques fumées s’élèvent car quelque paysans pratiquent l’écobuage. La lumière est belle et me fait un peu oublier le froid toujours présent. La prudence reste de mise avec des gravillons, des plaques humides et un revêtement pas toujours très régulier, mais le GS se révèle à son aise dans ces conditions, permettant une conduite instinctive. Elle est très maniable et me permet d’effectuer ces trente kilomètres sans souffrir.

bmw 800 gs baronnies


bmw 800 gs col de couret

bmw 800 gs baronnies

bmw 800 gs baronnies

bmw 800 gs baronnies
J’apprécie, dans ces conditions, un frein avant très progressif, alors que l’arrière semble être là pour le décor car, niveau puissance, il est un peu aux abonnés absents, comme sur beaucoup de motos, je trouve.

Je m’arrête à Sarrancolin pour m’acheter deux chocolatines. La route, ça creuse !
L’ordinateur de bord m’indique une consommation moyenne de 4,3 litres depuis le départ. Et encore 208 kilomètres avant le prochain plein.

Je retrouve une route fréquentée alors que j’attaque le col de Peyresourde. Je joue à saute-mouton avec les nombreux vacanciers. Une simple rotation de la poignée de gaz et les voitures sont avalées dans le rugissement rauque et sympa du Léo Vince. Quelle santé, ce moteur ! Pourtant, rodage oblige, je me cantonne à 4500 tr/mn maximum . Je ne sais pas si ce moteur fait réellement 85 chevaux, mais, en tout cas, il y en a un sacré paquet qui se bouscule au portillon entre 2000 et 4500 tr/mn. J’en viens à me faire la réflexion sur la limitation à 100 chevaux ; je ne suis pas pour des interdictions quand elles ne trouvent aucune justification sérieuse, en terme d’accidentologie en l’occurrence, mais je me demande qui peut exploiter une moto de plus de 100 chevaux ou plus sur route ouverte.

bmw 800 gs col de peyresourde


bmw 800 gs col de peyresourde
Dans la descente sur Luchon, j’apprécie le frein moteur et le train avant très sécurisant.

bmw 800 gs

Plus loin je découvre le col de Menté. Seul sur la route, je me lâche un peu. Je suis ébloui par la disponibilité du moulin. Que ce soit en 2, 3, 4, 5 ou 6, et quelle que soit l’inclinaison de la pente, il tracte avec une vigueur réjouissante . Au point qu’il donne l’impression de tirer court, ce qui n’est pas le cas. C’est une réussite.
La montée du col est une succession de courtes lignes droites entrecoupées d’épingles serrées. Moi qui n’aime pas ce type de virages, je me surprends à les aborder avec confiance. La moto s’y inscrit naturellement ; elle donne l’impression d’un bloc compact, qui répond instantanément aux ordres de son pilote. Je prends de plus en plus confiance.

Par contre, je ne me fais toujours pas à cette transmission, qui parfois, fait entendre un jeu lorsque , par exemple, je suis sur un filet de gaz et que je relâche brièvement la poignée de gaz. Lors des montées de rapports, je tente plusieurs méthodes mais cela ne marche pas à tous les coups, la douceur ne veut pas s’inviter et cela me chagrine quelque peu.

Plus tard, je me perds dans la vallée de Biros, en Ariège. La route est bosselée et j’apprécie les suspensions fermes mais très bien amorties.

bmw 800 gs vallée de biros ariège

Je fais le plein à Saint Girons alors que le voyant de réserve vient de s’allumer. J’ai parcouru 345 kilomètres et je rajoute 13,27 litres, soit 3.84 litres aux 100 ! Impressionnant car, bien qu’ayant roulé à un rythme pas très sportif, j’ai franchi pas mal de cols. Je découvre la première station d’essence de grande surface humaine. Je m’explique. En plus du guichet habituel derrière lequel se trouve l’employé, il y a une porte sur la droite et l’on rentre dans son petit local avec un comptoir où l’on peut voir la personne autrement qu’à travers une vitre, et discuter. D’ailleurs, j’y suis resté une vingtaine de minutes en lui faisant part de mon étonnement et de ma satisfaction de trouver enfin une telle disposition. Il me répond que sa direction du magasin n’y est pas très favorable pour des raisons de sécurité. C’est fou comme ce principe de protection des gens à outrance déshumanise notre monde. Nous discutons sur ce thème, puis sur les AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne), l’agriculture biologique, la nourriture industrielle, bref tous les sujets que l’on n’aurait pas abordés si ce monsieur était resté derrière sa vitre de « protection ».



Un autre col m’attend, le col de Port où je me fais vraiment plaisir. Le train avant est rigoureux et ne se désunit pas , même quand le revêtement est fripé alors que je suis sur l’angle. La fourche réagit sainement dans de telles conditions. De plus, il est aisé de corriger la trajectoire en virage si nécessaire.

Tarascon sur Ariège. Je m’arrête dans un café au nom évocateur de « La Bécane ». Le patron m’annonce en rigolant qu’il accepte même les motards en BMW !

bmw 800 gs tarascon sur ariège

bmw 800 gs tarascon sur ariège

Cela fait bientôt six heures que je roule et je commence seulement à avoir un peu mal aux fesses. J’en conclu que la selle est confortable !

Un petit tour à Foix et son château. Puis, franchissement du col d’ El Bouich où je me régale dans les courbes au revêtement lisse.

bmw 800 gs foix

bmw 800 gs foix

Petite incursion dans la vieille ville de Saint Lizier ; je circule au pas dans les ruelles tortueuses et la moto révèle un équilibre très rassurant qui compense la hauteur de selle. Parfois, pourtant, je me laisse surprendre par une trop grande réactivité de la poignée de gaz et la moto bondit violemment en première. En fait, j’ai l’impression que BMW, en toute connaissance de cause, a réglé cette moto destinée à des motards aguerris et sportifs et je serais curieux de voir ce que donne la même moto dans sa version assagie de 71 chevaux avec la roue de 19 pouces. Peut-être que le caractère du moteur me conviendrait mieux. Par contre, cela ne va pas être évident de convaincre le concessionnaire que j’ai besoin de beaucoup de kilomètres pour me forger une opinion !



J’ai encore soif de virages et de dénivelées, et je franchis deux petits cols avant de rejoindre Montréjeau puis Lannemezan.

 

La nuit ne va pas tarder et je décide de terminer le parcours par 80 kilomètres d’autoroute. Je me stabilise à125-130 kms/h au régime de 5000 tr/mn. Le petit pare-brise protège honnêtement le corps mais renvoie des bruits d’air et je mets les bouchons d’oreilles. La moto est stable. On sent que ce n’est pas son terrain de prédilection mais elle s’y comporte très correctement.

 



J’arrive à la maison transi par le froid mais je n’ai qu’une envie : remettre le couvert demain.

Un coup d’œil à la météo sur internet ne m’annonce rien de bon. L’idée de passer en Espagne pour trouver le soleil n’est pas la bonne ; là-bas, c’est la pluie toute la journée. C’est pas grave, j’improviserai demain.