Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Carnet de piste d'Alex - Nogaro, les 24 et 25 mai 2014: dans la cour des grands

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Alex a profité de la manche française du Superbike et du Supersport à Nogaro. Il s’y est inscrit en wild card.

Sur sa page Facebook, j’ai pu lire ceci « Ma première participation Supersport en wild-card, un rêve de gosse !!! ».

Vendredi après-midi, je m’en vais à Nogaro pour assister à la deuxième séance d’essais libres.
Je retrouve l’équipe pour cette course au goût particulier.

Après l’épreuve de Carole, la moto d’Alex a été amenée au lycée professionnel de Kévin afin de mieux comprendre son problème de chaîne. Lors du passage au banc, cette dernière s’est détendue très rapidement et a surchauffé. L’explication : la chaîne envoyée par le fournisseur était une chaîne de cross….

Ce fut l’occasion de vérifier la puissance de sa moto : 117 ou 121 chevaux au vilebrequin en fonction de la chaîne utilisée.

Ce matin, Alex s’est classé 19ième à la séance d’essais qui s’est déroulée sous des trombes d’eau. Luca Mahias a survolé la séance.

L’atmosphère est différente de celle du Promosport avec quelques semi-remorques parqués devant les stands. Ce sont les équipes officielles.

D’ailleurs, à leur arrivée, un gars de l’organisation est venu « faire la leçon » en demandant que soient cachées certaines remorques pas à son goût, à priori. Il ne fallait pas choquer le public venu voir du beau matériel.

Encore un qui pense que le paraître est plus important que l’être….





Je pars m’installer dans le double gauche qui précède la passerelle Dunlop. L’occasion de voir un Luca Mahias au style volontaire qui semble dominer sa moto et en faire ce qu’il en veut. Alex est toujours aussi coulé dans son style, et la différence avec les bons pilotes de Supersport est flagrante.

Je me dis que, peut-être, quand il aura pris en main cette nouvelle monture, il devra en passer par là pour progresser. Etre plus « violent » avec sa monture. A moins qu’il n'arrive à gagner de la vitesse de passage en courbe sans perdre ce style de pilotage que j’aime beaucoup pour ma part.







Samedi, une longue journée musicale me retient à Tarbes et je me précipite le soir venu sur mon ordinateur pour regarder les résultats des essais chronométrés du matin et de la course de l’après-midi.

18ième temps des essais : avec une moto stock et vu le niveau du Supersport, je trouve que c’est bien. Par contre, quelque chose me chagrine, Alex n’a effectué que 7 tours. Je croise les doigts pour qu’il n’ait pas rencontré de problème.

Quant aux résultats de la course, stupeur, il n’a accompli que deux tours. Décidément, la scoumoune le suit en ce moment.




Dimanche, sous un ciel gris et une atmosphère qui passe du franchement humide au tout mouillé, je me rends à Nogaro au guidon de la petite VTR.

Je gare la Honda près de la passerelle Dunlop. Là, au moins, elle ne s’ennuiera pas en regardant passer les motos toute la journée.

 





Alors que je rejoins l’équipe, en longeant le circuit, je regarde les side-cars en piste. Celle-ci est mouillée et je suis stupéfait de voir à quel point ces engins ont l’air piégeux, avec une adhérence très limitée malgré leurs énormes pneus. Cela patine fort dans la ligne droite et les pilotes rattrapent des décrochages violents en sortie de virage.





A mon arrivée, j’apprends qu’Alex a chuté lors des essais d’hier. Il était alors 13ième temps, vraiment dans un bon rythme et il a perdu l’avant dans le gauche du virage de la ferme.

Il m’explique qu’il y a deux petites bosses et la fourche a réagi sur la première et il a perdu l’avant sur la deuxième. Le problème, c’est que la moto a fait plusieurs tonneaux et a été ramenée dans un piteux état. Carénage, carter, araignée, tableau de bord, il y avait du dégât.

Ce fut alors le branle-bas de combat avec le copain Max qui s’en va chercher de la pièce chez lui à Gimont. Bruno avoue qu’il pensait que le week-end était alors terminé.

Mais non, après avoir remonté la moto, Alex a pu s’aligner en course. Malheureusement, une petite fuite d’huile l’a contraint à l’abandon. Un des pas de vis était foiré.



Résultat, il partira en dernière ligne pour la deuxième course. « Au moins », me dit Bruno « il n’aura pas de pression ».

Le warm-up débute.



Il ne pleut plus mais la piste est encore bien mouillée. Je trouve Alex très prudent. J’ai l’impression qu’il cherche à reprendre confiance après sa chute d’hier qui l’a bien remué.







De retour, il dit que la piste était très piégeuse. La puissance de la moto de Mahias l’a impressionné. Ils étaient côte à côte au ralenti devant un drapeau jaune agité et ils ont accéléré ensemble. « Un coup de fusil », voilà comment il me résume l’impression produite par cette moto.

Quant à lui, il a le 20ième temps.

La course des Supersport n’est prévue que dans plusieurs heures et j’en profite pour faire un tour dans le parc concurrents.

 



J’y retrouve Philippe, mon concessionnaire, au milieu des CB 500 R de la coupe Honda. Il trouve qu’il y règne une bonne ambiance, et la compétition n’empêche pas l’entraide.



Plus loin, je tombe sur les side-cars. Une catégorie qui m’a toujours impressionné, avec notamment le singe dont j’admire les performances, posé sur un minuscule plancher, avec juste quelques poignées où s’accrocher.

On sent la passion qui transpire, et j’ai l’impression que ça mécanique beaucoup. L’âge des participants étonne. A priori, les jeunes ne sont pas particulièrement intéressés par ces trois roues. Beaucoup de couples aussi forment l’équipage.

Je m’approche d’un des pilotes qui parle du Tourist Trophy avec le regard qui brille , insistant sur les contraintes énormes que les châssis subissent sur ces routes. «Mon châssis, tel qu’il est, ne pourrait y concourir, il se plierait tout de suite ».

L’esthétique de ces engins est étonnante, à mille lieux de mon Paneuropéan 1100 attelé. D’ailleurs, une amie de Bruno, néophyte en matière de motos et présente sur le circuit, a même trouvé une drôle d'allure à ces automobiles ….

 






Peu après, je m’installe au bout de la ligne droite pour regarder les CB 500 R. Le silence de ces motos est étonnant. C’est presque trop, au point que le frottement du carénage dans l'épingle couvre le bruit de l'échappement.

Par la suite, je regarde la catégorie Superbike. Je suis époustouflé par la maîtrise qu’ont les pilotes de ces monstres de puissance. Chacun à son style particulier et je remarque la fluidité de Sébastien Gimbert dans le virage à droite qui suit l’épingle de l’école, au bout de la ligne droite.

 


Puis, c’est au tour des motos de L’European Bike. L’ambiance sonore change avec les grondements sourds qui se mélangent agréablement aux miaulements aigus des quatre cylindres.

Je retrouve un peu plus tard Philippe sous l’auvent du Kawito Racing Team. Il est comme à la maison sur ce circuit et il me propose d’aller voir Sébastien Gimbert, qu’il connait bien, dans son stand. Et comment donc !

Ce dernier est tranquillement assis. Le contact avec lui est simple et chaleureux, et je me sens tout de suite bien en sa compagnie. J’ai devant moi un pilote heureux d’être revenu dans la maison Honda après une longue période chez ce premier constructeur mondial entre 1995 et 2001. Il nous dit que sa moto est en pleine évolution et qu’il croit en son potentiel.

Philippe lui fait remarquer qu’il est le seul à rester sur le même rapport entre la double courbe Claude Storez et le virage à droite suivant. Il nous répond qu’il reste effectivement en deuxième, que sa Honda a des rapports de boîte très longs et qu’il ne passe pas la sixième dans la ligne droite. Le but est d’avoir une première très longue utilisable dans de nombreux endroits sur circuit ; elle génère du frein moteur indispensable pour bien mettre la moto en tension. Il explique alors simplement que c’est la même chose qu’une voiture qui aborde un rond-point sur un rapport trop élevé, elle aura du mal à la négocier.

Devant mon interrogation sur les réactions trop brutales de la moto en première, il me dit qu’il n’y a pas de problème,et que sa Honda n’a pas de contrôle de traction. « C’est elle » dit-il, souriant, en montrant sa main droite, « qui en fait office ».

Il nous laisse ensuite aller regarder ses deux motos. Le stand est impeccable, les motos superbes. On sent le professionnalisme. Je n’ose imaginer ce que cela doit être en catégorie GP.





Pendant ce temps, Sébastien Gimbert nettoie son casque, calmement, détendu. Nous le laissons à sa préparation, il est temps pour moi de rejoindre « mon » pilote.



C’est décidé, c’est au virage de l’école que je vais me poser. J’aime bien cet endroit car les motos passent près des spectateurs. On ressent mieux le bruit, la puissance, le travail du corps des pilotes, les contraintes qui leur sont imposées.

Pendant le tour de chauffe, je croise les doigts pour, qu’enfin, Alex aille au bout de sa course. Je n’attends plus un quelconque résultat vu son départ en dernière ligne et le niveau du Supersport.

C’est parti, pour 18 tours.

Immédiatement, c’est la fusée Mahias qui arrive détaché en bout de ligne droite et il nous gratifie d’un freinage spectaculaire avec la moto qui bouge dans tous les sens. Quelle fougue ! Ce n’est qu’un début, il continue son festival tour après tour. Vraiment impressionnant, ce pilote. En fin de course, il exhorte même les spectateurs à un peu plus d’enthousiasme, avec force gestes de la main gauche, alors qu’il enquille plein angle le virage à droite après l’épingle de l’école ! Un véritable acrobate.

Quant à Alex, il a gagné une place à ce premier freinage. Pendant quatre tours, je le sens un peu sur la réserve, puis il me parait augmenter le rythme, avec six pilotes devant lui.

Les tours défilent, je le vois gagner des places mais je ne sais plus son classement. Peu importe, il me donne l’impression de maîtriser son sujet, sans se mettre dans le rouge.

Enfin, j’aperçois le drapeau à damiers qui s’agite, au loin.

Quand Alex passe en saluant pendant son tour d’honneur, je suis ému. Cela valait le coup que l’équipe se crache dans les mains, hier, pour reconstruire la moto. Il a pu réaliser son rêve d’une course en Supersport menée jusqu'à son terme.

Je rejoins l’auvent. J’apprends qu’il est 18ième et qu’il marque donc 2 points. Superbe !

Alex me dit qu’il a été un peu long à se mettre en température et qu’il a trouvé les 18 tours un peu longs. Il était difficile de doubler car le niveau est relevé, même derrière.

Je le sens quand même heureux et, comme il le précise : « Avec le même train de pneus depuis vendredi et après la grosse chute d’hier, ce n’est pas mal ».


C’est tout guilleret que je rentre à Pau, après avoir regardé la course des Superbike. Malheureusement, le temps changeant a rendu la course peu intéressante. Les choix de pneus différents ont faussé la donne. Dommage, j’aurais bien aimé voir Sébastien Gimbert être en mesure de se battre à armes égales, après son beau warm-up du matin.

Mais, j'ai du soleil plein la tête pendant que la pluie m'accompagne sur le chemin du retour.

Vivement l'épreuve de Pau-Arnos des 5 et 6 juillet.