Sortie de mon premier roman : L’araignée et les volets de bois

Carnet de piste d'Alex - Pau-Arnos les 4 et 5 juillet 2015

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La cinquième manche du Promosport a un goût particulier. C’est en effet dans mon département qu’il se déroule.

Avantage, c’est tout près de chez moi ; inconvénient, c’est vraiment tout près de chez moi, 25 petits kilomètres, c’est notoirement insuffisant pour permettre de chauffer le V-twin et son pilote. J’ai bien envisagé de faire un détour par le col d’Aubique, mais il aurait fallu se lever un peu plus tôt …..

Pour ce premier week-end de juillet, la météo est enfin favorable. Pas de pluie comme à Nogaro, Carole ou Crois en Ternois, ni de vent violent comme à Lédenon, ce sera du soleil …. et de la chaleur.

Je retrouve d’ailleurs l’équipe installé stratégiquement sous les arbres. Comme lors de la dernière manche, il y a les motos Thibaut Duchène et Cyril Guignard en compagnie de la Yamaha d’Alex, sous l’auvent.







Alex et Cyril ont tourné ensemble, hier, et semblent assez satisfaits des temps réalisés. Comme toujours, il faudra attendre les essais qualificatifs, véritable juge de paix pendant ces si courtes vingt minutes.

Ce sont les 1000 qui ouvrent le bal. Thibaut est toujours aussi calme, ce qui est loin d’être le cas du papa qui le supplie de ne pas mettre son cuir au dernier moment, comme à son habitude ! 

Thibaut décide de partir bien après tous les concurrents pour pouvoir bénéficier de tours clairs. Du bord de la piste, je le trouve assez rapide, avec un beau style. Qu’en sera-t-il au niveau du chrono ?





A la fin de la séance, je vais à sa rencontre alorsqu’il rentre à pied, visiblement déçu. Il n’a réalisé « que » le 3ième temps, à plus de 7 dixièmes de Maxime Gucciardi, détenteur de la pôle. Hier, en pneus usés, il faisait les mêmes chronos. Il n’a pas réussi à trouver un bon rythme. Il n’y a plus qu’à espérer un bon départ, même si c’est loin d’être son point fort !  

C’est au tour des 600. Adrien Ganfornina arrive le premier, très vite rejoint par Erwan Quellet.



 





Le but est d’être parmi les premiers à s’élancer sur la piste et ne pas être gêné. Depuis un peu plus d’un an que je suis le Promosport, je prends conscience de l’importance d’une foule de petits détails qui, mis bout à bout, font la différence. La compétition, c’est un état d’esprit, c’est aussi une organisation la plus rigoureuse possible de toutes les phases précédant l’instant magique où les motos s’élancent de la ligne de départ pour quelques tours de course.

Alex et Cyril appliquent la même méthode que Thibaut et arrivent les derniers.





Malheureusement, alors qu'ils achèvent leur premier tour,un attardé rentre sur la piste. Je suis tendu alors que « mon » pilote entame son premier tour lancé. Je le vois revenir sur ce pilote juste avant le Laguna Seca. Il disparait de ma vue et, malheureusement, je ne le vois pas réapparaitre dans la ligne droite.  Peu après, il arrive au ralenti dans la voie des stands. L’affaire parait très mal engagée. Autour de lui, ça s’agite beaucoup. 

Impuissant, je ne quitte pas la moto des yeux. Soudain, Katou, l’amie d’Alex arrive en courant. Il faut son casque de rechange. Les minutes s’égrènent pendant que les motos des concurrents passent en hurlant dans la ligne droite; ça s'affaire autour de la moto. L’attente est insupportable. Enfin, peu avant la fin de la séance, la Yamaha bleue et rouge s’élance.

Alex a juste le temps d’accomplir deux tours avant le couperet du drapeau à damier, dans un style où l’on sent toute la rage. J’espère qu’il a réussi à limiter les dégâts.






De retour sous l’auvent, j’écoute Alex raconter ses essais. En fait, l’attardé ne l’a pas gêné, c’est lui qui a décroché de l’arrière à la réaccélération après le virage de Laguna Seca. Pneus pas encore à température ? Cyril, qui a réalisé le 5ième temps, a lui aussi été surpris par quelques glissades. La chute a provoqué une fuite au niveau du maître-cylindre ; il n’avait plus de freins. Bruno a réussi à réaliser une purge dans l’urgence. 

Son casque (tout neuf !) ayant tapé, il a fallu en chercher un autre.

Malgré ses deux petits tours, le stress occasionné par la chute et l’incertitude quant à la réparation de fortune de son père, il a décroché le 7ième temps (à 9 dixièmes de la pôle) lui permettant de partir sur la troisième ligne demain matin. Je suis admiratif de cette faculté de gérer l’imprévu, dans l’urgence, aussi bien du côté des mécanos que de celui des pilotes.

Je parcours le paddock, à la recherche de Ludovic Rizza, rencontré à Croix en Ternois. Il a la tête des mauvais jours, après des essais médiocres au cours desquels il ne s’est pas senti en confiance sur la moto.  Résultat, une neuvième position sur la ligne de départ avec un temps supérieur de 1.667 à celui de la pôle.

Il envisage de modifier l’assiette de la moto pour retrouver un comportement plus rassurant. « Il te suffit de prendre un bon départ » ; c’est ce que je lui lance pour l’encourager avant de le quitter.


Thibaut a sa course en fin d’après-midi. Il a vu que les Yamaha marchaient très bien et s’attend à une épreuve difficile. Il règne une lourde chaleur sur le circuit. 

Comme d’habitude, il ne s’affole pas à l’approche de la course. L’équipe est déjà partie en pré-grille. Il monte sur la moto, appuie sur le bouton de démarreur et…. rien ne se passe ! Je sens l’affaire mal engagée. A deux, nous tentons une poussette heureusement fructueuse. Le gros quatre cylindres Kawasaki se réveille, prêt à en découdre avec les Yamaha du team "officiel". Ouf !





C’est enfin le départ. Fidèle à son habitude, il a du mal à s’arracher de la ligne de départ et se retrouve en 6ième position au premier virage. Heureusement, il passe en 5ième position en bas de la descente, juste avant le virage serré. A l’entame du deuxième tour, il est déjà 3ième ! 

Gucciardi semble prendre le large.

Les trois tours suivants, Thibaut se rapproche peu à peu d’Alex Plancassagne.

Cinquième tour. Gucciardi a baissé de rythme et les trois hommes sont très proches.





Sixième tour : le speaker annonce Thibaut meilleur temps en course.

Au septième tour, Plancassagne a doublé Gucciardi. Thibaud se rapproche du 2ième, il est notamment particulièrement impressionnant dans le fer à cheval qu’il passe dans un style superbe…. et très rapide.

Huitième tour, Thibaud est maintenant au contact de Gucciardi en bas de la descente.

Neuvième tour. Hourra ! Il l’a passé. Va-t-il pouvoir maintenir ce rythme et remonter sur Plancassagne ?

Dans les trois tours suivants, il me donne l’impression de reprendre quelques dixièmes au premier, mais il est gêné par un attardé au douzième tour, dans la remontée du circuit, au moment d’aborder le virage à gauche, et de nouveau au treizième tour. 

Thibaut semble encore se battre pendant trois tours puis me donne l’impression de baisser un peu de rythme, d’autant qu’il n’est pas directement menacé par Gucciardi.

Une chute au 20ième tour provoque l’interruption de la course.

Bravo Thibaut ! Face à une équipe autrement mieux lotie financièrement et au niveau structure, il a  accompli une très belle course. Son style coulé est fichtrement efficace, il a d’ailleurs réalisé le meilleur temps en course, en 1.20.834.





Après la course, Thibaut nous parle de ces fameuses Yamaha R1 de la nouvelle génération. Il a été particulièrement impressionné par leur accélération en sortie de virage avec toute l’électronique embarquée qui gérait de la meilleure façon possible la remise des gaz. La moto repartait comme une fusée, terriblement efficace, sans wheeling, ni travers, avec des mini-coupures d’allumage dans le rôle d’ange gardien du moteur explosif de la Yamaha.

Il m’apprend qu’il a deux pistes pour courir son premier Bol d’Or. Chouette, j’y serai, j’ai mon billet acheté il y a déjà trois mois. Je suis très heureux de retrouver ca magnifique circuit que j’ai découvert en 1981 année de la première victoire de Dominique Sarron, au guidon de la célèbre Honda d’endurance pilotée avant lui par le duo Léon-Chemarin. Ce sera pour lui le début d’une belle carrière achevée avec une septième victoire au Bol d’Or avec son frère comme coéquipier en 1994.  



Dimanche matin. Je quitte Pau de bonne heure. Le temps est gris et la lourde chaleur a enfin disparu. Les conditions de course devraient être meilleures aujourd’hui.


Les 500 ouvrent le bal. Ludovic fait un très bon départ et se retrouve 5ième dans le pif-paf au bout de la ligne droite ; je crois même qu’il va faire l’intérieur au 4ième dans le fer à cheval mails il reste raisonnable. 





Au premier passage, il est toujours 5ième. Pas pour longtemps, car il passe en 4ième position en bas de la descente. Je le sens déterminé sous son casque avec un style très volontaire. A priori, les réglages apportés sur sa moto ont porté leurs fruits.

Juste après, il me fait peur à l’entrée de la ligne droite qu’il élargit suffisamment pour  soulever de la terre avec sa roue arrière ! Chaud !

Au troisième tour, il a perdu sa 4ième place.

Il tente de la retrouver au tour suivant au freinage en bas de la descente. Mince, ça ne pas passe pas. Il persiste et signe au même endroit au tour suivant : 4ième.
 


Sixième tour : il passe très bien le délicat fer à cheval et reprend encore un peu plus de terrain sur le groupe de trois devant lui au freinage, en bas de la descente.

Septième tour : Cyril Eruam, le 97, tente un intérieur osé dans le fer à cheval, mais Ludo ne cède rien. Sa détermination transpire dans son comportement en course. Je sens qu’il ne va rien lâcher.  

Au tour suivant, il arrive au contact du 3ième, Patrice Di Grégorio. Les cinq premiers sont détachés et ça bataille dur !





Cyril Eruam finit par passer Ludo et ce dernier fait de même avec Di Grégorio.

Chute de Cyril Eruam au douzième tour ; Ludo se retrouve 3ième mais il est directement menacé par Di Grégorio qui tente de le passer en bas de la descente.

Rebondissement en tête avec un accrochage spectaculaire entre les deux premiers, Laurent Chabal et Martial Bellut. Au début de la ligne droite, alors qu’ils sont quasiment côte à côte, Bellut se décale brutalement et accroche son adversaire qui chute. Sa moto continue toute seule à rouler et va s’encastrer dans le rail. Il s’en est fallu de peu qu’elle pénètre dans la voie des stands. 

C’est la fin de la course. Je vois un Ludovic bien plus rayonnant que hier venir sur le podium pour fêter sa seconde place inespérée.





Compte tenu de la manœuvre dangereuse de Bellut, je m’attends à une réclamation de la part de son adversaire mais elle ne vient pas.



C’est au tour des 600. Je suis inquiet. Je crains qu’Alex ne se fasse enfermer au départ, avec sa place en 3ième ligne. Par chance, la chaleur a quitté le circuit aujourd’hui, cela limitera les contraintes physiques des pilotes.

Extinction des feux : les motos s’arrachent, je vois Alex se déporter et passer en 4ième position dans le pif-paf. Dans la foulée, il fait l’intérieur à un pilote dans le fer à cheval. Super, il va pouvoir être dans le rythme des meilleurs dès le début de course.




 
 
Premier passage, il est toujours 3ième, derrière Clément Stoll. Cyril est 5ième.

Au quatrième tour, je le vois remonter sur les deux pilotes devant lui avec notamment un beau passage au fer à cheval. 





Les trois pilotes de tête ont pris un peu d’avance sur le peloton derrière où se trouve Cyril, en compagnie de Erwan Quellet et Patrick Mageot notamment ; ça bataille dur !

Cinquième tour, Alex fait un magnifique freinage en bas de la descente et passe Stoll à l’extérieur dans le gauche serré ! Je suis au bord de la crise cardiaque !

Sixième tour, il passe en tête devant nous !





Je le sens déterminé comme jamais, l’air du pays sans doute.





Septième tour, il enroule superbement le fer à cheval. Je n’ose y croire.

Au neuvième tour, Lucien Abellan le repasse au freinage en bas de la descente.

Trois tours plus tard, Alex reprend la 1ière position à Laguna Seca.

13ième tour : Alex est toujours en tête mais je vois qu’il remonte sur un attardé. J’appréhende toujours ces moments, surtout sur un circuit sinueux comme Pau-Arnos.





Il arrive à hauteur juste avant Laguna Seca. Stupeur, il ne ressort que 3ième à l’entrée de la ligne droite. Que s’est-il passé ?
Pas le temps de gamberger, il lui reste quelques tours pour se refaire.

Pendant ce temps, on continue à se battre comme des chiffonniers dans le groupe de Cyril. C’est limite parfois !

16ième tour : Cyril perd l’avant au virage serré en bas de la descente ; Patrik Mageot, derrière lui ne peut l’éviter et chute également.
 


Quant à Alex, il parait évident qu’il ne pourra pas remonter sur les deux premiers et il semble rendre la main.  

Il réalise quand même un podium, le deuxième de la saison après celui de Lédenon. Surtout, il a montré un caractère extrêmement combatif pendant toute la durée de la course. Je suis aux anges !





De retour sous l’auvent, Alex est tout sourire. Contrairement à ce que je pensais, il n’a pas perdu la 1ière place à cause de l’attardé mais il a (tout seul comme un grand) effectué un magnifique stoppie à au freinage du Laguna Seca, avec une belle chaleur à la clef. Il commençait à tétaniser au niveau des doigts et a mal dosé le freinage. 


Les petites vieilles si attachantes sont en piste. Je les regarde tourner avec grand plaisir. Parmi les pilotes, il y en a un âgé de …. 80 ans ! En attendant qu’une place se libère en maison de retraite, il vit dans son camping-car et, quand les programmes à la télévision sont mauvais, il en profite pour sortir un peu sa moto sur circuit….





Un peu plus tard, avant la deuxième manche, je vais voir Ludovic Rizza. Il me confirme qu’il avait modifié l’assiette de sa moto et que cela a donné des bons résultats, avec des temps au tour améliorés d’une seconde. En tout cas, il était évident, de l’extérieur, qu’il avait la rage sous son casque et qu’il s’est battu comme un forcené.

Malheureusement, la course suivante sera moins brillante. Il n’arrive pas à accrocher le bon wagon de tête, même après l’interruption de course et termine 6ième. Il est toujours 2ième au classement provisoire mais Martial Bellut a maintenant 25 points d’avance.



C’est le départ des 600.




Alex gagne deux places au départ et se retrouve 5ième avec Cyril Guignard collé à ses basques.

Dès le 1er tour, Cyril le passe. Il semble vouloir se refaire après son abandon. Quant à Alex, je le vois qui élargit dans le fer à cheval jusqu’à tirer tout droit pour ne pas chuter dans les graviers. Il se retrouve dans l’herbe et reprend la piste dans les derniers suivi par Adrien Ganfornina qui a connu la même mésaventure. Au même moment, je vois un pilote à terre dans ce même virage.

C’est la douche froide ! Alex se retrouve 23ième

Au troisième tour, il a repris deux places. Il a l’air remonté comme une pendule. Cyril est 5ième.

20ième au tour suivant.

17ième au cinquième tour. Il n’amuse pas le terrain, je ne l’ai jamais vu aussi agressif sur sa moto. Il avale deux autres pilotes en bas de la descente. Au même moment, Cyril rentre au stand ; un mauvais week-end pour lui.





Il est 12ième au septième tour, mais le groupe de trois pilotes devant lui a un bon rythme et il les suit à environ 6 secondes. Mission impossible. Pourtant, l’écart se réduit peu à peu.
 
 
 
Derrière lui, je vois Ganfornina lancé lui aussi dans une remontée après sa sortie de piste. Il a l’air un peu plus rapide qu’Alex.
 





Alex ne relâche pas son effort et, dans les derniers tours de la course se rapproche très près de deux pilotes. Trop tard, le drapeau à damier s’abaisse.

Malgré son meilleur temps en course dans le dernier tour en 1.22.926, il échoue de 68 centièmes derrière le 11ième. En tout cas, il a livré bataille avec une sacrée détermination ; ses freinages en bas de la descente étaient impressionnants, et il nous a offert de belles dérives de l’arrière, chose inhabituelle chez lui. Il a limité les dégâts en prenant quelques points. Quant à Cyril, une fuite d’huile, résultat de sa chute en première manche, a été à l’origine de son second abandon de la journée.



Il me faut quitter le circuit avant la fin des épreuves ; je ne peux hélas pas assister à la course des 1000 et voir la prestation de Thibaut. 

Pendant que je m’équipe, j’entends Cyril parler d’une enquête en cours des commissaires de course à l’encontre d’Erwan Quellet. Ce dernier aurait tourné les pneus sur la jante, ce qui permet de bénéficier d’un flanc droit beaucoup moins usé. 



Le soir, à la lecture des résultats, je vois qu’effectivement, Erwan Quellet a été déclassé.

Quant à Thibaud, il a  réalisé un nouveau podium, mais sur la troisième marche cette fois-ci.

Au classement général ; Alex est passé de la 4ième à la 5ième place, mais les écarts se sont resserrés. Il n’a plus que 14 points de retard sur le 2ième et 13 sur le 3ième, qui ont eu deux résultats blancs ce week-end.

Bien sûr, on peut regretter sa deuxième manche mais j’ai tendance à y voir le verre à moitié plein, plutôt que celui à moitié vide. Ce fut l’occasion pour lui de montrer une belle détermination, de ne rien lâcher jusqu’à la dernière seconde. J’ai adoré cette rage, ce pilotage osé et spectaculaire que je n’avais encore jamais vu chez lui.

Allez Alex, encore quelques épreuves pour poursuivre sur ta lancée. La victoire fut si proche !